Hamilton, Laurell K. Le cadavre rieur

Le cadavre rieur voit notre jeune réanimatrice tenir tête sur plusieurs fronts à la fois. Son enquête sur un zombie assassin l’amène à entrer en conflit avec Dominga Salvador, l’une des plus puissantes prêtresses vaudou de Saint Louis tandis que le richissime mais douteux Harold Gaynor tente de l’obliger à relever un mort vieux de presque trois cent ans. L’Exécutrice refuse car une telle opération nécessiterait l’emploi d’une chèvre blanche, en d’autre terme un sacrifice humain. Le vieil homme sans scrupule va dès lors user de toute sa capacité d’intimidation pour faire changer d’avis notre héroïne. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Jean-Claude, le maître vampire de la ville, semble plus que jamais décidé à faire d’elle sa servante humaine.

Á une époque où la littérature bit-lit se décline sur tout les thèmes, il est étonnant de constater à quel point la richesse de l’univers crée par Laurell K Hamilton, l’une des pionnières du genre, demeure intacte. Elle y brasse avec une indiscutable efficacité quantité de figures fantastiques telles que les vampires, les lycanthropes ou les zombies… Cet univers insolite reste d’une cohérence incomparable, évoquant par exemple les problèmes de statut juridique que pourrait engendrer l’apparition de pareilles créatures au sein de notre société, ce qui ne manque pas de donner à l’ensemble une crédibilité certaine.

L’univers d’Anita Blake, c’est également de redoutables méchants hauts en couleur et cette aventure de la réanimatrice de Saint Louis ne fait pas exception. La Señora Dominga Salvador est décrite comme une femme à la cruauté répugnante et l’auteure parvient d’entrée à rendre son personnage aussi dangereuse que détestable. Pareille pour Harold Gaynor, vieil homme invalide aux mœurs plus que douteuse qui inspire autant la crainte que la méfiance. Les situations à risques s’enchaînent pour notre Exécutrice et le danger qu’encoure cette dernière est souvent palpable, ce qui ajoute un grand intérêt à une intrigue déjà remarquable.

Le personnage d’Anita en lui-même reste la référence absolue qui inspira par la suite quantité de clones avec plus ou moins de succès. Petite jeune femme entourée de gabarits souvent mortellement dangereux, elle parvient néanmoins à se faire respecter par cette faune inquiétante, composée aussi bien par des gardes du corps au regard mort que des vampires plus grands et plus puissants qu’elle. Adepte sans conditions des armes à feu, elle ne répugne pas à employer la violence lorsque cela s’avère nécessaire pour sa survie et fait preuve à tout les instants d’une personnalité particulièrement relevée.

Les vampires de Saint Louis ne sont pas en reste. Organisée et hiérarchisée, leur communauté conservent une aura mystérieuse malgré le dépoussiérage dont leur mythe a fait ici l’objet. Ils craignent le soleil et parfois les talismans religieux, sont dotés de pouvoirs en fonction de leur âge, peuvent manipuler les esprits, se nourrissent de sang… Il ne faut pas perdre de vue que la création d’un personnage tel que Jean-Claude, encore aujourd’hui l’un des personnages vampiriques les plus appréciés dans les milieux de fans, relevait à l’époque de son élaboration d’une créativité remarquable.

Car le point fort de Laurell K. Hamilton tient peut-être à rendre ses personnages terriblement consistants et attachants, se fondant naturellement avec l’univers fantastique dans lequel se déroulent leurs aventures. Sexy et sanglant, le récit fait preuve de suffisamment de maturité pour ne tomber à aucun moment dans la mièvrerie ou l’incohérence. Le cadavre rieur prouve que le style de l’auteure à succès n’est pas prêt de se voir détrôner par une concurrence pourtant féroce. Une histoire débordante de rythme et d’imaginaire à ne pas louper en somme.

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