Vigne, Jean. Interview avec l’auteur du Dernier vampire

Bonjour. Pouvez-vous vous présenter pour les internautes de Vampirisme.com ?

Donc, je m’appelle Jean Vigne, rien de bien original jusqu’ici. J’ai, bien entendu, un métier en parallèle de mes activités d’auteur, dans l’informatique et l’électronique, des centres d’intérêt qui me passionnaient plus jeune, un peu moins aujourd’hui. À côté de mon travail, j’ai toujours fréquenté d’un pied le monde de l’imaginaire (j’espère un jour pouvoir y planter les deux pieds, définitivement… mais cet espoir se transforme doucement en rêve au fil des années qui passent).

Ainsi, à la fin de mon Bac, j’étais à deux doigts de m’inscrire pour les beaux-arts. J’avais un certain don pour le dessin, sans révolutionner le genre non plus, restons modeste. Vous pouvez d’ailleurs découvrir certains de mes travaux dans l’Ebook Jeïs, le chemin de la liberté, chez les éditions du Petit Caveau. La réalité m’a rattrapé et j’ai fini, quelques années plus tard, dans une belle multinationale à produire de quoi abétifier le monde… oups, pardon, je voulais plutôt dire rendre le monde meilleur… En même temps, après un passage de 14 ans dans le monde musical, j’ai fini en 2001 par être rattrapé par une vieille envie, celle d’écrire. Envie qui ne me quitte plus depuis…

Votre roman Le dernier vampire vient de sortir aux Éditions du Petit Caveau. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?

Simple. Twilight est arrivé et là, je me suis dit : comment ce roman a-t-il pu avoir un tel succès ? Bon, je ne suis pas non plus (totalement) stupide. Plongés dans cette ère en pleine mutation, les jeunes ont besoin plus que jamais de repères romantiques, de quoi s’accrocher à autre chose que la description pour le moins alarmiste des adultes dirigeants. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui rend attractive la lecture de l’imaginaire. Bref, j’ai décidé d’écrire un roman de vampire selon ma vision particulière, loin des clichés habituels (genre, récupération à la balayette dudit vampire après une exposition au soleil), tout en gardant quand même le fondement de la légende native. Une plus grande force, un besoin de sang. Pour le reste, il faut lire mon roman ;-).

Pourquoi avoir choisi un contexte post-apocalyptique pour ce roman ?

Je pourrais dire, parce que cela n’a pas été fait. Ou encore, car cela collait au besoin de l’histoire. Je vais être plus sincère, l’histoire est venue comme ça, tout simplement, en particulier le bioplasma, déduction logique de l’apocalypse… mais je n’en dis pas plus sur ce sujet. On va sans doute me faire remarquer la mode 2012… mais j’ai écrit mon roman en 2006, bien avant cette grande vague de fin du monde. J’en ai d’ailleurs la preuve pour avoir envoyé ce roman à Mnemos, Mille Saisons, mais aussi, Bragelonne, bien avant qu’il ne sorte leur Dernier Vampire d’un autre auteur, plus connu ;-). Bien entendu, à l’époque, les trois me l’avaient refusé, peut-être pour une raison de qualité, mais surtout, parce que le vampirisme n’était pas trop dans l’air du temps en France… C’est venu peu de temps après. Ensuite, j’ai placé mon manuscrit dans un tiroir et ne l’ai ressorti qu’en 2010, après lui avoir donné un petit coup de jeune par une relecture supplémentaire.

L’aspect scientifique est un véritable pivot du Dernier vampire. Est-ce une manière pour vous de démystifier la créature ?

Tout est dit. Effectivement, je voulais que la créature persiste, mais pas sous la forme habituelle. Dans toute légende existe une réalité plus ou moins grande. Il s’agissait pour moi d’en tirer l’essentiel, le plausible, sans déformer de trop le concept et surtout, sans décevoir les passionnés de cette créature mythique à bien des égards.

Alors que sort votre premier roman sur le thème, quel regard portez-vous sur l’évolution du vampire en littérature ces dernières années ?

Je suis d’une génération intermédiaire, celle où à l’époque (dans les années 80), le vampire restait une créature assoiffée de sang, dont le charme ne servait qu’à manipuler ses futures victimes. Il n’avait rien de généreux et le démon l’habitait. Un tueur dont on s’effrayait à la seule évocation de son nom.

Depuis, par Twilight (et d’autres avant, moins connus), il s’est humanisé. C’est d’ailleurs assez drôle, car dans deux avis émis par des chroniqueurs sur mon roman, j’ai senti une critique sur ce sujet, le héros ayant pour eux des sentiments… un peu trop humain. Mais c’est justement le grand courant de ce siècle (21e), la lutte entre ce pouvoir latent, cette supériorité sur l’Homme, et ce côté plus fragile, cette envie de ressembler à l’être humain. Maintenant, le problème de cette littérature est ce côté répétitif, ce manque d’évolution. On plonge doucement dans de la Bit-Lit à outrance. Une sorte d’Arlequin vampirique qui, à terme, risque de faire imploser le genre par indigestion, mais ce n’est qu’un avis.

