Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l’exposition Vampires : de Dracula à Buffy

Du 9 octobre 2019 au 20 janvier 2020, la Cinémathèque Française organise une exposition riche de centaines d’extraits, qui met en valeur l’empreinte du vampire sur cent ans de culture populaire, de Murnau à Twilight, de Dreyer à True Blood. L’exposition s’adosse à une rétrospective cinématographique qui donne l’occasion de découvrir un très grand nombre de films qui ont compté dans l’histoire de la créature au cinéma. Si nous avons déjà publié notre chronique de l’exposition, il nous a semblé intéressant de proposer à son commissaire, Matthieu Orléan, de répondre à quelques questions. L’occasion de mieux comprendre certains tenants et aboutissants de cet événement majeur pour les amateurs de cette figure de l’imaginaire.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à Buffy

Bonjour, et merci d’avoir accepté notre proposition d’interview. Pour commencer, pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Je travaille à la cinémathèque comme collaborateur artistique, et je suis en l’occurrence le commissaire de l’exposition Vampires : de Dracula à Buffy, sur laquelle j’ai travaillé depuis au moins deux, trois ans. Ça a été le fruit d’un long travail qui a abouti à la fois à l’exposition et au catalogue de cette dernière, publié par La Réunion des Musées Nationaux. Ce livre est d’ailleurs à considérer comme un prolongement important de l’exposition.

Pouvez-vous revenir sur la genèse de ce projet ? Qu’est-ce qui a motivé cet événement d’envergure (4 mois d’exposition et de projections) autour de la figure du vampire ?

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyJe dirais qu’il n’y a pas forcément une raison. Je travaille depuis une quinzaine d’années à la cinémathèque. L’idée est de se réunir régulièrement entre nous, en particulier avec la direction, pour étudier les possibilités d’exposition, qui viennent soit de nous, soit qui ont été proposées par des commissaires extérieurs. De mon côté, je note des idées, je réfléchis à ce qui pourrait donner lieu à des événements. C’est ainsi un projet que j’ai amené dans la foulée de la sortie du film de Jim Jarmush, Only Lovers Left Alive (2013). Le temps de voir le film, d’y réfléchir, ça m’a fait me poser pas mal de questions sur le statut du film de vampires, et son évolution à travers le temps. Il me semblait qu’il y avait là une position extrêmement originale, autant formelle que narrative. Ces vampires qui sont des artistes à plusieurs visages, ce questionnement sur l’éternité de la création, de l’art. Et la manière aussi de filmer Tanger, le monde arabe. S’interroger encore sur le SIDA à l’heure d’aujourd’hui.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyIl y avait tout un tas de problématiques qui n’apparaissaient pas toujours dans les films de vampires, pas de cette façon en tout cas, avec un charme absolu. C’est vrai que ça a sans doute été un des déclencheurs du questionnement sur le statut du film de vampire. Et en y réfléchissant, j’ai dû petit à petit arriver à la conclusion que ça ferait un très beau sujet d’exposition. Parce que le corpus de film est génial, parce qu’il y avait aussi une histoire à raconter, que les gens ne connaissent pas toujours. Et parce que qui dit exposition dit archives, voire œuvre d’art, et qu’il y avait un certain nombre de choses qu’on pouvait montrer, que ce soit des affiches, des documents, des photos, des peintures. Que ce soit des choses du XIXe ou du XXe siècle. On avait la matière pour imaginer une réelle immersion à l’intérieur du sujet, telle que seules les expositions le proposent et le permettent. Une seule rétrospective n’aurait sans doute pas permis d’aller aussi loin, parce qu’elle ne montre finalement que des films. Là, on avait l’opportunité de créer du lien entre les films, d’envahir des espaces où il y a encore des zones d’ombres, et où il reste des choses à explorer. L’exposition est à ce titre un modèle idéal pour répondre à ce genre d’interrogations. J’ai ensuite réussi à convaincre la direction qu’il s’agissait d’un sujet fort, sérieux, profond, métaphysique, et aussi très populaire. Chacun a avec soi son vampire de prédilection, on pouvait trouver plusieurs portes d’entrée pour différents publics, ce qui est aussi un des enjeux des expositions de la Cinémathèque Française. On cherche à s’adresser au plus grand nombre, et les vampires portent ce potentiel en eux.

