Depuis plusieurs générations, l’organisation Hellsing est le bras armé de la couronne contre les vampires. Alors qu’un prêtre devenu une créature de la nuit a réduit à sa merci un village entier et que les autorités ne parviennent pas à comprendre la menace, Sir Integra Hellsing prend la direction des opérations. À ses côtés, le mystérieux Alucard, carte maîtresse de l’organisation. Quand ce dernier fait face au vampire, c’est pour constater qu’une seule personne a pour le moment survécu : une policière désormais otage de l’ancien homme d’Église. Comment Alucard va-t-il réussir à vaincre son ennemi tout en épargnant celle-ci ?
Terminée il y a plus de 10 ans, la série Hellsing reste un des jalons du manga ès vampire. Une œuvre punk, sous la double influence du Dracula de Bram Stoker et des délires scénaristiques et graphiques de Kohta Hirano. Les deux anime (Hellsing et Hellsing Ultimate) ont achevé de faire du titre une licence culte qui demeure d’une efficacité remarquable, par sa galerie de personnage et ses combats dantesques.
Delcourt/Tonkam a enfin décidé de rendre hommage à ce titre en sortant en français l’édition Perfect déjà disponible en langue anglaise. Ce premier opus contient ainsi les douze premiers chapitres, depuis la mission de Cheddar face au prêtre vampire jusqu’au rendez-vous entre Maxwell de la section Iscariote et Sir Integra Hellsing. Laquelle lève doucement le voile sur l’antagoniste principal de la série. Ce premier tome, qui arrive sous couverture épaisse en simili cuir avec signet, propose en outre deux histoires courtes, « Cross Fire 1 » et « Cross Fire 2 », antérieure à la licence, mais où apparaissent pour la première fois certains des protagonistes (notamment Walter et la section Iscariote).
À relire ces premiers chapitres, pour une série que je considère encore aujourd’hui comme un incontournable du genre, j’ai été happé par son approche très nihiliste. Alucard me rappelle sous certains aspects un autre personnage tout aussi barjot du comics américain : la démente Tank Girl. Mais Alucard n’est pas que folie : le vampire puise dans la matière du roman de Stoker par certains de ses pouvoirs (sa capacité à se muer en animal infernal). C’est dans le même temps un héraut pour l’organisation Hellsing, et un guerrier d’une fidélité infaillible pour Sir Integra Hellsing.
Concernant la dimension vampirique, on découvre dès la première histoire plusieurs éléments de folklore spécifiques à la série. Ainsi, seule une personne vierge qui se ferait mordre est en capacité de devenir un vampire : la majeure partie des victimes demeurent des goules, dévouées aux ordres de leur créateur. Le lien entre le maître et ceux qu’il transforme passe très logiquement dans le sang : en buvant le sang de son maître, Victoria Seras serait en mesure de s’émanciper de l’influence de ce dernier. Il y a enfin l’antagonisme religieux : Vatican et Église Anglicane sont opposés mais luttent tous deux contre ces entités.
Un premier opus qui permet de redécouvrir cette série majeure, dont la folie transpire autant par la psychologie de ses personnages que par son approche graphique, qui sait sortir des poncifs.