Jonathan Harker fait route vers la Transylvanie, où le comte Dracula l’attend dans son château, non loin du col de Borgo. Si le vénérable aristocrate accueille de manière cordiale son invité, le jeune avoué se rend rapidement compte que quelque chose cloche. Alors qu’il manque de tomber sous la coupe de trois séduisantes créatures, il comprend que ses jours sont comptés. Et que permettre au comte de s’installer non loin de Londres s’apparente à faire entrer un loup dans la bergerie.
Ça devient compliqué de trouver un résumé du roman de Stoker sans répéter à chaque fois les mêmes mots. Car cette adaptation comics suit le texte d’origine à la lettre, notamment au niveau des dialogues qu’elle reprend au mot près. Deux versions semblent exister : une qui modernise texte narratif et paroles des personnages, l’autre (qui est celle dont il est question dans cette chronique) est scrupuleusement fidèle. L’exercice pourrait s’avérer intéressant, mais pour ceux qui connaissent déjà le texte, il n’y a pas grand chose à en retirer. Pour ne pas dire que le mélange entre bande dessinée et littérature du XIXe s., sans un minimum de travail, s’avère rapidement lourd à lire. Trop de texte narratif, trop de longs dialogues, ce qui au final demande énormément de temps pour lire l’album, qui n’offre au final aucune nouveauté au plus connu des romans vampiriques.
Niveau dessin, je suis assez mitigé. Si je trouve que le trait de Staz Johnson manque d’homogénéité (d’une case à l’autre, les personnages semblent moins travaillés), son trait incisif ne manque pas de charme. Je reste surtout davantage convaincu par les cadrages plutôt réussis, et par de nombreux jeux sur les plans (comme cette image de Renfield, flou en arrière plan, alors que sa main s’approche d’une mouche, au premier plan). La mise en couleur est à la fois sobre et efficace, même si elle est parfois un peu trop sombre.
Peu de choses à dire sur le mythe du vampire tel qu’il est mis en scène ici. Le comics respectant au plus près le roman de Stoker. Dracula apparaît ainsi sous les traits d’un vieillard aux longues mains, auquel le sang est indispensable pour survivre. Il doit profiter de la journée pour se reposer dans un cercueil (ou une caisse) contenant la terre de son lieu d’origine. Pour le tuer lui et ses créatures, seul un pieu enfoncé en plein cœur ou une décapitation pure et simple semblent réellement fonctionner. Il est enfin doté de quelques pouvoirs, comme celui de se transformer en brume ou en animal.
Sur le papier, l’idée d’adapter scrupuleusement le texte d’origine avait quelque chose d’attrayant. Pour autant, l’exercice s’avère assez vain, et atteint vite ses limites : difficile de rendre la lecture d’un comics agréable quand le texte et les dialogues de celui-ci surchargent à n’en plus finir les cases. À ce niveau, d’autres adaptations comme la réédition d’Univers Comics du comics des années 50 sont à mon sens plus intéressantes. Reste le souci du cadrage et des trouvailles de mise en scène du dessinateur, qui compensent l’hétérogénéité de son dessin.