Collectif. Philoséries : Buffy tueuse de vampires

Buffy est davantage qu’une série. Il s’agit d’une œuvre emblématique de toute une génération d’adultes et jeunes adultes, dans son pays d’origine comme chez nous. Une œuvre aussi importante sur le fond que sur la forme, qui a ouvert la voie à d’autres. Ce recueil d’articles, rédigés par des professeurs et chercheurs en philosophie, lettres, psychologie et sociologie à partir de leurs interventions dans le cadre d’une journée d’études sur la Tueuse de Sunnydale, permet de passer de l’autre côté du voile et de justifier le succès de la série par le travail apporté par ses créateurs sur les personnages et leurs affects.

Aux États-Unis, les séries du petit écran sont une matière très prisée des universitaires, comme le prouvent le nombre colossal de colloques et publications sur le sujet, à commencer par Buffy contre les vampires, qui semble cristalliser cet intérêt. En France, à part la traduction de Buffy : La Tueuse comme guide spirituel, rares (voire inexistantes) étaient à ce jour les essais et études sur la série de Whedon, si on laisse de côté tout ce qui est de l’ordre du guide (non-)officiel. Ce recueil, qui inaugure au passage une nouvelle collection des éditions Bragelonne, est donc une première dans le genre, qui se place dans la continuité des Omnibus des romans consacrés à la Tueuse.

Ce qui ressort de ces différents articles, c’est à n’en pas douter l’intelligence du propos. Whedon propose aux adolescents une série qui met en scène des adolescents, tout en quittant le giron purement réaliste des séries qui existaient jusque-là pour ce public, et lorgner davantage du côté de l’ambiance fantastique d’un X-Files. Le recours au surnaturel permettant de nombreux jeux de miroirs et métaphores sur les crises et problématiques rencontrées par les spectateurs, qu’il s’agisse de la sexualité, du passage vers le monde adulte…

Buffy est à n’en pas douter une série initiatique, dans laquelle les personnages sortent à chaque fois grandis des épreuves qu’ils rencontrent, même si la souffrance est souvent de mise pour passer un cap. Et ce, qu’il s’agisse de sexualité, de vie professionnelle/sociale, du cycle de la vie, etc. Qu’on prête à Joss Whedon des ambitions conscientes (ou pas) chez ce dernier, force est de constater qu’un ouvrage de la sorte permet de se rendre compte des multiples niveaux de lecture de la série, qui progresse en même temps que son public grandit.

Si toutes les interventions ne sont pas du même niveau (je trouve ainsi que l’ouverture de Sylvie Allouche sonne trop comme une synthèse des articles qui vont suivre), on ne peut qu’apprécier le niveau des articles intégrés ici, qui force le lecteur à se confronter avec les univers imaginaires qu’il apprécie pour faire face aux réalités qui se cachent derrière ce monde imaginaire et surnaturel. Mention spéciale pour les articles d’Anne Besson et de Pascale Molinier, qui sont clairement les deux temps forts de l’ouvrage, explorant pour la première l’impact qu’a eu la série sur les créations actuelles, et pour la seconde les nombreuses mises en scène des sexualités dans les 7 saisons de la série.

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