Comment expliquez-vous ce retour incessant des vampires dans la culture contemporaine ?

Pas forcément moderne, parce qu’il y a des choses qui sont relativement anciennes. Il y a des choses qui datent du XIXe, voire plus ancien du XVIIe, comme Francisco Goya. Le corpus accompagne dans l’exposition l’histoire du vampirisme, qui a longtemps été orale, folklorique ; il s’agissait d’une rumeur. Des histoires qui se sont très vite cristallisées dans la littérature. Ce qui semblait évident dès lors que ces récits étaient de l’ordre de la superstition, donc de la narration. Certes on ne disait pas vampire, mais c’était des créatures qui se retrouvent dans les vampires d’aujourd’hui : des êtres ailés, terrifiants, morts-vivants, sortant de leur tombeau, avec la capacité de la morsure, et de transformer leur victime en monstre, en tout cas en monstre équivalent à eux.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyÇa m’intéressait de montrer, avant le siècle du cinéma, mais surtout durant ce dernier, qu’il pouvait y avoir des ponts entre des films et des propositions artistiques, que ce soit des choses conscientes ou inconscientes. Consciente, par exemple, dans l’espace de l’exposition où l’on se focalise sur Warhol. On y montre à la fois ce que Andy Warhol a fait au cinéma comme producteur, avec Du Sang pour Dracula, et ce qu’il a fait en tant qu’artiste, avec cette sérigraphie de Bela Lugosi en position d’éternel être sur le point de mordre sa victime. Cette victime, c’est aussi le spectateur, qui est comme hypnotisé par la toile et par le cinéma, et qui est comme une sorte de proie. Là, il y a une correspondance évidente : c’est le même artiste qui fait l’œuvre d’art et le film, en tout cas qui a produit ce dernier. Il ne l’a pas réalisé, mais on retrouve sa marque de fabrique dans le long métrage de Paul Morrissey. Il y a à côté de ça des cas qui sont plus interprétatifs, où j’ai essayé de tisser des liens entre des œuvres d’art et des films, de montrer des coïncidences visuelles, des motifs. Il y a un autre exemple de concordance importante, c’est Charles Matton, qui a réalisé Spermula (1976) ce film de vampire un peu expérimental qui flirte avec l’érotisme. Le film raconte l’histoire de femmes extra-terrestres qui viennent vampiriser les hommes, qu’elles jugent trop moralisateurs, on va dire, car ils n’ont plus accès à leur plaisir, à leur désir et à leur sexualité. D’où une dimension presque pornographique dans certaines scènes, qui émaillent le film. Mais Charles Matton est aussi un artiste qui réalise des dioramas dont on montre deux pièces dans l’exposition. Ces deux pièces sont basées sur un trucage : le visiteur ne s’y reflète pas. Matton les a lui-même baptisés des « boîtes vampires ». À ce niveau, il y a la question du reflet, qui court dans toute l’histoire du vampirisme : le vampire n’a pas d’âme, de fait il ne se reflète pas dans les miroirs. Du coup, coïncidence étrange d’un cinéaste qui fait un film de vampire et des boîtes vampires, à des moments différents de sa carrière. Ce sont des points importants, dont il faut montrer la coexistence, et l’exposition est là aussi le médium idéal. Le reste est aussi très interprétatif : c’est une sorte de collage, de grand montage, où tous les arts se répondent : cinéma, littérature, les arts plastiques, la photo, et aussi comme vous l’avez vu les caricatures.

Ce qui explique aussi le temps de maturation du projet : chaque œuvre a une histoire différente, vient d’ailleurs, il faut donc tout autant rassembler toutes ces pièces que leur faire raconter quelque chose, et convaincre les prêteurs que les œuvres en leur possession vont apporter du sens dans ce discours général.

