Tamaillon, Stéphane. Krine, tome 2. L’affaire Jonathan Harker

On suit donc ce dernier dans une de ses enquêtes, alors qu’il a été mandé par Bram Stoker pour mettre la main sur le coupable des vols à la tire qui commencent à discréditer le Lyceum Theatre, au grand dam d’Henry Irving. Mais la piste sur laquelle il va se lancer va rapidement le mettre sur la trace d’une menace autrement plus grande, responsable de l’assassinat des gros bonnets de Londres. Des crimes qui semblent impliquer des Grouillants, alors que la révolte gronde et que la moindre erreur pourrait mettre le feu aux poudres.

Ici, les créatures fantastique (du métamorphe aux dieux égyptiens) ont fait leur coming out, même si leur acceptation par la société humaine ne se fait pas sans heurts. Les non-humains, ici surnommés Grouillants, sont en effet l’objet d’une forte surveillance. Krine est de ceux-là, même s’il fait parti des Grouillants qui préfèrent oublier leur différence, et rentrer dans le rang.

Krine est une série qui semble prendre sa source dans une époque que son auteur semble prendre un plaisir certain à arpenter : le Londres victorien. Pour autant, si la matière réelle est bien présente (les annexes sont là pour le prouver), on est ici immergée dans époque victorienne à la fois fantasmée et uchronique, pas très loin d’un Anno Dracula.

Si le personnage principal, de par sa froideur, est difficile à apprécier dans les premiers chapitres, cela s’atténue au fil du récit, tout en corroborant l’image d’un enquêteur efficace mais hanté par ses démons, tiraillé entre son désir de rentrer dans la norme et la réalité de ses pouvoirs. Le style est simple mais efficace, les phrases s’enchaînant sans réel temps mort. Mais c’est à mon sens plus dans le fond que dans la forme que repose l’intérêt de la série, et de ce second volet. Un hommage notable à tout un pan de la littérature de genre, de Dracula (évidemment) à Dr Jekyll et Mr Hyde en passant par l’Homme Invisible.

Contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre vu les liens avec le roman de Stoker, les vampires sont ici assez originaux. Stéphane Tamillon ne puise pas uniquement dans les caractéristiques du vampire popularisées par Stoker. La soif de sang est bien présente, de même que la nécessité pour les vampires de reposer dans un cercueil rempli de leur terre d’origine. Pour autant, les buveurs de sang sont davantage ici des créatures qui prennent une apparence humaine. Leur « déguisement » semble en effet s’estomper au moment où ils se nourrissent, ou quand ils font appel à leurs pouvoirs. A noter enfin l’ancrage judéo-chrétien assez fort de la mythologie vampirique, qui devrait rappeler quelques souvenirs aux joueurs de Vampire : La Mascarade.

Sans être parfait (notamment à cause de la difficulté de trouver le personnage principal totalement attachant), ce roman de la série Krine ne manque pas de charme. Référencé (sans pour autant tomber dans le pastiche à gros sabots), l’auteur parvient en effet à mettre sur pied un univers cohérent qui se laisse découvrir avec plaisir.

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