Marigny, Jean – Du Chéné, Céline. Dracula, prince des ténèbres

Le Vampire a la fâcheuse habitude d’échapper à la tombe pour revenir boire le sang des humains – plus encore celui des fraîches jeunes filles. Nous le savons depuis l’extraordinaire succès du roman Dracula de l’Irlandais Bram Stoker paru en 1897. Ce roman nous en apprend beaucoup sur les fantasmes de son auteur et de la société victorienne.

Il s’inscrivait toutefois dans une tradition longtemps occultée ou négligée qui traverse la littérature et la mémoire populaire depuis l’Antiquité – bien avant qu’un certain Vlad l’Empaleur, dit « le Dragon » (Dracul), prince de Valachie (actuelle Roumanie), ne devienne personnage de légende au XVe siècle. Mort vivant, amoureux et princier, Dracula appartient à la culture européenne. Jean Marigny et Céline du Chéné suivent sa trace et montrent son prodigieux pouvoir de métamorphoses.

Décidément Jean Marigny est sur tous les fronts en ce moment. Après un essai chez Klinksieck consacré au mythe du vampire de manière globale, voilà que notre émérite spécialiste des vampires s’attaque cette fois-ci au personnage de Dracula. J’avoue ne pas vraiment être à la base un très grand amateur d’essai, je suis plis réceptif à la littérature narrative. Mais certains auteurs arrivent à accrocher mon attention sur le sujet des vampires, même si je connais maintenant pas mal des sujets abordés dans ce type d’ouvrage. Jean Marigny est de ceux-là.

Tout d’abord je voue une grande admiration pour le monsieur, qui se consacre maintenant depuis de nombreuses années au mythe des vampires. Et force est d’avouer, au fil de ses ouvrages, qu’en plus d’avoir une grande connaissance de la culture liée au mythe (chaque livre de Jean Marigny me permet de faire connaissance avec de nouvelles références littéraires ou cinéma sur le sujet), l’auteur à une manière de présenter les choses, un je ne sais quoi dans son style qui capte d’emblée le lecteur.

Ce livre ne fait pas exception à ce ressenti car l’auteur, associée à Céline du Chéné, embrasse de manière étendue ce qui constitue le mythe de Dracula, ces liens avec le mythe du vampire comme la manière dont le mythe s’est constitué à partir du personnage historique pour aboutir à cette figure populaire qu’on connait. De manière à donner une vision complète du propos, les auteur entrecroisent fortement Dracula et les vampires, que ce soit au niveau de la constitution du mythe que des références choisies. Une manière qui leur permet de nous faire partager des romans, films et autres nouvelles peu connues, voire jamais traduites par chez nous.

Mais c’est surtout le cinéma qui a la part belle au niveau culturel dans cet ouvrage, ce qui au vu de la cristallisation du personnage, érigé en une sorte d’archétype, n’est pas vraiment une surprise et est surtout très bien mené par les auteurs qui explorent les différentes versions du roman comme les évolutions du personnage à travers l’histoire du cinéma.

L’ouvrage se conclut au final sur une très intéressante composition psychologique et psychanalytique sur Dracula et les vampires, qui tente de donner les raisons du succès du comte transylvain et de ses comparses buveurs de sang. Il s’agit également de donner des éléments de réponse sur les métaphores et personnifications induites par les vampires, ainsi que le besoin que semble éprouver l’Homme de redonner sans cesse vie à cette créature ni vivante ni morte qu’est le vampire.

Un ouvrage chaudement conseillé pour qui désire aller au-delà des romans et du cinéma, et découvrir un pan de ce qui se cache derrière le roman de Bram Stoker et son indissociable vampire.

Une réponse à Marigny, Jean – Du Chéné, Céline. Dracula, prince des ténèbres

  1. Necuratieles dit :

    p.61, il faut lire "Roland Villeneuve" comme biographe de Gilles de Rais et non "Roger Villeneuve"…

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