L’exposition met aussi en valeur les aspects sexuels de la créature, et l’évolution du regard sur la sexualité qu’offre la figure du vampire. Comment en arrive-t-on d’un film comme Les Lèvres Rouges de Harry Kümel à Twilight ?

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyCe qui est génial avec les vampires, c’est aussi que chaque film, chaque série, chaque proposition artistique a ses spécificités. On peut certes tirer des grandes lignes ou montrer des tendances et des récurrences, mais il y aura toujours des contre-exemples. Il y aura toujours des films qui vont montrer, même si de manière minoritaire, le contraire de ce qu’on imaginait. On a ainsi des métrages où le vampire est un oppresseur, un homme puissant. Et en face de ça, on a aussi toute une série de films où le vampire est un homme fragile, libertaire, révolutionnaire et marginal. On a aussi des œuvres dans lesquelles le vampire est un homme, d’autre où il est une femme, et même entre ces deux corpus on a des choses très différentes, des femmes dominatrices, cruelles, fières de leur état de vampire. C’est ainsi le cas des Lèvres Rouges (1971) de Harry Kümel, où il y a quelque chose de la jouissance d’être une femme vampire, de posséder. Et tout un tas d’autres films où la femme vampire est dans une dualité, dans un inconfort, doté d’une volonté de sortir de cet état de vampirisme, qui devient dès lors une quête. On peut ainsi penser à Nadja (1994) de Michael Almereyda, à Aux Frontières de l’Aube (1987) de Kathryn Bigelow, à La Fille de Dracula (1936) de Lambert Hillyer, tout un tas de films où la femme vampire est en contradiction avec son héritage, et cherche à échapper à cette tendance. Tout ça pour montrer que le corpus est vaste, et qu’on sera toujours en mesure d’y trouver une chose et son contraire. En tissant de liens, on est ainsi surpris de voir que des choses peuvent s’opposer.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffySur la dimension sexuelle, c’est la même chose. La plupart des films reprennent bien évidemment le topos de la morsure, qui peut être perçu comme une métonymie du coït. On a dès lors toute une cohorte de films où la dimension érotique est forte : le désir, l’hypnose, qui font partie du registre amoureux et sexuel. Que ce soit entre un homme et une femme, dans une position ou dans une autre. Ou entre hommes et entre femmes, avec l’exemple des Lèvres Rouges, Entretien avec un Vampire (1994) dans une dimension plutôt homosexuelle. La plupart des films ont ainsi une dimension sexuelle et sulfureuse, qu’on retrouve dans le livre de Stoker, un livre éminemment important dans l’histoire du vampirisme, et qui a ce titre a été beaucoup adapté. Par exemple, l’une des premières victimes de Dracula, c’est le personnage de Lucy. C’est une femme très libre, sexuellement notamment, qui a quatre prétendants amoureux — on peut imaginer qu’elle a eu quatre histoires amoureuses avec ces hommes — et qui choisit peu à peu son époux. C’est en tout cas une femme plus libérée que Mina, son amie, qui a été promise et mariée à un homme. C’est une figure de femme fidèle, une sorte de Pénélope qui attend son époux en Angleterre. Par opposition, Lucy est la femme du mouvement New Women. Elle incarne une modernité, et c’est elle qui sera bien évidemment du côté du vampirisme. La sexualité est donc très présente. Est-ce que c’était pour Stoker un moyen de critiquer cette liberté, ou au contraire de critiquer la rigidité victorienne ? Et de montrer une sorte d’au-delà de l’amour, par le vampirisme, qui passe par la sexualité ? Ce fil sexuel court dans toutes les œuvres sur le sujet. On a fait une partie entière là-dessus dans l’exposition, mais c’est perméable dans les autres salles.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyPour autant, quelques rares films échappent à cette réflexion. Twilight (2008) de Catherine Hardwicke est un des rares exemples, si on met de côté les films pour enfants, qui traite d’autre chose : la différence, ou ont une approche purement humoristique, comme Hotel Transylvania. (2013) de Genndy Tartakovsky. Ce ne sont pas des films où la sexualité est présente. Twilight est du côté d’un amour absolu, mystique, très mormon, qui ne passe pas frontalement par la sexualité, mais par une certaine pruderie. Il y a malgré tout quelque chose dans le corps, dans le regard, notamment à travers cette scène qu’on a choisi de montrer dans l’exposition : la renaissance du personnage joué par Kirsten Stewart, qui passe du statut de vivant à celui de vampire, avec les molécules de son sang qui se régénèrent. Il y a donc quelque chose qui a à voir avec le corps : le vampire est un être incarné. Mais Twilight est aussi une proposition que les amateurs de vampires n’aiment pas, parce qu’elle édulcore et a tendance à dissimuler le corps exposé, qui est très fort dans les films de vampires. Les cas les plus libérés, à l’opposé, ce sont sans doute les films de la Hammer, qui vont très loin dans la caricature d’une débauche. Twilight échappe donc en partie à cette dimension sexuelle, tout en proposant une vision rétrograde de ce qu’est le couple, qui est au centre du récit. Mais avec les vampires, il faut toujours s’attendre ce qu’il y ait des contre-exemples. Le vampire est une projection mentale, qui permet aux cinéastes d’exprimer quelque chose de personnel, et de passer entre les mailles du filet, échappant parfois à la censure. Les films étant très différents les uns des autres, cette difficulté à généraliser est à mon sens un des enjeux et des défis d’une expo sur les vampires.

