Coppola, Francis Ford. Dracula. 1992

En 1492, le prince Vlad Dracul, revenant de combattre les armées turques, trouve sa fiancée suicidée. Fou de douleur, il défie Dieu, et devient le comte Dracula, vampire de son état. Quatre cents ans plus tard, désireux de quitter la Transylvanie pour s’établir en Angleterre, il fait appel à Jonathan Harker, clerc de notaire et fiancé de la jolie Mina Murray. La jeune fille est le sosie d’Elisabeta, l’amour ancestral du comte…

Tâche difficile que de chroniquer le Dracula de Coppola, tant l’adaptation du roman de Bram Stoker qu’il constitue continue encore de faire couler de l’encre chez les amateurs du roman original.

En tout objectivité, et si l’on considère le film comme une œuvre dissociée du roman du même nom, le Dracula de Coppola est un des plus beaux films de l’histoire du cinéma. Épique, sanglant, romantique, fantastique, gothique, le film de Coppola est une superbe démonstration des talents du maître, qui donne, via une réalisation éminemment efficace et des trouvailles visuelles à foison, une incroyable puissance d’évocation à ce film.

Ensuite, sur le plan de l’adaptation, force est d’avouer que si certains de Coppola collent indéniablement bien à la trame originale, d’autres semblent beaucoup plus… commerciaux. A commencer par la tonalité romantique du film, qui déplace l’intrigue originelle autour de l’histoire d’amour entre Dracula et Mina, jusqu’à un final certes visuellement superbe, mais trop soap-esque pour beaucoup de puristes. La liaison que dresse Coppola entre l’histoire et la légende, et ce dès cette introduction en note d’orgue, est pour le moins bien pensée, même si ce lien est nettement moins mis en avant dans le roman original.

Que dire du statut des vampires de ce film, si ce n’est que Coppola respecte à la lettre les caractéristiques mises en place par Stoker dans son ouvrage ? Toutes, ou du moins la majorité, des scènes imaginées par l’auteur irlandais pour donner vie au mythe sont ici portées avec un impressionnant savoir-faire visuel, de la scène entre Jonathan et les trois vampiresses à la lente agonie de Lucy.

En bref, Coppola signe ici une des plus belles réussites du septième art, même si l’adaptation du roman est parfois un peu trop sous-tendu par une ambiance romantique absente du livre de Bram Stoker. A regarder quoi qu’il en soit, car c’est un film passionnant qui fait date dans l’histoire du cinéma vampirique.

Coppola, Francis Ford. Dracula. 1992 Coppola, Francis Ford. Dracula. 1992 Coppola, Francis Ford. Dracula. 1992

22 réponses à Coppola, Francis Ford. Dracula. 1992

  1. Diégo dit :

    Un chef d’oeuvre, depuis ce film, je trouve que rien ne lui est égalé……
    Tout est bon, le scénario, les acteurs, les décors……Rien à dire ni à rajouter : du 20/20

    Tout à fait fabuleux……..

  2. 3skell dit :

    Très beau oui, mais effectivement, lire d’abord le livre puis voir le film incite à crier "trahison!" tant l’esprit du bouquin est malmené.

    La romance "hollywoodienne" entre Drac et Mina est un exemple, mais également le côté très américain des relations entre personnages. Chez Bram Stoker, c’est le grand respect typiquement anglais des personnages les uns envers les autres, dans la dignité et le raffinement verbal et écrit. Chez Coppola, ça se "tape sur le ventre", ça s’insulte et ça ricane… Dommage.

  3. Sean Moore dit :

    Le film est plastiquement superbe mais je trouve dommage que le personnage de Dracula lui-même soit quelque peu noyé au milieu d’un déluge d’effets assez gratuits ( pourquoi diable les rats courent-ils au plafond dans son château ?!? Pourquoi son ombre ne peut-elle pas se tenir tranquille ?) qui finit par nuire à sa présence maléfique, élément fantastique central du livre de Stoker. Le vampire devient finalement un élément anecdotique au milieu d’un univers livré au fantastique dès les premières images (Harker, pas plus étonné que ça de trouver un christ à tête de loup sur la route du château Dracula)…ceci dit, le film n’en est pas moins excellent et se suit avec émerveillement, ce qui, sommes toutes, est le but recherché. Mais je ne retrouve pas du tout, malgré une évidente volonté de fidélité , l’esprit du roman de Stoker.

  4. selkiboi(poke)delo dit :

    Voici un film sombre, lyrique, érotique. Un plaisir.

    Un casting de rêve : Keanu Reeves pour Jonathan, Harker Hopkins excellent dans son rôle de Van Helsing, Gary Oldman tout simplement envoutant en Dracula… ce film est un pur moment avec un coté très sombre et extrêment romantique.Le diable n’a t-il pas le droit d’aimer ?

  5. laudanum dit :

    C’est vrai que le Dracula de Francis Ford Coppola est la référence de l’adaptation du roman, le film y colle à la page prés^^…un vrai bonheur.

  6. Katan dit :

    Ce film m’a donné envie de pendre Coppola…c’est vous dire. Et à tel point que je déteste ce nom (malgré son talent indéniable).

