Sylvander, Matthieu. La saison des disparus

Eleanor et Kate Morwood se réjouissent enfin de participer à leur première season, sous la houlette de leur tante Daisy Backburn. Rapidement, le duo fait la connaissance de Victor Varlin, un jeune journaliste d’origine française, de Lord Sterling Newton-Russel, et du meilleur ami de ce dernier, Benjamin Dropling. Sous l’impulsion de Kate, le petit groupe s’intéresse à des enlèvements d’enfants qui se produisent un peu partout en Europe. La jeune femme, mathématicienne dans l’âme, finit par découvrir que la piste de ces crimes suit un tracé précis, dont la prochaine étape pourrait bien être la capitale anglaise. Dans le même temps, ils font la connaissance du mystérieux Zahăr Munte, un comte valaque qui est devenu l’attraction de la société du Tout-Londres.

Présenté comme un croisement entre Jane Austen et une enquête digne de Sherlock Holmes, le pitch de La saison des disparus de Matthieu Sylvander avait tout pour attirer mon attention. L’auteur a déjà plus d’une vingtaine de livres à son actif, principalement pour L’École des Loisirs, et donc avant tout destinés à un public jeunesse. La présence d’un comte valaque parmi les personnages de l’ouvrage et le contexte fin XIXe londonien m’avait laissé à penser que ce premier roman pouvait flirter avec la figure du vampire. Sachant que la disparition d’enfants est aussi un des éléments du Dracula de Stoker, dont est responsable Lucy après sa transformation en vampire.

Le roman se destine sans surprise (collection Medium+ de L’École des loisirs) à un public Young-Adult. Les protagonistes principaux sont de jeunes adolescents, et il y a clairement une dimension initiatique à l’ensemble. C’est l’entrée dans le grand monde pour les deux sœurs, la découverte de l’amour pour le Lord, la recherche de la reconnaissance pour Victor… Les promesses du pitch sont également bien là : l’histoire se déroule en pleine season (mais du coup, cadre londonien oblige, il y a plus matière à penser à La Chronique des Bridgerton qu’à Jane Austen), et l’intrigue policière devient rapidement centrale. Ce qui permet aux personnages d’évoluer dans les différents quartiers de Londres, dont le malfamé Whitechapel.

J’ai plutôt apprécié la deuxième partie du récit, à partir du moment ou le petit groupe par à travers l’Europe aux trousses du comte. Il y a de l’aventure, des rebondissements, une camaraderie qui se met davantage en place. J’ai eu plus de mal avec les débuts de l’intrigue, que je trouve trop longuets. Ils ont pour eux de poser le cadre et d’y faire évoluer les protagonistes, mais je pense que cela aurait pu être plus resserré.

Après lecture, on peut difficilement considérer La saison des disparues comme un roman de vampire. Pour autant, les allusions à Dracula ne manquent pas, à commencer par celles que j’ai relevées plus haut. Le choix de faire de Munte un comte valaque renvoie d’emblée à Dracula, d’autant que la course-poursuite qu’il se live avec le petit groupe, et qui s’achèvera dans son château, rappelle la dernière partie du roman. Vlad Tepes est mentionné au moins une fois dans le texte, et un personnage qui intervient — rapidement — lors d’un des bals auxquels assistent les sœurs Morwood peut faire penser à Stoker. Enfin, il y a la présence du journal Dagen, au travers duquel les adolescents découvrent l’affaire de disparitions d’enfant. C’est au travers de ce journal qu’a été publié Powers of Darkness, une traduction — réinterprétation du texte de Stoker qui est sans doute LA découverte de ces dernières années autour du roman.

Un roman sympathique, qui fait vivre au lecteur un bon moment d’aventure. On est à la lisière de Dracula, même si le récit ne franchit jamais la frontière entre réel et surnaturel. Reste que tout ça aurait pu être plus dynamique dans sa première partie.

Sylvander, Matthieu. La saison des disparus

 

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