Vous donnez également une place aux séries TV sur le sujet, notamment Buffy. Pensez-vous que le passage par le petit écran a joué sur la manière d’aborder le sujet ces 15 dernières années, et si oui comment ?

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyJe me suis dit que pour que cette exposition soit la plus riche possible, il fallait que le cinéma dialogue sans cesse avec d’autres formes artistiques, en évolution avec son temps. Le cinéma du début du siècle, c’est plutôt avec la littérature, l’art et la photo, mais aujourd’hui il y a la série, qui est quand même une forme à part. Dès le début, on a eu l’idée de montrer des contrechamps, que le cinéma soit là, mais qu’il y a toujours un dialogue avec d’autres formes artistiques. Entre série et cinéma, il y a beaucoup de ponts, de la mise en scène, de l’image, des acteurs, des corps. Il y a aussi des cinéastes de cinéma qui ont fait des séries, je pense notamment à Guillermo Del Toro, dont on montre à la fois Blade 2 (2002) et The Strain (2014-2017), cette série de vampires nazis qui partent à la reconquête de New York.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyAprès, on a voulu quand même donner le sentiment d’une chronologie. On rentre via une sorte de château hanté, qui évoque le XIXe siècle et la littérature. C’est un lieu très présent à cette époque, qui évoque l’aristocratie, les lieux de pouvoirs. De quoi rappeler le contexte social et politique dans lequel a germé la littérature gothique, dans un moment d’industrialisation et de mutation de la société. Le château représente à ce niveau les temps anciens et archaïques, desquels on se débarrasse. Il y avait une importance à respecter cette origine. Et je voulais qu’à travers le temps on finisse sur quelque chose de très contemporain, avec ce grand canapé qui est un salon moderne, ces multiples écrans qui évoquent quelque chose d’un intérieur contemporain. Un vampire beaucoup plus accessible, et beaucoup moins effrayant. Les séries TV apparaissent donc en toute logique à la fin de l’exposition, par respect de la chronologie. C’est vrai que les séries sont importantes. Elles ont créé tout un nouveau public, elles ont régénéré énormément le mythe du vampire, elles ont touché à des zones peu explorées. On pense ainsi à l’adolescence et le vampirisme, on a souvent dit que l’un pouvait être la métaphore de l’autre, le moment d’une métamorphose, d’un changement, d’un rapport à la sexualité. C’était aussi un travail sur le temps, au rythme d’une saison, où on explore des personnages. C’est aussi la question du burlesque, que ce soit le côté parfois comique de Buffy contre les Vampires (1997-2003) ou quelque chose de plus récent comme What we do in the Shadows, (2019-?) de Jemaine Clement et Taika Waititi, ce faux documentaire hilarant sur le vampire. Ça permet de montrer la diversité des traitements, des genres, des personnages, et cette capacité qu’ont eu les séries à fédérer tout un nouveau public, qui peut-être connaissait moins les films de vampire. Dans les années 90, il y a eu un petit peu un creux, même s’il y a aussi eu quelques films d’auteur importants, comme The Addiction (1996) d’Abel Ferrara. C’est aussi des films encore effrayants, marqués par l’apparition du sida dans les années 80, qui touche beaucoup d’artistes, et qu’on retrouve dans des films comme Les Prédateurs (1983) de Tony Scott. Des films très sombres qui convoquent une iconographie assez morbide. Et là c’est vrai qu’en situant ces séries dans des cadres plus cool, comme des petites villes, un café — c’est le cas dans True Blood (2008-2014) avec le Merlotte — ou dans un lycée. On est dans des espaces plus sympathiques et chaleureux, plus diversifiés, avec tout un tas de figures de vampires qui étaient peu montrées avant. Ca existait déjà au cinéma, mais on assume tout d’un coup des personnages de vampires qui ne cherchent plus à contaminer les autres, préfèrent boire du sang synthétique. Des personnalités plus attachantes, ou des vampires qui sont à moitié humains, et qui ont des identités plus troubles, c’est le cas dans Buffy, c’est aussi le cas dans True Blood. Il y a aussi tout un rapport, comme dans The Strain, avec le côté graphique et la BD, qui est un genre plus récent.

