Hamilton, Laurell K. Péchés Céruléens

Traduction : Isabelle Troin
Autrefois ennemie jurée des vampires, Anita Blake est à présent la maîtresse de Jean-Claude, le vampire maître de la ville, et celle de Micah, le léopard-garou. Elle est maintenant en proie à l’ardeur, un mélange de l’appétit vampirique et de la faim primitive des lycanthropes. Sans parler que comme à l’accoutumée, sa vie amoureuse est des plus compliquées à gérer. Comme si les tracas du quotidien ne suffisaient pas, la créatrice de la lignée d’Asher et Jean-Claude envoie à Saint-Louis une de ses servantes les plus puissantes et cruelles…

Les aventures d’Anita Blake connaissent une évolution notable depuis l’opus précédent : des personnages à profusion dont le nombre ne cesse d’augmenter, un Jean-Claude en demi-teinte qui voit son panache insolant revu à la baisse, une héroïne instable sur le plan émotionnel et surtout charnel qui aboli une à une toutes les limites qu’elle s’imposait jusqu’alors…

Première constatation à la lecture de Péchés Céruléens : on sent que l’auteure a repris en main son histoire ! Anita renoue avec ses fonctions de nécromancienne releveuse de morts et porte à présent le titre ronflant de Marshal Fédéral. L’air de rien, cette nomination lui permet en tant qu’Exécutrice officielle de bénéficier d’un libre accès sur les scènes de crimes d’origines surnaturelles. Ses relations avec le lieutenant Dolph se révèlent plus que jamais tendues, le policier autrefois complice de la jeune femme ayant de sérieux problèmes de famille qui faussent son jugement vis-à-vis des créatures non humaines.

On retrouve donc avec un certain soulagement la recette qui a fait le succès de la série : une héroïne de caractère qui apporte son assistance et ses connaissances aux forces de l’ordre, des vampires hostiles qui prennent soin de mettre en avant autant leur dangerosité que leurs mœurs perverses, et les nœuds inextricables constitués par les relations tumultueuses d’Anita et ses amants. La liste de ceux-ci continue d’ailleurs à s’allonger : le couple de vampires incarné par Jean-Claude et Asher, Micah, son pard léopard, Richard décidé plus que jamais à s’éclipser de sa vie, Jason, Nathaniel…

La personnalité de l’Exécutrice peut sembler plus légère et dévergondée que ce à quoi nous avaient habitués les tomes précédents. Il est bon de noter toutefois que l’héroïne est censée être sous l’emprise de l’ardeur. L’ardeur en question est un appétit surnaturel généré par les marques vampirique et loup-garou que la jeune femme partage avec Richard et Jean-Claude. Conséquence : la tueuse se voit fragilisée par un besoin de chair, de sexe et de sang particulièrement pénible à endiguer ! Mais rien ne dit qu’un retour à la normale, avec un train amoureux disons plus tempéré, est à exclure dans le futur.

La lumière est faite sur la nature véritable des pouvoirs d’Asher et on suit l’évolution de la liaison entre les deux vampires et Anita, l’esquisse d’une relation triangulaire qui occupe le cœur de l’intrigue. Le fil principal du récit tourne autour de l’arrivée de Musette, la représentante de Belle Morte. Cette dernière n’étant rien de moins que la sourdre de sang de Jean-Claude, autrement dit la maîtresse de sa lignée, le péril n’en est que plus grand. Musette, la vampire française, est accompagnée d’une escorte composée de deux vampires aux physiques d’enfants. Cette particularité permet d’effleurer la problématique d’un esprit immortel pris au piège d’un corps juvénile, un peu à la manière de Claudia dans Entretiens avec un vampire, mais de façon bien moins intime et approfondie. L’existence de la Douce Mère, la créatrice du conseil vampirique et de toutes les lois qui régissent la société des buveurs de sang, fait également son apparition de façon discrète. Douce Mère se revendique comme la source de toutes Ténèbres, et nul doute que les lecteurs auront l’occasion de revoir cette créature dans le futur.

Avec ce 11e tome, l’auteure parvient à retrouver un équilibre narratif en jonglant avec le suspens, l’action et la sensualité. L’humour quant à lui se trouve distillé à dose homéopathique. On peut encore dénoter une succession de scènes érotiques pas toujours justifiables qui ralentissent – voir embrouillent – le bon déroulement de l’intrigue plus qu’autre chose, créant par la même occasion des longueurs. Hormis ce souci d’une compréhension parfois laborieuse, Péchés Céruléens est un bon roman, prenant, qui se dévore avec plaisir. On retrouve en grande partie l’univers que Laurell K Hamilton nous a appris à aimer. Et puis, même si l’originalité n’est finalement pas de mise et que l’histoire présente n’est pas inoubliable, tout laisse à penser que les bases pour une suite prometteuse sont d’ores et déjà jetées avec ce tome.

Les enjeux et protocoles politiques de la société vampirique sont plus que jamais à l’ordre du jour, et il est bon d’être déjà familier avec la série avant d’entreprendre la lecture à ce niveau, sous peine d’être quelque peu perdu. Les fans, eux, peuvent foncer sans hésitation : la nécromancienne de Saint-Louis et son entourage à crocs et à poils ont encore de longues heures de lectures à leur procurer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *