Cronin, Justin. Le Passage, tome 1

Années 2010. Dans le Tennessee, Amy, une enfant abandonnée de six ans est recueillie dans un couvent… Dans la jungle bolivienne, l’armée américaine recherche les membres d’une expédition atteints d’un mystérieux virus… Au Texas, deux agents du FBI persuadent un condamné à mort de contribuer à une expérience scientifique gouvernementale. Lui et les autres condamnés à la peine capitale participant au projet mutent et développent une force physique extraordinaire. Les deux agents du FBI sont alors chargés d’enlever une enfant – Amy. Peu après que le virus a été inoculé à cette dernière, les mutants attaquent le centre de recherches.

La première partie du Passage prend place dans l’Etazunis moderne, avec sa mère maltraitée se prostituant pour subvenir aux besoins de son enfant, ses agents du FBI chargés de recruter des cobayes parmi les condamnés à mort, une bonne sœur black pleine du souvenir atroce de son lointain pays natal, un Restedumonde qui n’existe pas, sauf sous forme d’une jungle où l’on tente de secourir une équipe contaminée par un virus qui rendrait immortel : soyez les bienvenus dans l’Amérique de Mulder et Scully, ou à peu près.

On suit les aventures d’un personnage, puis d’un autre, un autre et on s’attache. Ce n’est pas du Shakespeare mais c’est sympa et on se demande bien où tout cela va mener ; l’intrigue contient bien assez d’éléments pour rendre les choses de plus en plus intéressantes. Sauf que, pourquoi tant de pages ? C’est que, moi, j’avais pas lu le synopsis, on m’avait dit « y’a des vampires dedans » et puis ça m’avait suffit. L’Apocalypse ayant lieu au premier tiers du bouquin, je commence à me dire qu’il y a un truc.

Ah oui, en fait, le truc, c’est que c’est un bouquin post-apocalyptique, qui se déroule, genre, à peu près un siècle après les premiers événements du livre. L’humanité, c’est à dire l’Amérique du Nord, les vampires (les viruls) lui font son compte en quelques jours.

On possède alors peu d’éléments concernant les viruls, sinon qu’ils volent, sont phosphorescents, durs à tuer et ont la dalle. Bref, qu’ils sortent un peu de l’ordinaire et me donnent l’envie de pousser plus loin.

Le bout d’humanité survivante que l’on est invités à suivre par la suite ne connaît rien de l’origine du fléau et s’est organisée autour de quelques projecteurs en fin de vie pour se protéger des viruls, créatures terrifiantes et mystérieuses.

On passe donc de X-Files à Mad Max, mais bon Drac, ce que le style en pâtit ! C’est assez étonnant. On s’y fait.

Le reste de l’histoire consiste en une sorte de Communauté de l’Anneau et on sait comment ça finit, ce genre d’histoire. Oui, Sam reste fidèle malgré tout.

Je sais, je ne suis pas un public facile, mais c’était vraiment une lecture agréable, finalement. La psychologie des personnages est juste un peu trop med-fan (mediéval fantastique) pour moi. L’ébauche de l’organisation d’une société post-apo est tout à fait honorable, mais ce qui fait le sel de l’histoire, c’est finalement bien les vampires.

C’est en effet sur eux que repose toute l’originalité du récit : visibles seulement la nuit et se nourrissant de sang, ils reprennent quelques particularités du genre. Autre motif moins exploité dans les récits contemporains, le rêve et l’inconscient, qui prend ici une large place dans le mystère de l’intrigue. Quant à la mythique absence du reflet, elle est subtilement transmutée en la perte du souvenir. C’est ainsi que pour détruire le virul, il faut le placer face a lui-même, tel qu’il s’est oublié, afin de le libérer enfin, comme le pieu libère l’âme du monstre vampire, par la mort, certes ! Il est bien difficile d’en dire plus sans trop en dire, tant le mystère des viruls fait l’intérêt fondamental de ce livre… à vous de lire.

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