Hébert, Anne. Héloise

Bernard et Christine vont se marier. Un couple de jeunes gens d’aujourd’hui, un mariage d’aujourd’hui, un bonheur apparemment sans histoires. Mais, dans le métro parisien, Bernard rencontre Héloïse. Dès lors, son existence dérive vers un autre univers, vers un autre temps, loin du monde ordinaire. Au bout de cette dérive, Bernard trouvera-t-il l’accomplissement de sa mort?

Voilà un mystérieux roman vampirique, présent sur de nombreuses listes, dont celle, inestimable pour l’amateur qui débute, de l’ami Sparks. Il m’aura fallut de nombreuses années pour enfin le décider à acheter ce roman d’Anne Hébert, dont le résumé ne donne pas vraiment l’impression d’avoir un roman de vampire entre les mains. Les Editions du Seuil n’étant pas franchement habituées au genre fantastique, j’étais donc doublement dubitatif devant le roman d’Anne Hébert. Bien m’a pris cependant d’entamer sa lecture, car ce (certes court) roman possède des qualités indéniables.

La plume de l’auteur, qui porte une grosse partie de l’intérêt du livre, est vraiment très agréable, tantôt poétique et onirique, tantôt plus concrète et réaliste. De quoi donner vie avec un certain brio à la longue descente aux enfers de ce jeune couple. Le personnage d’Héloise est à cet effet très bien amenée, l’hésitation fantastique-réalité (qui porte surtout sur elle) mettant un certain temps à pencher d’un côté de la balance plutôt que d’un autre. Ce roman a certes les faiblesses de sa courte taille, faiblesses qu’elle tourne ceci dit à son avantage, la sobriété du background des personnages amplifiant l’ambiance froide dans laquelle baigne l’histoire

Vampiriquement parlant, on est ici à mi-chemin entre le vampirisme classique et un certain vampirisme psychique. Sa rencontre avec Héloise va en effet transfigurer Bernard, qui va peu à peu se couper des réalités du monde et de la modernité, refusant le manque d’âme qui aseptise ceux et ce qui l’entoure. C’est Héloise qui matérialise ce changement, Héloise qui va se révéler être plus qu’une rencontre fortuite. On découvre également ici des vampires qui ne rechignent pas à se nourrir de sang d’animaux, même si la noblesse de cette nourriture est mise en cause par une partie d’entre eux. Certains vampires semblent concevoir comme un jeu la recherche de leur victime, se livrant à une sorte de jeu à taille réelle dont les humains seraient les pions. Les vampires semblent également posséder ici certains pouvoirs, dont une force de persuasion qui leur permet de forcer la main à leurs victimes.

Un roman loin d’être inintéressant porté pas une plume maîtrisé. De quoi sortir un instant de la surproduction actuelle et se rappeler que la littérature vampirique de qualité ne date pas d’hier.

2 réponses à Hébert, Anne. Héloise

  1. mionastia dit :

    c’est en tapant "vampire" sur blog search que je suis tombé sur ce blog : je voulais juste savoir si les qualités (ou défaults) décrits ici , que possèdent les vampires (ou le) de ce livre là sont "générales" ou si c’est spécifique à ce livre là ? parce que comme toute adolescente de 17 ans ( débile ? ) qui se respecte , j’ai lu "Twilight " , et j’ai reconnu en lisant ce bref résumé du livre dont vous parlez , les qualités (ou défaults ) énoncées dans Twilight (à propos des vampires) : je sais que Twilight n’est pa une "réussite" littéraire au même titre que "Le père Goriot " ZOLA , mais je voulais savoir si stephenie meyer ne s’était pas inspirée du livre dont vous parlez ?

    ps : désolé si je me suis embrouillée dans mes propos

  2. Vladkergan dit :

    Mis à part cette idée que les vampires peuvent boire du sang d’animaux (ce qui ne date pas d’hier comme idée en littérature, Stephenie Meyer est loin d’être la première à avoir abordé ce thème), il n’y a strictement aucun rapport entre les deux œuvres.

    Ici, les vampires sont capable de jouer pendant des mois avec leur proie avant d’en finir avec celles-ci, ce qui n’est pas franchement le cas dans Twilight.

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