    Ce film est purement et simplement une adaption commerciale d’un livre mythique pour tout amateur de Nosfératu!
    L’histoire se déroule en pleine Angleterre Victorienne, et là qu’est-ce qu’on y voit? Deux jeunes filles de bonne famille qui: lisent du porno, font des sous-entendu sexuels en plein milieu d’une réception huppée, entretiennent une liaison homosexuelle…c’est que des plans pour vendre le film aux ado qui ont une explosion hormonale!
    Dracula qui se balade dans Londres en lunettes mauve…qui saute Lucy sous forme de loup…et qui retrouve la réincarnation de sa femme, dans la femme de son chargé d’affaire immobilière…raaaah mais non, non et non.
    Face à une oeuvre comme le Dracula de Stoker, on s’efface et on pense aux vrai fan, les puristes (casse-couille je l’admet lol) qui veulent voir naître ces personnages d’encre à la vie de chair et de sang (surtout).
    Vous l’aurez compris je n’aime pas ce film lol

  7. Lucy Westenra dit :

    Ce film m’a donné envie de voir toutes les oeuvres de Coppola…c’est vous dire. Et à tel point que j’encense ce nom (il a un talent indéniable). 😉 (Désolée Katan si je m’inspire largement de ta critique)

    Pour ma part, le Dracula de Coppola est mon film culte par delà le temps, c’est d’ailleurs de ce jour que je me suis passionnée pour ce mythe! Il est vrai que j’étais une adolescente "en pleine explosion hormonale" pour reprendre les termes de Katan (dont j’ai aimé la critique malgré tout) à l’époque de sa sortie, mais à vrai dire, je me rappelle bien avoir été fascinée par la photographie, la musique, la mise en scène, et l’histoire même. L’introduction du personnage historique m’avait beaucoup intriguée et m’avait donné envie d’en apprendre plus sur la génése du roman.
    Aujourd’hui, son impact n’est plus aussi fort qu’à sa sortie puisqu’on était à ‘époque en présence du premier gros blockbuster, avec effets spéciaux et merchandising associés. Mais il reste indéniablement original dans le traitement de la personnalité de Dracula (bourré de remords, souffrant de sa condition…), et finalement, l’histoire d’amour insérée dans l’histoire n’est pas choquante, elle s’intègre parfaitement même.
    Grâce à ce film, je suis devenue une Draculophile (et une puriste?) et pour moi, il reste simplement une enième interprétation du film largement inspirée par le roman de Stoker, réussie brillamment et d’une poésie que personne pour l’instant n’a su égaler dans ce domaine (et pourtant, j’aime beaucoup Entretien avec un vampire!).
    A noter pour les fans comme moi la sortie d’une édition Deluxe 2 DVD spéciale anniversaire à l’occasion des quinze ans de la sortie du film, avec scènes coupées entre autres…

    Love Never Dies

  8. selkiboidelo dit :

    Il me semble que malgré ce qu’en dit Katan, ce film ne l’a de toute évidence pas laissé indifférent…

    Je rejoins Lucy, il s’agit d’une interprétation d’une œuvre écrite vers une œuvre cinématographique, il est donc évident qu’il y a adaptation, et donc une interprétation de Coppola.

    L’interprétation a pour fonction d’élucider le sens d’un texte ou d’un acte, (« interpréter un morceau de musique consiste à le donner à entendre. »).

    L’interprétation a t elle pour fin de fixer le sens c’est-à-dire de l’arrêter, ou au contraire de donner accès à un foisonnement de sens caractéristique de la réalité de l’œuvre ? Je pense donc qu’il ne faut pas regarder cette œuvre visuelles comme l’œuvre écrite. Il s’agit de deux arts différents.

  9. yodazen dit :

    Ne demandez pas à Hollywood de mettre en scène un mythe typiquement européen! "Dracula", le livre, imposerait presque un film à sketches, puisqu’il s’agit d’une suite épistolaire. Alors, comment créer un lien, comment donner l’illusion d’une certaine continuité? La forme choisie par Bram Stocker s’adapte parfaitement au mythe qu’il décrit. D’un point de vue cinématographique, cela me semble "intraduisible".

  10. Polma dit :

    Moi personnellement j’ai adoré le film et je ne me lasse pas de le revoir, je suis même aller au cinéma lle jour de sa sortie alors que je n’avais pas l’âge autorisé.

  11. Chérifa L dit :

    Je pense qu’il faut bien différencier le Dracula de Coppola, du Dracula de Stoker. Ce sont en effet deux œuvres bien distinctes: le film ne colle pas au livre mais ça ne l’empêche pas d’être excellent (à mon avis bien sûr). J’aime le travail des acteurs: Goldman a fait de Dracula un être sensible, ce qui transforme le mythe certes, mais d’une façon intéressante (Je me demande d’ailleurs si Coppola n’a pas pioché du coté d’Entretien avec un vampire -livre bien sûr- sur ce coup ci).
    La seule vraie adaptation du livre de Stoker reste Nosferatu de 1922. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’apprécier la version de Coppola ^^

  12. Senhal dit :

    Ce n’est pas parce que Nosferatu date de 1922 que c’est plus "une vraie adaptation", il n’y a rien qui permet de le dire. Certains éléments sont repris dans Coppola (beaucoup de personnages) et ne le sont pas chez Murnau. Et vice versa. Et par dessus tout, réduire Nosferatu à une simple adaptation (même LA seule, LA vraie) est réducteur, ce n’est pas une simple mise en scène du roman de Stoker.