Quelles sont vos premières et dernières rencontres avec un vampire (littéraire et / ou cinématographique) ?

Film :
Premier : Vampire, vous avez dit vampire ? C’est vieux, mais c’était si bon, à l’époque. Un grand moment de rigolade, quelques moments de frisson, c’était kitch à souhait.
Dernier : Dark Shadows… C’est jeune, c’est si bon, un bon moment de rigolade, pas vraiment de frisson, mais un petit côté kitch… je me répète ???
Bon, j’ai aussi adoré Blade (le premier), Underworld (l’héroïne surtout ;-)), Dracula de Coppola et j’en passe.
Ah, j’allais oublier l’essentiel… mon autre (première) rencontre avec les vampires côté films (série, plutôt)… Buffy, bien entendu (super moment à manger devant la télé avec ma femme en 1998 en dévorant les épisodes de la saison 1… on n’avait même pas Internet à cette époque, ou tournait encore sous Windows 98, Facebook, le type qui l’a créé était encore en culotte courte sur les bancs de l’école).

Côté livre : Peu de lecture vampirique, je dirais. Je me rappelle d’un bouquin, lu il y a quelques temps : L’historienne et Drakula. Twilight tome 1, aussi… Les derniers, là, pas mal. En fait, presque toute la collection du Petit Caveau, par exemple.

Pour vous, comment peut-on analyser le mythe du vampire? Qu’est ce qui en fait la pérennité ?

La pérennité est assez simple en fait. C’est la seule créature ayant de grands pouvoirs à ne présenter qu’un assez faible pourcentage d’éléments négatifs à sa décharge. N’oublions pas que le pouvoir, sous une forme ou une autre, est l’élément essentiel à quoi aspire inconsciemment tout être humain (ou consciemment pour certaines catégories). Dans mot pouvoir, j’inclus une autre notion, le besoin de reconnaissance d’autrui qui, d’un certain point de vu, peut se définir comme une notion dérivée du pouvoir.

Bref, le vampire n’avait que deux défauts majeurs : craindre la lumière du jour et son besoin de sang. Comme avantage (et pas des moindres), une grande beauté (qui n’en rêverait pas) et qui plus est, bonus ultime, l’éternité… Si vous ajoutez à ce paquet-cadeau force et vitesse surhumaines, que demander de plus ? Peut-être de pouvoir se transformer en brume, le moment venu… Et, cerise sur le gâteau, voilà que des auteurs de la fin du 20e siècle, début 21e, ont eu l’audace de travestir la créature, diminuant allégrement ses défauts majeurs (tout en conservant ses qualités). Il ne craint quasiment plus la lumière du jour (Twilight, pour exemple, ou le vampire ne fait que briller sous le soleil… le pauvre 🙂 ). Quant au sang, il y avait les humains, il y a maintenant les banques de sang. Bref, notre démon caché s’est transformé en parfait romantique, beau (ou belle) comme un dieu (déesse) et éternel, tout comme lui. Un poil cynique, un petit côté bad-boy ou bad-girl. Si l’on ajoute que ce brave vampire est souvent riche comme Crésus (normal, une éternité pour s’enrichir devrait suffire), on a la parfaite quintessence des désirs de l’Homme réuni en une seule créature. Une créature capable, selon son bon désir, de nous transmettre son don.

On peut lui attribuer la capacité de nous procurer deux sentiments contradictoires, mais néanmoins complices : la crainte et le désir. Finalement, le vampire est la créature mythique la plus proche de l’Homme, dépourvu de ses défauts.

Avez-vous encore des projets de livres sur ce même thème ? Quelle va être votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?

Des projets, oui… Tout d’abord, j’ai terminé le dernier tome de la série du Dernier Vampire. Il me faut maintenant le relire, le faire surtout lire par mes béta-lecteurs, etc… Ensuite, j’ai un autre livre sur ce thème, totalement différent, qui viendra plus tard, car j’ai pas mal d’autres romans à écrire avant.
Mon actualité : sortie de mon quatrième roman chez Liv’éditions (style différent). Envoi d’un manuscrit (Thriller) à plusieurs éditeurs.
Je viens de terminer un nouveau roman Fantastique (non non, il ne s’agit pas de vampires). Correction et après… on verra.
Écriture de mon cinquième roman pour Liv’éditions (je dois déjà penser à 2014, sachant que le roman doit être terminé au plus tard pour octobre 2013, ce n’est pas gagné).
Et correction du tome deux du Dernier Vampire avec le Petit Caveau pour une sortie prévue en 2013.

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