Verry, Patrice. Interview avec l’auteur du Fou qui volait avec la tête en bas

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Voici donc une bio qui en vaut une autre :

Je suis né le 9 août 1953, juste avant le premier vol de la fusée Redstone de l’US Army, ce qui explique peut-être mon attrait pour la science-fiction. Ce n’est pourtant qu’à partir de 1969, année au cours de laquelle « On a marché sur la Lune », que je me mets à lire comme un forcené (jusqu’à une centaine d’ouvrages par an) de la SF et du fantastique.

En 1979, l’année du premier tir de la fusée Ariane, je crée le fanzine VOPALIEC SF, autour duquel je rassemble un groupe de fans qui organiseront la convention nationale de science-fiction à Angers en 1985, l’année du lancement de la sonde Giotto vers la comète de Halley.

Ma première publication « sérieuse » est une nouvelle scientifico-policière éditée au Seuil en l’an 2000, tandis que chute, au Canada, une météorite de 200 tonnes.

Grand arpenteur des salons de la SF et du fantastique, je fais également partie du collectif CocyClics, forum internet où les écrivains de mon genre de prédilection contribuent par la bêta-lecture à l’amélioration mutuelle de leurs textes.

Depuis quelques années, on me surnomme « l’Homme au Chapeau » en raison de mon étrange couvre-chef constellé de pin’s. Certains prétendent ne plus me reconnaître si je le retire (à l’instar de Tem, le héros « transparent » du regretté Roland C. Wagner)

On me retrouve en 2009 (année mondiale de l’astronomie) dans les colonnes du tout nouveau fanzine « La tête dans les étoiles », qui deviendra rapidement « La tête en l’ère ».

Tandis qu’on découvre de la glace d’eau au pôle Nord de la Lune, je participe fin 2010 à la création de l’association imaJn’ère, qui organise chaque année depuis 2011 un salon de la science-fiction et du policier à Angers.

En 2015, l’Europe attend patiemment le réveil du petit robot qu’elle a posé sur une comète. Pendant ce temps, parfaitement réveillé, je continue à écrire et à publier des nouvelles (Voy’el, Petit Caveau, La porte littéraire, Rivière Blanche, imaJn’ère).

Le fou qui volait la tête en bas est mon premier roman publié.

Le fou qui volait la tête en bas est sorti il y a quelques semaines aux éditions Voy’[el]. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ? Comment vous est venue l’idée d’intégrer un troisième camp à l’opposition classique entre vampires et humains ?

Je vais répondre aux deux questions en même temps. La n° 3 fait également partie de la genèse.

L’idée de base m’est venue en rêve en 2010, sans doute inspiré par un fait divers (des personnes coincées la tête en bas dans un manège forain avant que les pompiers ne les en délivrent). Dans mon rêve il y avait une horde de fous qui envahissaient l’esplanade d’un supermarché, et l’un deux se retrouvait suspendu la tête en bas comme soulevé par une main invisible.

Les fous sont donc venus en premier, et je les ai inclus dans une course poursuite mouvementée, sous-tendue par une histoire d’amour impossible entre une vampire et un humain. Cette première version de 80 000 signes, terminée en 2011, manquait de maturité, en particulier parce que la guerre y était racontée par l’un des héros. Ce n’est jamais très bon de dire plutôt que de montrer.

À la suite de remarques éclairées de mes amis de Cocyclics, j’ai donc décidé d’écrire un vrai roman, dans lequel la guerre serait vécue par de nouveaux personnages (en particulier Jessica qui finira par acquérir le rôle principal). Quatre ans d’écriture plus tard (je suis lent et irrégulier) et deux ans de corrections indispensables m’ont enfin permis d’aboutir au résultat final.

Vous présentez vos vampires comme différents de la mythologie littéraire classique. Pour autant, ne peut-on pas considérer que vous redéfinissez, à terme, une nouvelle mythologie pour les vampires ?

Le contexte est post apocalyptique et utilise beaucoup plus les codes de la science-fiction que ceux du fantastique. Ce contexte ne se prêtait pas aux morts-vivants, vampires ou zombies. On se rapproche plutôt du roman de Richard Matheson Je suis une légende (et de ses deux versions cinématographiques) dans lequel un scientifique tente de comprendre le fonctionnement biologique des vampires.

En même temps, je ne voulais pas me lancer dans la création d’un nouveau mythe, puisque, comme le dit très justement votre chronique, les personnages sont au service du scénario, malgré toute l’empathie que le lecteur peut avoir envers certains.

Pour ne pas alourdir le récit, j’ai eu l’idée (qui n’est pas originale, mais bien pratique) des citations des « Mémoires de la mère des clans » qui donne un regard extérieur et qui permet d’apporter un éclairage indispensable à ce que sont « mes » vampires.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du vampire en littérature ces dernières années ?

Pour être franc, je n’ai pratiquement pas lu de littérature vampirique (en dehors de Dracula de Bram Stoker, d’un roman d’Anne Rice, des Nécrophiles anonymes de Cécile Duquenne, et de quelques recueils de nouvelles). J’en connais plus ce qu’en ont fait les films. Il semblerait que la romance de vampires ado ait eu quelque succès auprès des jeunes… Je préfère pour ma part des histoires plus réalistes, voire plus dures, ou carrément humoristiques. Je ne suis pas sûr que ça réponde à la question.

Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et/ou cinématographique) ?

La réponse est dans la question précédente. Premier contact : Dracula le roman, et les films de la Hammer avec Christopher Lee. Dernier contact : les Nécrophiles anonymes et pas grand-chose au cinéma.

Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire ? Qu’est-ce qui en fait la pérennité ?

Comme le dit Fab dans la troisième partie de mon roman : « Phobos s’interpose entre Éros et Thanatos » : la peur entre l’amour et la mort. Le vampire est à la fois un prédateur, et un monstre terriblement séducteur et sensuel (la version de Dracula de Coppola en montre bien certains aspects). Je pense que ce mélange d’attraction/répulsion est la clé du succès du vampire. Le mythe du vampire représente la vie humaine. La quête de l’amour éternel au risque d’y perdre la vie.

Avez-vous encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?

Je vais complètement changer de registre. J’ai en projet un roman de space opera avec paradoxes temporels, aventures spatiales et planétaires. Le plan est fait. C’est rare que je commence par-là, mais, dans un contexte de voyage dans le temps c’est indispensable pour ne pas se faire trop de nœuds au cerveau.

Des personnages variés, une énigme qui met l’univers en péril, un contexte un peu différent de ce qu’on a coutume de lire : pas de grand empire unifié, peu de races extraterrestres, des déplacements spatiaux plus proches de Babylon 5 que de Star Wars (on ne saute pas au bout de la galaxie avec une petite navette spatiale).

Le titre : Ce qui grignotait le fond de l’univers.

Je vais essayer de ne pas mettre 6 ans à l’écrire celui-là !

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