Swolfs, Yves. Le Prince de la nuit. Tome 7 : La première mort

Fils d’un seigneur de guerre dace, Kergan est un jeune homme avide de combat, empli d’une colère qui semble inextinguible. Après avoir, au grand dam de son père, rapporté aux siens la tête du commandant en chef de la cavalerie romaine, il est envoyé en mission pour établir une alliance avec un chef voisin. Mais sa belle-mère, avide de faire de son propre fils l’héritier, ourdit un complot contre lui : Kergan est fait prisonnier par les Romains.

Il y a 13 ans, le deuxième cycle du Prince de la Nuit trouvait sa conclusion dans un duel entre Vladimir Kergan et Vincent Rougemont, dans le château de Ruhenberg. Lors de son exploration du château, Vincent et Léona Lansberg mettent la main sur les mémoires du vampire. Au vu du mode de narration de ce nouvel opus (et de sa conclusion, mais je n’en dirai pas plus), il semble bien que ce soit ces mémoires qui vont servir de trame centrale à ce nouveau cycle. Des mémoires qui offrent un ancrage assez fort dans l’histoire dace, et permettent à l’auteur de mettre en scène la mythologie de ce peuple, ancêtres des peuples balkaniques actuels.

Yves Swolfs intègre donc la genèse de son charismatique bad guy dans l’histoire d’un peuple dont les légendes ont contribué à la naissance du mythe du vampire occidental. Un choix assez savoureux, qui permet d’apporter de la nouveauté dans l’utilisation du thème, en mêlant fiction fantastique et réalité historique (la lutte des Daces contre les Romains). Et si la dimension tragique semble un peu forcée (via la figure du père notamment), force est de constater qu’elle donne un éclairage plutôt intéressant sur le personnage de Kergan. Une fois de plus, Swolfs choisit d’ancrer son vampire entre violence et luxure, ce qui ne devrait pas déplaire aux lecteurs des six premiers tomes.

Le dessin est à mon sens un net cran en-dessous de ce que pouvait proposer le 6e tome, véritable pièce maîtresse de la série. Le trait me semble parfois un peu grossier, ce que la couverture n’arrangeant pas vraiment cette impression. Un peu comme les premiers albums de la série, pour qui j’ai une forte affection mais que je trouve parfois peu homogènes au niveau graphique. Pour autant, cette première impression s’estompe au fil des planches, Swolfs insufflant toujours avec brio une dimension cinématographique à ses cadrages (même si le trait apparaît ici plus appuyé que par le passé). J’en finis par me demander si ce n’est pas également le changement de coloriste qui joue sur mon ressenti vis à vis du dessin.

Niveau vampire, ce n’est que dans le dernier tiers de l’album que les choses se mettent en place, même si certains éléments de scénario (et la connaissance que le lecteur peu avoir de la série) laissent présager de l’évolution de la situation de Kergan. On apprend ainsi de quelle façon il a été transformé (et par qui). Swolfs nous offre également la première nuit du vampire, alors qu’il découvre encore ses pouvoirs, dont sa nouvelle immortalité et sa capacité de se transformer en animal. Sans oublier son appétence pour le sang humain. Le père de Kergan fera également une allusion à l’impossibilité pour un vampire de pénétrer les lieux où il n’a pas été invité.

Un retour qui s’est fait terriblement attendre, mais n’est au final pas dénué d’intérêt, malgré un dessin moins percutant que par le passé. Reste à savoir ce qu’Yves Swolfs a prévu pour la suite.

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