Hearn, Marcus. L’art de la Hammer

Difficile de passer à côté du studio Hammer pour qui s’intéresse aux vampires. Après avoir   repris en main Dracula en 1958, c’est pas moins de seize films (donc huit pour le cycle Dracula et trois pour le cycle Karnstein) et une websérie que le studio va consacrer aux vampires entre 1958 et 2016. Même Universal, à la grande époque de ses Monsters, n’avait pas autant donné de places au buveur de sang dans ses productions. Et qu’on ait pu les voir sur grand ou petit écran, les films de la Hammer ont toujours su attirer l’attention au travers du travail des affichistes du studio.

C’est cette partie du travail du studio anglais que Marcus Hearn se propose de mettre en lumière à travers cet ouvrage intitulé l’Art de la Hammer, initialement paru en 2010 chez Titan Books. Akileos poursuit donc son travail autour de la société de production de Hinds et Carreras, après avoir édité The Hammer Vault il y a quelques années.

L’ouvrage est en très grand format, ce qui le rendra difficile à ranger dans une bibliothèque mais permet plus facilement de mettre en valeur les affiches du studio. Le texte est essentiellement regroupé dans les trois premières pages, où Marcus Hearn retrace l’histoire graphique de la Hammer, les principaux graphistes a avoir travaillé sur les affiches anglaises d’exploitation, ainsi que les apports de certains d’entre-eux à l’identité visuelle de la société. Comme d’habitude avec Hearn, c’est très bien documenté, l’auteur revenant sur l’ensemble des tenants et aboutissants du travail visuel, depuis les slogans qui accompagnaient les affiches, jusqu’au problème de censure et de distribution des films.

La suite de l’ouvrage fait quasi-exclusivement la part belle aux affiches. Chronologiquement (en tenant compte des possibles double-bill et autres ressorties), l’essentiel des films du studio est abordé, depuis les affiches simples jusqu’aux dispositifs qui ornaient les façades complètes des cinémas. L’auteur enrichit cependant le contenu en ajoutant ça et là des compléments d’information sur le contexte de création de telle ou telle affiche (les montages de visuels à partir d’autres films, etc). Et si l’introduction se focalisait uniquement sur les illustrateurs anglais, l’ouvrage intègre des affiches destinés aux autres pays, et donc réalisés par des artistes locaux. A cet égard, l’affiche Polonaise du Premier Quatermass est absolument superbe !

Côté vampire, l’ouvrage ne manque bien évidemment pas d’intérêt. Toutes les affiches des films vampiriques de la Hammer sont abordés, depuis Horror of Dracula jusqu’au récent Let Me In (car cette édition contient du matériel relatif aux films du studio ayant vus le jour depuis 2010, ce qui n’était pas le cas de la première mouture de l’ouvrage). On appréciera ainsi les catch phrase de l’époque, des «The terrifying lover who died – yet lived», «Don’t dare see it alone !», «The most evil Dracula of all !» aux «Evil Begets evil on the Sabbath of the Undead !», «The only Man feared by the walking dead !» et «The first kung fu horror spectacular !» Force est également de constater que comme pour l’ensemble des affiches, la prise d’importance du montage photo sur les peintures des débuts est certes compréhensible mais n’a pas le même charme. D’où le plaisir de découvrir une affiche peinte pour Let me in (même si elle n’a pas été utilisée comme photo d’exploitation à l’époque de la sortie en salle du film).

Un ouvrage complémentaire à The Hammer Vault, qui plaira sans nul doute aux amateurs du studio de production anglais comme aux nostalgiques d’une époque révolue du cinéma fantastique. Et si la Hammer est revenue d’entre les morts en 2010, pour l’instant aucune de ses productions n’est parvenu à égaler celles d’antan.

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