Barker, Clive. Le Voleur d’Éternité

Seul dans sa chambre, Harvey Swick s’ennuie. C’est alors que Rictus, un étrange personnage, apparaît comme par magie. Il fait miroiter au jeune garçon un endroit hors du temps, toujours ensoleillé et où mille occupations l’attendent. Quand, quelques jours plus tard, le curieux petit bonhomme revient, Harvey accepte sans hésiter de le suivre. Bientôt, il passe le mur magique qui donne accès à La Maison, un havre où tous les désirs des enfants sont exaucés. Ses parents, qu’Harvey parvient à appeler depuis le téléphone des lieux, l’encouragent à y prendre du bon temps. Le jeune garçon découvre peu à peu les merveilles des lieux, où les quatre saisons s’enchainent chaque jour qui passe.

Clive Barker est un auteur emblématique des littératures de l’imaginaire. On le connaît davantage pour son versant adulte, avec des œuvres comme Cabal ou Le Livre de Sang. Il a aussi publié plusieurs fois des récits jeunesse, The Thief of Always (titre anglais du Voleur d’Éternité) étant l’un de ses ouvrages les plus connus de ce registre. Dans la lignée d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll, l’auteur y imagine un univers parallèle, où se déroule l’essentiel de l’histoire. Au cœur de ce monde magique, invisible aux yeux des adultes, il y a cette étrange maison, où tout semble être fait pour retenir les enfants.

On retrouve ici l’intérêt de l’auteur pour les modifications corporelles, notamment quand Harvey accepte la transformation que lui proposent Rythme et Crypta, deux des entités qui vivent sur place. Mais il y a aussi l’idée d’un invisible qui se joue des humains, manipulant ces derniers par diverses tentations. Le livre prend finalement la tournure d’une aventure initiatique, avec Harvey qui prend en main son destin et décide de faire face pour retrouver ce qu’on lui a volé… devenant lui-même un voleur. Si le roman contient de purs moment d’effroi (la soirée d’Halloween en tête), on reste très loin des textes adultes de l’auteur. Ce qui va ici faire la différence, ce sont les raison qui vont pousser Harvey à se battre. Si c’est l’ennui – voire une certaine forme d’égoïsme – qui motive son aspiration à sortir de la routine, ce sont ses amitiés et l’amour qu’il porte aux siens qui lui feront réaliser que quelque chose cloche dans ce monde idyllique.

Coté vampire, le roman ne manquent pas de références aux créatures de la nuit. La passion de Harvey lui vaut d’être transformé en l’un d’eux. Ce faisant, c’est Crypta qui se charge de sa transformation, qui le rapprochera temporairement d’une chauve-souris à taille humaine. Refusant de prendre son ami Wendell pour victime, Harvey retrouvera rapidement sa forme originale. L’autre part vampirique du roman, c’est bien évidemment Mr Hood, terriblement absent de la quasi totalité du livre mais dans le même temps incontournable. Son pouvoir, qui lui permet de volet des années aux enfants qui arrivent dans son royaume, le rapproche d’un vampire psychique. Hood et la maison ne font qu’un, ce qui n’empêche pas le monstre de pouvoir prendre une autre forme face au danger.

Un roman jeunesse vraiment réussi, qui joue de différente manière avec la figure du vampire tout en s’affranchissant des codes du vampire gothique. L’ensemble est magnifiquement illustré par Clive Barker, qui propose de très nombreux dessins pour donner vie aux différents personnages… et aussi à l’horreur qui affleure dans les différents recoins de la maison de Hood.

Barker, Clive. Le Voleur d'Éternité

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