Valls de Gomis, Estelle. Les Gentlemen de l'Etrange

S’imprégnant d’une atmosphère feutrée typiquement Victorienne, les péripéties de l’insolite duo que forment Manfred Gladstone et Wolfgang Bloodpint ne manquent pas de surprendre de par leur variété : sur les traces d’un fou dangereux ou de quelque esprit fantomatique, du Kraken à bord d’un navire, d’un Wendigo en Amérique du nord … le vampire répond bien entendu présent sur la liste des figures fantastiques croisant le chemin des deux dandys.

Sur les neuf histoires que propose l’ouvrage, deux sont en effet explicitement lié au vampirisme. La première, le Zburator, confronte nos enquêteurs de l’étrange à une société secrète s’adonnant à des pratiques ésotériques. Les membres de l’organisation nourrissent pour dessin de sacrifier un vrai vampire au cours d’une de leur cérémonie. Gladstone et Bloodpint tenteront l’impossible pour sauver le dénommé Arpad Nocturnaeru du funeste sort le menaçant. La seconde met en scène vampire, zombies et loups-garous dans une intrigue prenant pour cadre Venise. Les Gentlemen devront mettre un terme aux activités machiavéliques du professeur Follenfant et de ses expériences hérétiques.

En dehors des deux histoires précitées, les références à la culture vampirique ne manquent pas d’agrémenter les autres récits. C’est ainsi que le lecteur se surprend à côtoyer des personnalités telle que Bram Stoker ou visiter des lieux bien connus comme le cimetière de Highgate au détour de certaines pages.

Brume, absinthe et l’incontournable Scotland Yard sont donc au programme de l’univers haut en couleur décrit par une Estelle Valls de Gomis des plus inspirée. Les amateurs d’enquêtes à la Sherlock Holmes et de mystères ne pourront qu’être séduits. Humour, séduction et légèreté ne sont pas en reste, apportant de l’épaisseur à la personnalité des deux héros principaux mais aussi à leur entourage. Impossible en effet de ne pas citer l’intrigante mais néanmoins charmante Mademoiselle Wilhelmine, gouvernante de son état à l’indispensable touche féminine ou encore Ernest, la souris de bibliothèque surdimensionnée et douée de parole.

Original bien que truffé de clins d’œils piochés dans l’inépuisable vivier de la culture populaire, Les Gentlemen de l’Etrange est un premier recueil, illustrée par l’auteure elle-même (du moins pour sa version originale chez Le Calepin Jaune), idéal pour passer de bons moments de lecture. Les amateurs d’histoires à connotations vampirique et fantastique trouveront forcément leur compte dans ce brassage réussi de genres. Á noter que la suite des péripéties du duo Londonien est prévue pour une sortie prochaine.

2 réponses à Valls de Gomis, Estelle. Les Gentlemen de l'Etrange

  1. Vladkergan dit :

    Je n’avais pas eu l’occasion de lire ce recueil d’Estelle Valls de Gomis lors de sa première parution au Calepin Jaune, la récente réédition par Black Book Edition me donne ainsi l’occasion de me pencher sur ce recueil à l’ambiance délicieusement victorienne, ce qu’un amateur du Dracula de Stoker et des oeuvres de Conan Doyle comme moi ne peut qu’apprécier.

    A la manière d’une Ligue des Gentlemen extraordinaire, Estelle narre donc les aventures de deux enquêteurs du paranormal, dont le petit groupe est complété d’une gouvernante friande de sorcellerie et d’une souris géante, issue d’un monde parallèle.

    L’ensemble est plus que sympathiquement écrit, bourré à la fois de références littéraires (à l’oeuvre de Doyle, à celle de Stoker, de Tolkien, etc.) et a des figures monstrueuses variées (Wendigo, Kraken, vampires, etc.) qui sont utilisées avec une bonne connaissance des sujets et un recul suffisant pour proposer plus qu’un simple pastiche.

    Estelle Valls donne ainsi vie à un univers et des personnages qui, s’ils croisent régulièrement des ambiances ou des personnages connus des amateurs du genre, n’en ont pas moins leurs propres objectifs et idéaux.

    Vampiriquement, c’est le personnage du Zburator Arpad Nocturnaeru qui pose sa marque sur ces nouvelles, devenant par deux fois partie intégrante du récit. On s’éloigne du vampire littéraire, Nocturnaeru tenant plus du vampire psychique (il épuise ses victimes), même s’il conserve une certaine préférence pour les jeunes femmes. Il n’en éprouve pas moins la morsure du soleil, et ne semble pouvoir se mouvoir librement que la nuit venue.

    Le recueil nous donnera également l’occasion de croiser la route de Bram Stoker par deux fois, notamment à Whitby, dont il fera visiter le cimetière à Manfred et Wolfgang. Le cimetière de Highgate, que les amateurs du genre connaissent autant pour son importance dans le roman de l’auteur précité que comme lieu d’une affaire de vampirisme assez récente, est également le théâtre d’une des aventures du recueil.

    Cette réédition au format poche permet enfin à ceux qui n’avaient pas eu l’occasion de découvrir ce premier opus de découvrir l’original à la fois original et remplis d’hommage des Gentlemen de l’Etrange, dont une suite serait en préparation. On ne peut que l’attendre avec hâte maintenant.

  2. Acr0 dit :

    J’ai apprécié la quantité de clins d’oeil de la part de l’autrice, sans que cela n’alourdisse son récit. Les nouvelles me paraissent un peu courtes mais j’ai aimé suivre le duo de dandys dans leurs péripéties.

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