Wietzel, Erik. La porte des limbes

Alors que lui et certains des ses condisciples trouvent une source d’inspiration dans le spiritisme, Aurélien, jeune peintre symboliste surdoué, met son art au service d’une entité bicéphale qui semble dormir dans les profondeurs de sa demeure. Une entité surveillée par les Néphilims qui pensent avoir trouvé là l’origine même de leur espèce. Mais les Sélénims, leurs frères et ennemis séculaires, sont également sur la piste de cette créature que l’on nomme Les jumelles. Une créature qui n’est pour autant pas unique, et semble vouée à un mystérieux destin.

La porte des limbes est un roman qui plonge le lecteur au cœur des milieux artistiques parisiens de la fin du 19e siècle, alors que spiritisme et attrait pour le mysticisme battent leur plein. Pour autant, la contextualisation de l’intrigue et la présentation des différents forces en présence risque d’être difficile d’accès au néophyte.

Le roman d’Erik Wietzel plonge en effet ses racines dans le background du jeu de rôle Néphilim, pas forcément facile d’accès si on ne s’y est pas déjà frotté. Un univers qui baigne dans l’ésotérisme, le mysticisme et la magie des éléments, régit par des mystères et relations complexes entre deux groupes séculaires : les Nephilims et leurs cousins Sélénims. J’ai beau avoir joué quelques parties du jeu en question, la mise en situation demande ici une attention de tous les instants, d’autant que la galerie de personnages est dense.

Reste que cette première partie est un écueil à passer qui prend tout son sens dans la suite des évènements, alors que se dénouent peu à peu les fils de l’intrigue. Tous les personnages finissent en effet par converger vers un point unique, et par révéler chacun leurs ambitions, ce qui permet du coup de rendre le propos accessible. Reste que la première partie, volontairement opaque, risque fort de décontenancer certains lecteurs, mais elle pose d’emblée ce roman comme un texte à part.

Il faut également avouer que la plume d’Erik Wietzel a son petit effet, et que l’auteur offre la possibilité aux lecteurs de s’imprégner de l’époque où il a situé son récit, notamment sur le plan artistique et paranormal. Par contre, il faut avouer que la profusion de personnage rend difficile la possibilité de s’identifier à l’un ou l’autre, d’autant que les points de vue changent souvent. On a donc davantage l’impression d’assister à tout cela comme un témoin extérieur.

Le thème du vampire est ici abordé de plusieurs manières, toutes assez originales (et à rapprocher des caractéristiques de certaines races dans le jeu de rôle Néphilim). Ainsi les Sélénims semblent assurer leur longévité en s’abreuvant des affects des êtres humains, chacun ayant sa préférence (le sexe, l’inspiration artistique, etc.). D’autant que l’entité qui habite les corps des deux races n’est pas sans rappeler la manière dont certains univers (je pense à Vampire : La Mascarade) envisagent le vampire.

Un roman à l’univers original quand on ne connaît pas Néphilim, et représentatif de l’univers en question pour les autres. Il peut être assez difficile de passer le cap de la première partie du récit, qui pose les choses de manière assez trouble. L’univers finit cependant par se dévoiler au fur et à mesure, et sera donc plus compréhensible pour le lecteur lambda.

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