Collectif. The Ravening. Les Voraces

Maintenant que son père est mort, Izzy est l’héritière de la Maison Mortego. Son amie Corrie est dans la même situation, en tant que dernière survivante du Clan Volmaan. Les autres familles de vampires montrent rapidement leur intérêt pour les deux survivantes, et   la possibilité de fusionner leurs propres actifs avec ceux des clans Mortego et Volmaan par une union. Mais les deux vampires ne l’entendent pas de cette oreille : elles sont amantes. Dans le même temps, les Voraces, des créatures créées par des vampires à l’aube des temps sont mises sur la piste de Despair, l’épée légendaire qui renfermerait l’âme du chef vampire du même nom.

The Ravening est une série publiée par Boundless Comics, un éditeur US filiale d’Avatar Press, qui a initié la série dans les années 90 (sans doute influencé par le succès de personnages comme Vampirella et ses variations plus hard) et l’a relancé sous ce nouveau label après un crowdfunding réussi. The Ravening est à l’image des autres séries de Boundless : violente et lorgnant vers l’érotisme et la pornographie. Pour autant, le scénariste principal Jay Nitz montre une certaine ambition dans les éléments de background mis en place. Il y a ici une tentative relativement poussée de donner vie à un univers riche de créatures surnaturelles, dont les luttes donnent lieu à des récits qui s’écoulent sur plusieurs siècles.

Les Editions Tabou reprennent donc la première partie de la mini-série au sein de ce recueil de belle facture (hardcover, papier glacé, enrichi de nombreuses couvertures alternatives et d’une galerie d’illustration abondante). Mais c’est surtout sur le fond que j’aurai des critiques à faire. Le premier arc est relativement réussi, malgré la réutilisation d’éléments très convenus pour qui s’intéresse au genre (l’existence de clans de vampires, les querelles politiques entre eux, la lutte entre garous – certes ici transformés en satyres – et vampires…), et puisent de manière évidente dans des référentiels comme celui de Vampire : La Mascarade (la série initiale datant des années 90, difficile de mentionner Underworld, qui est arrivé après). Mais la suite, qui choisit de se focaliser sur d’autres personnages et s’écarte des influences originales peine à convaincre… par trop de complexité.

C’est aussi graphiquement que les choses se gâtent au fil du recueil. Le travail de Jack Jodson, qui dessine l’arc mettant en scène Izzy et Corrie est sans nul doute le plus réussi. Pas parfait (j’ai toujours un peu de mal avec la colorisation informatisée à outrance), mais le style est homogène, dans l’air du temps. On peut objecter que c’est aussi lui qui flirte le plus avec la pornographie, mais il s’agit du cahier des charges de l’éditeur ! (même si une meilleure intégration des scènes lesbiennes qui émaillent cette partie du recueil aurait davantage profité à l’ensemble). J’ai beaucoup moins été convaincu par les dessinateurs qui prennent la suite, Rick Lyon et Albert Hosolo, dont le style est à la fois daté et manque d’homogénéité.

Dans cet univers, les vampires sont donc structurés en clans, dont les luttes de pouvoirs sous-tendent la communauté depuis des siècles. Ce sont des créatures de la nuit : ils craignent le soleil et ont besoin de sang pour assurer leur survie (même s’ils peuvent être affectés par ce que les humains ont dans leur sang, comme les drogues). Ces créatures sont surtout dotées d’une force physique hors du commun. À noter que les arcs suivants nous en apprennent davantage sur la genèse des vampires, dont l’existence remonte au Jardin d’Eden. On note également la présence de Secutor, un chasseur de vampires qui les poursuit au fil des siècles.

L’éditeur a fait un bel effort sur la qualité de l’objet, mais le contenu de ce premier recueil ne convainc pas totalement, que ce soit au niveau de son dessin ou de son scénario, trop alambiqué tout en puisant dans des codes déjà bien rabattus. Reste que l’ensemble est ambitieux, rattaché à un univers bien plus vaste (celui d’Hellina), et possède malgré tout pas mal de bons côtés.

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