Oshimi, Shuzo. Happiness, tome 10

Makoto s’est évadé du centre où il était retenu prisonnier depuis dix ans. Sakurane a sombré dans une crise de folie, ayant compris que son désir d’accéder à l’immortalité n’aboutirait pas. Makoto, ulcéré par ce que le gourou a fait de Yûki et de Yûkiko, s’attaque à sa gorge, décidé à en finir. Ce dernier perçoit le lien qui unit le jeune vampire et Nora, et se voit déjà devenir lui aussi un buveur de sang. Makoto accédera-t-il à ses attentes ?

Happiness parvient à sa conclusion après 10 tomes, et difficile de ne pas être soufflé par la fin imaginée par Shuzo Oshimi. Makoto et Yûkiko se retrouvent enfin face à face après toutes ces années. D’un côté, une jeune femme qui n’a pas oublié son amour d’enfance, de l’autre celui-ci, condamné à passer l’éternité dans le corps d’un adolescent. Deux personnages dont les lignes temporelles se sont séparées, et qui risquent de ne plus pouvoir être réconciliables. Makoto, désormais immortel, n’a plus sa place dans la communauté des hommes. Pour autant, la solitude n’est pas une option pour lui, et c’est à cet égard qu’il tente de rejoindre Yûki.

Le final de Happiness est à la mesure du dernier épisode d’une série comme Six Feet Under. On y suit le devenir des différents personnages qui survivent à la fin de la secte. D’un côté, les humains, dont la vie s’égrène, entre joies, peines, naissances et décès. De l’autre, les vampires, particulièrement Makoto, puis Nora. Le duo semble détaché du temps, même si le « jeune » garçon veillera sur sa famille et sur Yûkiko jusqu’au bout. De fait, c’est une fin logique, mais émouvante. Le mangaka fait le choix d’accompagner le plus longtemps possible ses différents personnages. C’est aussi un tome sur la mémoire, le souvenir de ceux qui ont compté dans notre vie, et la place qu’ils tiennent en nous.

Graphiquement, on retrouve autant la finesse du trait d’Oshimi que ses jeux sur la « vision » des vampires. C’est un opus moins orienté action, passé la première scène. Une fin de saga plus introspective qui laisse le temps à l’auteur de se pencher une dernière fois sur les visages et les émotions de sa galerie de personnages.

Contre toute attente, on apprendra qu’il existe un moyen d’empêcher quelqu’un de mordu de revenir en vampire. On verra que même détruit, un vampire peut se reconstituer, à partir d’une simple partie de son anatomie. Enfin, l’attitude de Makoto vis-à-vis du besoin de sang nous démontrera qu’il est possible pour un vampire de contenter ses instincts sans pour autant tuer ses victimes.

Une fin de série à la mesure de ce qu’a été Happiness depuis ses débuts. Shuzo Oshimi se démarque totalement de la production manga actuelle sur le sujet, en ajoutant une profondeur à l’ensemble. À ne surtout pas manquer !

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