Collectif, dirigé par Jacques Finné. Trois saigneurs de la nuit, tome 1

Malgré l’abondance de matière, pas plus le vampire que les autres membres de sa famille, goules, loups-garous, n’ont connu, en France, un destin digne de leur importance : quatre anthologies thématiques seulement, une goutte d’eau puisée dans l’océan. Trois saigneurs de la nuit en extrait une autre goutte, sans pour autant assécher la source. Mais, avec ces huit récits (pour la plupart inédits en langue française et, de toute façon, proposés ici dans une traduction nouvelle de Jacques Finné), nous pensons offrir au lecteur d’appréciables frissons nocturnes. Ils sont dus à la plume d’auteurs parfois familiers au lecteur français (Richard Matheson), parfois inconnus (Clémence Housman, dont c’est l’unique incursion dans le fantastique), parfois scandaleusement méconnus (Charles L. Grant, Manly W. Wellman, Hugh B. Cave). Et que notre lecteur ne se désespère surtout pas, une fois lue la dernière page de l’anthologie : il reste un océan à vider, s’il le désire.

Le résumé de la quatrième de couverture de ce premier recueil de la trilogie Trois saigneurs de la nuit vous aura déjà renseigné sur une chose : cette anthologie n’est pas de toute première jeunesse. Paru au milieu des années 80, ce premier opus était en effet une petite innovation du genre. Jacques Finné est reconnu comme un anthologiste passionné, à même de proposer des textes à la fois passionnants et méconnus, notamment pour les éditions NéO (Nouvelles Editions Oswald). C’est d’ailleurs chez ces même éditions NéO qu’est sorti ce premier recueil, qui se consacre à trois figures incontournables de la littérature fantastique : la goule, le loup-garou et le vampire.

Les différentes nouvelles choisies sont de très bonne qualité, quel que soit le sujet. Je ne suis pas un grand amateur de textes lycanthropiques, mais Fourrure Blanche, qui nous plonge dans une région glacée, dans une famille qui va faire une bien funeste rencontre, m’a tenu en haleine. Pia, l’autre nouvelle mettant en scène des loup-garou m’a quant à elle, littéralement surpris. Cette histoire de couples enfermés dans une même pièce pour démasquer la présence d’un potentiel loup-garou parmi eux est riche de retournements de situation… et ce jusqu’à la fin.

Les goules et les vampires ne sont pas en reste. Les différents auteurs ont des idées intéressantes et des plumes aussi variées qu’efficaces. Chaque histoire à son propre référentiel, son propre univers, mais chacune est une réussite. Je ne connaissais aucun des textes ici en présence, et aucun ne m’a déçu. Quietly, Now, qui met un auteur en présence avec d’étranges disparitions d’enfants est ainsi une variation réussie et rythmée sur le thème de la goule, avec une fin d’une noirceur pour le moins savoureuse.

A mon grand bonheur, la partie vampirique de ce premier recueil de la série est dominante (5 nouvelles sur les 8 qui constituent le recueil). La première de ces histoires, Pendant que luisait la lune va voir Edgar Poe manquer de tomber sous la coupe d’une créature de la nuit, à l’occasion de recherches pour une de ses histoires. J’apprécie beaucoup ce genre de texte qui mettent en scène des romanciers de genre, et force est d’avouer que Manly W. Wellmann s’en sort bien. Son vampire a quelques atours classiques mais la manière dont il réagit à la lumière est assez novatrice et bien utilisée par l’auteur.

Stragella de Hugh B. Cave est quant à elle une nouvelle qui mêle le mythe du vampire avec celui du Hollandais Volant. Une idée assez originale et des vampires pour le moins malins auxquels vont être confronté deux naufragés.

Le docteur Porthos de Basil Copper obéit à des ressorts plus classiques au niveau du vampirisme, mais c’est de la narration que viendra l’originalité, car la fin est aussi surprenante que bien amenée. Pour le reste, le lecteur y découvrira une jeune femme prise de langueur depuis que son mari à décidé d’investir, pour respecter un testament, une vieille propriété familiale.

Le cercueil Z14 de Gaston Compère clôt donc cette partie du recueil. On y fera connaissance avec un narrateur vampirique (près de 10 ans après le Entretien avec un vampire d’Anne Rice) aux prises avec une de ses victimes. Le héros à ceci de particulier qu’une des faiblesses habituelles des vampires ne l’atteinte pas, et qu’il dirige une entreprise de pompe funèbre, ce qui lui a permis de mettre au point le fameux cercueil Z14, un moyen idéal pour faire disparaître toute trace de ses victimes.

Ce premier volume de trois anthologies est donc rigoureusement indispensable à tout amateur de littérature vampirique. Introduit pas Jacques Finné himself (qui propose aussi bien un historique folklorique que littéraire des créatures mises en scènes), et ne proposant pas les habituels classiques mais bien des textes rares, ce recueil ne possède pas de faiblesses, si ce n’est qu’il peut être difficile à dénicher.

2 réponses à Collectif, dirigé par Jacques Finné. Trois saigneurs de la nuit, tome 1

  1. mickael lebrun dit :

    je suis à la recherches des trois tomes depuis des années savez vous ou je puis les acheter. merci de me répondre au mail suivant lebrun.mickael@ neuf.fr

  2. vladkergan dit :

    Les 3 tomes de cette anthologie apparaissent régulièrement sur Ebay, à des prix très corrects : livres-bd.shop.ebay.fr/it…

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