MacDonald, George. Lilith, récit merveilleux

Ses études terminées, Mr Vane décide de prendre un peu de repos dans la demeure familiale. Orphelin mais à l’abri du besoin, le jeune homme a été placé dès son plus jeune âge, suite aux décès consécutifs de ses deux parents. Un jour, il comprend qu’une présence fantomatique hante la bibliothèque de ses ancêtres. En suivant cette dernière, il découvre un miroir dans la grenier qui le fait pénétrer dans un autre monde. Si sa première visite se termine abruptement, il finit par davantage maitriser le passage entre les deux espaces, et faire des rencontres et des découvertes inattendues.

George MacDonald est une figure importante de la littérature anglaise. Si le romancier n’a pas ou prou été traduit en français (Lilith est son seul roman disponible dans la langue de Voltaire), son influence est majeure dans les genres de l’imaginaire. C’est ainsi lui qui aura décidé Lewis Carroll à publier Alice au Pays des Merveilles, et des auteurs comme J.R.R Tolkien, G.K Chesterton ou C.S. Lewis le considèrent comme un de leurs maîtres. Très imprégné de culture religieuse (il fut un temps pasteur anglican, même si l’introduction révèle que ses prises de position lui ont valu un certain rejet de ses ouailles), l’auteur est particulièrement connu pour ses contes pour enfants. Un personnage fondateur de la littérature de genre, qu’on ne sera pas surpris de voir se pencher sur la figure du vampire, même si par la bande.

Lilith est un roman initiatique, où le personnage central, Mr Vane, évolue dans un univers dont il ne comprendra que tardivement les rouages et les sous-tendus. L’histoire fourmille de référence religieuse, que Françoise Duperyon-Lafay passe au crible dans les nombreuses notes regroupées en fin d’ouvrage. De fait, la présence de plusieurs figures de l’Ancien Testament (Adam, Eve, Lilith) imprègnent le récit, et tendent à en faire une parabole religieuse. Mais MacDonald puise dans d’autres récits, et joue de telle manière avec ses personnages qu’il rappelle parfois Neil Gaiman. Du nom du personnage principal (Mr Vain), en passant par le miroir (qui permet de passer d’un monde à l’autre), sans même parler des différentes formes de plusieurs des personnages, il y a une nette tendance chez l’auteur à montrer que les apparences sont trompeuses et que la vérité n’est pas quelque chose de simple. La dimension onirique renforce ce parti pris, et ce jusqu’au dernier chapitre du récit.

La figure de Lilith est centrale dans le récit, même s’il faudra plusieurs chapitres au héros pour enfin la rencontrer. Alors qu’il a entrepris de sauver une jeune femme qu’il a retrouvé aux portes de la mort, il est victime chaque nuit d’une entité qui semble s’abreuver de son sang, laissant deux marques sur sa gorge. Cette dernière se retrouvera être la mystérieuse Lilith, qui règne d’une main de fer sur cet étrange pays, envoyant parfois son léopard collecter pour elle le précieux liquide. Elle semble particulièrement avide du sang des jeunes enfants, ses victimes favorites.

Lilith est un roman complexe, dont les méandres témoignent du bagage religieux et culturel de son auteur. Pour autant, il s’agit à n’en pas douter d’un texte qui mériterait davantage de reconnaissance. Le travail effectué par Françoise Duperyon-Lafay est de ce fait à saluer, d’autant que George MacDonald a été très peu traduit en langue française.

MacDonald, George. Lilith, récit merveilleux

Lilith : extrait de la couverture de l’édition Ballantine Books (1969)

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