Orléan, Matthieu. Interview avec le commissaire de l'exposition Vampires : de Dracula à BuffyFormellement, thématiquement, narrativement, c’est vrai que les séries ont considérablement modernisé les choses, et par effet de rebond transformé le rapport du cinéma au vampire. C’était donc capital de conclure là-dessus, mais aussi de faire dialoguer avec le cinéma, parce qu’il est partout et que même dans cette boucle sur la télévision, on montre Dark Shadows (2012) de Tim Burton, qui est adapté d’une série des années soixante. On montre donc que le cinéma et le petit écran entretiennent des liens et passerelles, et que les choses ne sont pas fermées. Il y a aussi le fait qu’un nombre important de séries sont adaptées de romans, comme des films en leur temps ont été adaptés de Sheridan Le Fanu ou de Bram Stoker. True Blood adapté de La Communauté du Sud, c’est un livre qui a été lui aussi très important, l’adaptation aussi de Vampire Diaries (2009-2017), là aussi un livre important. Les séries télé ont permis de prendre en charge tous ces nouveaux récits de vampire, qui s’expriment à la première personne, de vampires moins effrayants et plus humains, et qui ont été très présents en littérature, et pas spécialement adaptés au cinéma. C’est donc aussi un point commun entre les deux médiums : leur rapport à la littérature. C’est aussi pour ça que dans la dernière salle, on montre beaucoup de livres en vitrine, pour pointer ce lien entre littérature et cinéma sur le thème du vampirisme.

Vampires, l’art du transgenre. Conférence de Matthieu Orléan from La Cinémathèque française on Vimeo.

Le vampire est le héros de toutes les transgressions politiques et sexuelles. Originaire de la région de Transylvanie, le comte Dracula, symbole du vampire par excellence, est une figure trans-artistique, et paradoxale : mort/vivant, terrifiant/séducteur, marginal/autocrate. On s’attachera donc à mieux définir l’identité du vampire, en particulier cinématographique, ainsi que sa capacité extraordinaire à distordre la mise en scène et contaminer la grammaire des films. Et si la première victime (très consentante) du vampire était finalement le cinéma lui-même ?

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