Moreno, Marc. Interview avec le dessinateur de Dark Blood

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ? 

Salut, nous sommes auteurs de BD depuis quelques années et nous avons déjà collaboré sur d’autres albums avant de nous lancer dans l’aventure Dark Blood.

Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?

Les premières lignes ont été écrites il y a plus de 20 ans. Le projet s’appelait Légende. Une envie de mettre en BD une très vieille théorie du mythe du vampire, tout en expliquant l’origine de cette théorie… Aucun éditeur n’avait été convaincu. Twilight, Underworld ou Blade n’étaient pas encore passés par là et les éditeurs ne voyaient dans le vampirisme qu’un marché de niche trop peu rentable, destiné à quelques excentriques (malgré quelques gros blockbusters tels que le Dracula de Francis F. Coppola ou encore Entretien avec un vampire de Neil Jordan). Les vampires, n’étant pas encore « phénomène de société », faisaient un peu peur aux éditeurs. À l’instar des zombies qui aujourd’hui déferlent sur nos écrans et dans nos librairies.

Étant donné les nombreux flash-back historiques de ce premier album, j’imagine que les recherches ont dû prendre du temps ?

Oui et non. L’Histoire est effectivement un casse-tête chinois chronophage quand on décide de la tordre aux convenances d’une fiction. Sans parler des recherches de costumes, d’architecture, etc. faire de l’historique requiert une grande rigueur ou alors on fait une uchronie. Mais nous ne nous prétendons nullement historiens ! Nous racontons juste une histoire imaginaire qui prend place dans le passé de l’Humanité. Aussi, soyez indulgent si vous voyez une boucle de ceinture qui n’appartient pas à son siècle ou une expression anachronique.

De plus, la recherche historique est sans fin et il faut avancer les planches. J’ai trouvé, pour un même uniforme militaire, plusieurs variantes. Ces variations pouvaient être dues à des changements de manufacture d’une région à l’autre par exemple ou plus simplement, par une mixité vestimentaire des soldats en campagne. C’est d’ailleurs ce qui me plaît le plus, faire vivre un costume, y ajouter ce qui n’est pas forcément dans les manuels, mais qui serait fort probable pour un combattant de l’Armée Rouge, en plein siège de Stalingrad.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du vampire en littérature ces dernières années ? 

Faire sortir les vampires du carcan de leur crypte est une excellente chose. Nous ne sommes pas forcément fans de Stephenie Meyer, mais tout en s’inscrivant dans la tradition vampirique elle a su apporter sa touche, sa nouveauté. Expliquer que les vampires fuient la lumière du jour pour ne pas montrer au monde à quel point ils sont d’une grande beauté est juste une idée géniale !  Les différences font vivre un genre, car elles ne le figent pas dans la glaise du temps. Il en va de même pour l’excellent 30 jours de nuit de Ben Templesmith et Steve Niles ou encore le sublime Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist par exemple, qui ont étoffé le genre d’idées nouvelles tout en répondant fidèlement au thème.

Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographique) ?

Première rencontre : Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher, qui m’a littéralement marqué au fer rouge quand j’étais gamin. Je le revois régulièrement, non plus pour le frisson, mais pour cet ensorcelant charme en carton-pâte des films de la Hammer.

Dernière rencontre : La dernière saison de The Strain. Mais je me demande encore pourquoi je persiste à regarder cette série. J’aurais peut-être dû lire les livres…

Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire ? Qu’est-ce qui en fait la pérennité ? 

Indéniablement son manque total de morale judéo-chrétienne ! Le vampire est notre Mr Hyde, notre besoin de transgression. Il fascine pour tout ce qu’il se permet tout en étant (presque) intouchable. Une société, pour fonctionner sainement, a besoin d’exutoires. Le mythe du vampire en est un.

Avez-vous encore des projets de livres ou séries sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ? 

Dark Blood tome 2 : Lucia Néra. Sortie prévue pour Septembre 2018. Je suis en train d’y mettre les dernières touches de rouge.

Et nous avions écrit, en même temps que Dark Blood, un autre projet : Mapple Road. Projet intimiste, traitant du problème de l’immigration vu par deux frères jumeaux vampires, sur fond de culture pop-rock anglaise des années 80. Un jour peut-être… Les vampires ont le temps 🙂

Moreno, Marc. Interview avec le dessinateur de Dark Blood

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