Carriger, Gail. Interview avec l’auteur du Protectorat de l’ombrelle

Bonjour Gail. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Mon nom est Gail Carriger. J’écris des comédies un peu bêtes avec des vampires, des loups-garous et une touche de Steampunk.

Votre série Le Protectorat de l’ombrelle se déroule en pleine époque victorienne. Alors que la quasi totalité des séries du genre se déroulent à l’époque moderne, pourquoi ce choix ?

Je vis à l’époque actuelle et je n’aime pas vraiment cette dernière. Je trouve le passé plus intéressant, et j’aime particulièrement l’époque victorienne. Du coup, c’était assez naturel pour moi d’écrire un roman se déroulant à cette période. De plus, la période victorienne a vu les beaux jours de la littérature gothique et marque également la naissance du vampire dans la littérature occidentale. Ça paraissait donc assez logique de me servir de cette époque pour explorer ces mythes (vampires, loups-garous, fantômes, etc.). Une manière de boucler la boucle, en quelque sorte.

Alors que les vampires sont souvent vus comme des solitaires, d’où vous est venue cette idée de les faire fonctionner en groupe structuré, un peu à la manière des meutes de loups-garous ?

Je savais, en ce qui concerne les loups-garous, que j’allais être obligée d’aborder le sujet en parlant de meute, avec un alpha à leur tête et un grand groupe de loups. Pour contrebalancer cela, je voulais une femme puissante du côté des vampires. D’où l’idée de baser la société des vampires sur le modèle des ruches d’abeilles ou de guêpes. Lesquelles sont centrées autour d’une reine, autour de laquelle les autres individus gravitent.

Lord Akeldama apparaît dès le premier tome comme un marginal parmi les siens, déjà eux-mêmes à part de la société. Que représente ce personnage à vos yeux ?

J’ai grandi à San Francisco, et lord Akeldama est à mes yeux une sorte d’hommage aux personnalités flamboyantes qui vivaient dans le quartier du Castro, point central de la communauté LGBT de la ville.

Votre série introduit un personnage fantastique inconnu jusqu’alors : les Paranormaux. D’où vous est venue cette idée ?

Ce qui me posait problème avec les personnages de loups-garous et de vampires, c’est leur toute puissance. Ils pourraient tous nous dévorer s’ils le voulaient. Il me fallait donc quelque chose pour contrebalancer cette puissance. Les paranaturels sont ainsi capables de nier les capacités surnaturelles des autres créatures. Vampires et loups-garous en ont donc naturellement peur (et on devrait tous avoir peur de quelque chose). M’intéressant beaucoup au concept philosophique de la loi des contraires, qui veut que toute chose dispose d’un opposé, j’ai donc essayé de l’adapter à la série.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du vampire en littérature ces dernières années ?

Je trouve que le vampire est une créature de choix pour suivre l’évolution de l’homme moderne. Le vampire est un monstre dont on a peur. Mais il est davantage intéressant de regarder ce que les vampires ont à dire sur nous, plutôt que ce que nous avons à dire sur eux. Car leur immortalité leur permet de témoigner de la manière dont nous évoluons au fil des époques.

Avez-vous fait des recherches poussées pour dresser un portrait aussi crédible de l’époque victorienne ?

Je lis beaucoup de littérature de cette époque, de manière à ce que mon style soit dans leur lignée. J’écris en journée, et en soirée je me plonge dans la littérature victorienne. Mais je ne veux pas en faire trop, afin d’éviter que cela devienne trop difficile à lire. A nouveau cette importance de l’équilibre : faire sonner le texte comme s’il avait été écrit dans le passé, mais permettre aux lecteurs d’aujourd’hui de lire sans que cela soit ardu ou trop rébarbatif.

Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographique) ?

Tout dépend ce que vous entendez par vampire, je pense. A mes yeux, ma première rencontre avec un vampire en littérature pourrait être Le Moine, de Matthew Gregor Lewis, même si beaucoup ne considèrent pas ça comme un roman de vampires au sens strict. J’essaie de me rappeler le premier film que j’ai pu voir avec un vampire, mais je n’aime en général pas les films d’horreur. Du coup, ce serait sans doute la série Buffy contre les vampires.

Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?

Par le passé, je pense qu’il y a eu des vampires dans toutes les cultures. Ce n’est pas toujours dans l’acceptation actuelle du vampire, mais on peut recenser des créatures vampiriques en Amérique du Sud et partout ailleurs. Je pense que les humains ont besoin de cette idée du monstre immortel. Ils ont besoin qu’on leur rappelle que ce n’est pas grave d’être mortel et que vivre pour toujours serait sans doute bien pire. Du coup, les cultures ne disposant pas de leur propre vampire finissent elles-mêmes par l’inventer.

Avez-vous encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?

Dans ma nouvelle série plus typée jeunesse, il y aura un vampire très important, qui aura le statut de professeur. Dans ma prochaine série adulte, on verra comment les vampires ont évolué dans mon univers, mais dans d’autres pays que l’Angleterre. On ira ainsi en Inde, au Japon, un peu partout. Etant donné qu’il n’y a pas de loups partout, les loups-garous sont donc différents en fonction de là où on va, tout comme les vampires. Ainsi au Pérou, je mets en scène une sorte de vampire qui se nourrit de la graisse de ses victimes, au lieu de leur sang. Je suis très excitée à l’idée de vous faire découvrir ces nouvelles espèces de vampires.

Merci à Hélène Bury pour la traduction en temps réel lors de l’interview, et aux Editions Orbit pour nous avoir organisé cette rencontre.

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