Reeves, Matt. Laisse-moi entrer. 2010

Depuis que ses parents ont entrepris de divorcer, Owen vit seul avec sa mère dans un petit appartement de la banlieue de Los Alamos. Couvé par sa mère bigote, Owen est martyrisé par trois de ses camarades de classe, qui lui infligent sévices et brimades à répétition. Alors qu’il s’enferme dans la solitude, il va faire la connaissance d’Abby, une mystérieuse jeune fille qui a emménagé dans son immeuble avec son père. Dans le même temps, des meurtres sont commis dans les environs, meurtres dont on retrouve les victimes complètement vidées de leur sang. Faut-il y voir les exactions d’une secte sataniste, comme le pense l’inspecteur chargé de l’affaire, ou quelque chose de moins terre-à-terre ? C’est quand Owen découvre ce qu’est réellement Abby que les morceaux du puzzle commencent à s’emboîter pour lui…

Le film de Thomas Alfredson avait été un de mes coup de cœur vampirique 2009, pour ne pas dire le film de la décennie pour le thème. En effet, voilà des années qu’aucun réalisateur n’avait su me captiver autant, secondé par un duo d’acteurs certes inconnu mais extrêmement convainquant. Qu’il s’agisse de sa photographie, de sa bande-son, de sa réalisation ou de son scénario, Morse est en effet un pur chez d’œuvre. Aussi avais-je accueilli la nouvelle d’un remake signé Matt Reeves (Cloverfield) avec pas mal de doutes, même si ce remake ce faisait sous l’étendard de la Hammer, fraîchement revenue sur le devant de la scène.

Alors que je sors à peine de la salle de cinéma, je dois dire que mes hésitations principales se sont avérées exactes. Le film de Matt Reeves s’avère en effet quasiment inintéressant pour qui aurait vu celui d’Alfredson. Autant je n’ai pas retrouvé la copie-conforme dont on m’avait parlé (Reeves supprimant certaines scènes et en rajoutant d’autres, tiré du livre ou de sa vision de l’histoire), autant il faut avouer que Laisses-moi entrer ne procure pas les sensations de son prédécesseur. Les paysages glaciaux de la Suède ont été remplacés par les étendues givrées du Nouveau Mexique, qui s’avère nettement moins convainquant. L’image est bien moins hypnotisante, les acteurs moins transcendants (je ne suis pas franchement convaincu par la prestation de Chloé Moretz, mais le fait d’avoir vu le film en VF – pas moyen de le voir en VO par chez nous – y est sans doute pour quelque chose.

Certains apports sont certes intéressants, qu’il s’agisse des lieux comme cette cave d’immeuble, de personnages comme l’inspecteur, etc. Mais d’autres choix sont nettement plus discutables, qu’il s’agisse de parallèle entre certains personnages, l’absence quasi-totale du père de Owen, etc. Le personnage du faux-père est à cet égard bien moins crédible, car les scènes auxquels il participe sont à la limite du grotesque, alors qu’on était davantage dans le registre de la maladresse pour le précédent film.

Reeves a également choisi d’appuyer davantage sur l’aspect fantastique du film, à grand-renfort d’effets spéciaux. Du coup, Abby apparaît certes plus démoniaque que dans le film original, mais de manière bien plus académique, et ce n’est pas la bande-son aux forts relents de La Malédiction qui va aider le spectateur a se débarrasser de cette impression de déjà-vu. L’aspect social du film est également réduit à une peau de chagrin, le groupe de laissés pour compte qui croise le chemin d’Eli chez Alfredon disparaissant ici complètement au profit de personnages déconnectés les uns des autres et absolument pas dans le même registre.

Le mythe du vampire est abordé de la même façon que dans le film d’Alfredson. Abby est donc une vampire dont l’âge physique n’excède pas 10 ans, mais qui vit depuis très longtemps. Elle a besoin de sang pour survivre, du sang que le vieil homme qui se fait passer pour son père lui amène aussi régulièrement que possible, même s’il doit pour ça tuer encore et encore. Abby ne possède pas de pouvoirs particuliers, si ce n’est une force hors du commun, et la capacité de se déplacer à une vitesse incroyable, à tel point qu’on l’imaginerait presque voler. Elle craint par ailleurs la lumière du soleil et ne peut pénétrer dans un logement sans y avoir été au préalable invité.

Très grosse déception que ce remake qui, s’il n’est pas a proprement parler mauvais, n’apporte strictement rien de neuf par rapport à celui de Thomas Alfredson, contrairement à ce qu’on nous a seriné tout au long de la campagne de communication sur le film. Reeves ne parvient pas à surprendre le spectateur, malgré quelques appropriations et figures narratives de son cru. J’imagine que mon attachement à Morse peut jouer sur mon avis, et que des cinéphiles découvrant cette histoire via le remake pourront apprécier, mais son intérêt est pour moi réduit à un quasi-néant.

Reeves, Matt. Laisse-moi entrer. 2010 Reeves, Matt. Laisse-moi entrer. 2010 Reeves, Matt. Laisse-moi entrer. 2010

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