Newman, Kim. Le baron rouge sang

1918. L’Europe est aux mains des vampires. Commandant en chef des armées allemandes, le comte Dracula a juré d’anéantir l’Angleterre, tandis qu’Edgar Poe rédige les mémoires du Baron Rouge. On croise aussi Mata Hari, Kafka et même un petit caporal barré d’une mèche brune, qui salue en tendant le bras…

Un deuxième tome qui nous entraîne à nouveau dans l’uchronie vampirique de Kim Newman. L’auteur démontre à nouveau son habileté à recycler les poncifs du mythe afin d’en faire une intrigue aussi originale que captivante. Dracula chassé d’Angleterre à la fin du précédent opus, le voilà, aux côtés du Kaiser, se lancer dans un conflit à échelle mondiale, dans le but de se venger de ceux qui l’ont récemment mis à l’index. Newman revisite ainsi, à la lumière de son univers, la première guerre mondiale, ses causes, ses mythes et ses tenants et aboutissants.

Une fois de plus, l’auteur fait preuve d’une imagination débordante mais férocement accrocheuse pour les amateurs de littérature fantastique. Car en plus d’être une des séries vampiriques les plus intéressantes de ces dernières années, Anno Dracula est aussi l’occasion pour l’auteur de marier les genres comme les références. Dans ce nouvel opus, Edgar Allan Poe côtoie ainsi Mata Hari, l’aviateur Biggles, le Baron Rouge, Mycroft Holmes, Winston Churchill, etc. Tant de personnages issus d’univers variés auraient pu donner un côté bancal à l’ensemble, mais force est de constater que Newman maîtrise et transcende ses références, faisant de son récit une geste épique hommage à la littérature de genre.

Les vampires mis en scène dans ce nouvel opus de la saga sont basés sur les caractéristiques des vampires du premier opus. Êtres ayant un besoin vital d’ingérer du sang, ils peuvent, même si avec de grandes difficultés, se mouvoir à la lumière du jour. Selon les lignées, certains ont des pouvoirs qui vont au-delà de la régénération, comme les infants de Dracula qui possèdent la faculté de se métamorphoser en animal (avec plus ou moins de succès en fonction des générations). Ils craignent par-dessus tout l’argent, la plupart des autres armes anti-vampires n’ayant que peu ou pas d’effet sur eux. Un être humain ne peut devenir vampire qu’après avoir échangé son sang avec un non-mort. Pour les aficonados des histoires anciennes de vampires, ils croiseront également, au fil des pages de ce roman, des références à d’autres œuvres vampiriques (filmiques ou littéraires), comme le comte Orlov, Lord Ruthven ou encore le baron Karnstein.

Le premier volume de la série faisait déjà preuve de la maestria de son auteur, véritable orfèvre qui sait aller au-delà de ses références pour se les approprier avec un goût certain. Ce second opus confirme les choses, en continuant à la perfection le récit autour de certains des personnages centraux de Anno Dracula. Impressionnant et terriblement addictif.

A noter, en sus, que la réédition de Bragelonne fait à nouveau bien les choses : la couverture a été revue à partir de la couverture de celle de Titan Books, et plusieurs bonus permettent d’aller au-delà du texte d’origine (notamment les notes de l’auteur). Forcément indispensable !

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