  13. Brawen dit :

    Il faut savoir que le film Nosferatu de Murnau a été trés controversé lors de sa création. En effet Murnau, afin de ne pas payer les droits d’auteur, a volontairement modifié certains éléments du roman et a changé le nom du vampire (entre autre). Ce qui n’a pas empeché la femme de Bram Stocker de crier au scandale car il "volait" l’oeuvre de son mari. Le réalisateur, malin, n’a pas eu a se justifier: il ne faisait que s’inspirer. Voilou !

  14. enna dit :

    Je suis entièrement d’accord avec toi : il ne faut pas trop s’attacher au roman en voyant le film, en faire deux oeuvres à part. Moi, j’avais lu le roman trop peu de temps avant de voir le film pour l’apprécier vraiment!

  15. Totoche dit :

    Sur le DVD n°2, il y a un making-of dont l’une des parties est consacrée à la conception des costumes par la designer Eiko Ishioka.
    En fond sonore, il y a une étrange musique mêlant fausses notes de violon et voix fantasmagoriques… Quel est le titre de cette "chanson" ?
    Merci d’avance 🙂

  16. Nuf dit :

    Mina et Lucy ne lisent pas du porno pour lire du porno, elles lisent les Mille et une Nuits, qui reste en soi un classique! Mais je reconnais que le livre est "coquin".

  17. N. H. dit :

    Un film magnifique du point de vue visuel ! Chaque plan est travaillé dans les moindres détails. Certes, beaucoup de spectateurs ont trouvé et trouveront que c’est un rien kitsch, surtout concernant les costumes et effets spéciaux. Le film vaut le coup d’être revu dans le seul but de déceler tous les effets spéciaux. Ca fait trois fois que je vois le film, et j’en découvre toujours de nouveaux ! Les lois de la physique sont malmenées afin de donner une atmosphère angoissante et surnaturelle, mais surtout pour désorienter le spectateur. Et ça marche !
    Pour ma part, j’avais lu le livre avant de voir le film, et la principale chose que j’ai aimée dans ce film, c’est la FIN !!! En effet, je trouvais la fin du livre ratée. Stocker s’emmêle les pinceaux, fait plusieurs incohérences dans l’espace et le temps… Et il semblerait qu’il soit facile d’affaiblir Dracula, finalement ! (alors que Van Helsing n’arrête pas de répéter que c’est un démon invulnérable…) Dans le film, il est plus difficile à vaincre.
    Enfin, l’histoire d’amour. Bien sûr, ça peut paraître un affront envers Stocker. Sauf que je reproche également au livre de faire du vampire un être entièrement démoniaque, sans la moindre conscience humaine. Bram Stocker aurait-il oublié qu’à la base, on DEVIENT vampire et qu’on NAIT humain ? Le personnage de Dracula humanisé : je dis oui !

    Si on ajoute à cela l’excellente performance des acteurs et la bande-son délicieusement angoissante, je mets 30/20 à ce film. En résumé.

  18. Isis dit :

    Personnellement, j’ai vu le film avant de lire le livre, et j’ai été fort déçue de l’oeuvre de Stoker par rapport au film de Coppola!! Je sais que ce que je dis peut paraître blasphématoire pour certain, mais je n’ai pas réussi à ressentir les même émotions dans la livre que dans le film. Et Dieu sais pourtant que j’ai toujours préféré lire à regarder la télé!! Mais cette oeuvre est selon moi tout simplement merveilleuse. Avec en prime des acteurs géniaux, dont Hopkins qui a toujours été mon acteur préféré, ou encore Winona Ryder qui a aussi joué dans les meilleurs films de Tim Burton (BeetleJuice et Edward aux mains d’argent). Et parmi toutes les autres adaptations du roman, je trouve que celle-ci est de très loin la meilleure. Cerise sur le gâteau, une des musiques de fond n’est autre que "Exeloume" de la sublime, de la plus belle voix du monde de Diamanda Galas.

  19. beth dit :

    J’ai beaucoup aimé le film, et la qualité des images. J’ai trouvé Gary Oldman excellent. Par contre, j’ai été déçue en lisant le livre par après, en constatant que l’histoire de la recherche de Dracula pour Mina, comme étant Élisabeta, n’y était pas apparrente comme dans le film.

  20. Isis dit :

    C’est exactement ce que j’ai pensé en lisant la livre!! Je me sens déjà moins seule 🙂

  21. LV dit :

    Pour ceux qui ne connaîtraient pas, une page intéressante sur le Dracula de Coppola et les arts est à lire sur La Kinopithèque, le lien sur mon nom.

  22. danygoth dit :

    Pour moi c’est un conte merveilleux et tant pis pour les critiqueurs ; jamais contents !

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