La famille Takashiro cache un terrible secret. En passant à l’age adulte, certains de ses membres éprouvent un besoin irrépressible de boire du sang humain ! Séparé de sa soeur Chizuna depuis longtemps, Kazuna Takashiro, maintenant adolescent, est très mal à l’aise à chaque fois qu’il voit des objets de couleur rouge. Alors qu’il cherche à comprendre l’origine de ses malaises, Kazuna retrouve brusquement sa soeur…
L’origine du vampirisme de la famille est médicale. Ils ont une maladie génétique qui les oblige à se faire transfuser régulièrement à l’âge adulte. Mais ils ont vite compris que le meilleur moyen de le faire est de s’abreuver régulièrement à la source… Un point de départ pas inintéressant, mais relativement mal développé. En effet, quid des différents groupes sanguins ? Il serait étonnant que les Takashiro soient receveurs (et donneurs) universels… L’auteur a toutefois essayé d’aborder le sujet de façon sensible, presque intimiste. Ici pas de vampires théâtraux, juste des personnages qui semblent ne pas être à leur place et essaient de réfréner leurs pulsions. D’autant plus que le héros, Kazuna, entretient une relation ambigüe avec une de ses camarades, un amour platonique et un peu étrange.
Les personnages, humains comme vampires, arborent tous un air maladif et des coiffures hirsutes, un peu comme s’ils en avaient marre de la vie ou qu’ils prenaient le métro parisien sans s’être lavés. Un petit problème de style, donc, même si l’ensemble se lit sans problème.
Sur le plan vampirique, Rien dans l’allure ne différencie les vampires des humains, si ce n’est leur teint pâle et leur capacité à peu dormir. Ils ont donc besoin de sang, mais seulement à l’âge adulte, et le passage à cet état provoque nausées et malaises, qui peuvent être atténués (mais non guéris) par un produit liquide, mystérieux, qu’un jeune homme administre régulièrement à Chizuna, exactement comme un dealer de drogue.
Un début pas inintéressant, mais sujet à beaucoup de questionnements…
J’avais vu l’anime, qui sort vraiment des sentiers battus… avec une vision du vampirisme épurée de tout mysticisme avec des personages torturés et cependant attachants… J’ai donc hâte d’essayer le manga.
Sinon, il existe bien une version live – à déconseiller fortement !
Kazuna Takashiro a été confié aux bons soins de son oncle quelque temps après le décès de sa mère, son père se sentant incapable de s’occuper de lui et de sa sœur malade. Alors qu’il est au lycée, il a l’idée de retourner voir la maison où il a vécu enfant. Là, il a la surprise de se retrouver nez à nez avec sa sœur Chizuna. Celle-ci lui explique que leur père est mort il y a six mois de cela, au grand étonnement de Kazuna. Elle lui raconte également que si son géniteur a souhaité le confier aux bons soins d’un tiers, c’est parce qu’il ne semble pas avoir contracté le mal rampant qui touche une partie des membres de la famille. En effet, Chizuna (et sa mère avant elle) est atteint d’une maladie incurable qui la pousse à consommer du sang. Cette rencontre perturbe Kazuna, qui commence à sentir d’incontrôlables pulsions se faire jour en lui.
Les lamentations de l’agneau est un manga dont les débuts de publication remontent à 1997, dans les pages du magazine seinen Comic Burger. L’histoire est scénarisée par la mangaka Kei Tōme, dont c’est le troisième projet après le recueil Déviances (Bokura no henbyōshi), Zero et Kuro Gane. Les lamentations de l’agneau est la deuxième série d’importance de l’auteur, et la première à avoir été adaptée à l’écran. Déjà sous la forme d’OAV produites par le studio Madhouse (4 OAV en 2003), puis en long-métrage live par Junji Hanado en 2012. Si la trame se déroule dans un cadre scolaire, son approche psychologique et la noirceur du propos sont bien en phase avec une cible seinen.
On retrouve dans ce premier tome les codes narratifs du manga en milieu scolaire, entre histoire d’amour naissante et incertitude quant à l’avenir. Mais le mystère qui entoure la famille de Kazuna, qui offre au récit de flirter l’horreur, ajoute un élément perturbateur inattendu. À ce niveau, ce premier opus recoupe plusieurs topos du gothique, avec la place centrale accordée à la demeure familiale et le poids des secrets du passé. La maison sera d’ailleurs le lieu où le protagoniste apprendra qu’une maladie orpheline touche les siens, révélation qui fera basculer son existence. Les personnages féminins sont également importants, entre sa sœur Chizuna et Yaegashi, dont il est amoureux et à proximité de laquelle il semble développer des troubles incontrôlables.
Le dessin de Kei Tōme assez spécial. Il y a un je ne sais quoi d’ancré dans le style des années 1990, et dans le même temps un manque ponctuel d’homogénéité du style. Mais les couvertures et les pages qui séparent les chapitres sont particulièrement travaillées, et réhaussent clairement l’ensemble.
C’est Chizuna qui révèle à Kazuna qu’on peut les considérer comme une famille de vampire. Elle utilise à escient ce mot, même si les leurs ne développent pas de pouvoirs surnaturels. Il s’agit d’une maladie, qui les pousse à consommer du sang afin de rester en vie. Tous les membres de la famille ne sont pas atteints par cette pathologie, et Kazuna a été écarté parce qu’il paraissait y avoir réchappé. Pour autant, la couleur rouge et la vue du sang provoquent peu à peu un certain trouble en lui. Il y a également une approche scientifique du sujet. Déjà psychologique, Chizuna soulignant la folie dans laquelle s’enferment ceux qui contractent le mal. Mais il y a aussi une optique médicale, car la jeune fille est suivie par un docteur, ancien ami de son père, qui lui fournit le sang nécessaire par transfusion.
Un premier tome pas parfait, mais néanmoins intrigant, qui propose une approche du vampire inhabituelle dans le manga.