Sorel, Guillaume. Mother

William vit enfermé dans un asile psychiatrique, ne recevant que sa mère pour unique visiteur. Tout jeune déjà, il vivait sous la coupe de cette mère qui ne rêvait que d’une grande carrière pour son fils. Aujourd’hui, elle s’occupe de ce fils qu’elle a rendu fou au point qu’il finisse par chercher à la tuer. Une chose qui devra cependant arriver un jour ou l’autre, si William veut enfin se libérer de ce joug castrateur.

Ce premier album solo de Guilaume Sorel, jusque-là connu pour son travail sur des albums comme la série l’Ile des morts, nous entraîne aux confins de la folie et du fantastique. Centrée autour du personnage de William, que tout accuse d’une innommable barbarie, l’histoire nous met très vite en présence d’un personnage diabolique qui parasite la vie de celui-ci : sa mère. Dépassant le cadre de la mère couveuse, le personnage se révèle très vite être une castratrice aux penchants on ne peut plus vampiriques, penchants qui conduiront à l’internement de son fils.

Le vampirisme tel qu’il est évoqué ici prends des allure de métaphore fantastique du parent exclusif, voire castrateur. La mère de William possède ainsi quelques caractéristiques propres aux vampires, notamment le goût du sang et les canines acérées. Le mythe vu par Sorel ajoute une certaine forme de cannibalisme aux mœurs vampiriques, la mère de William ne se satisfaisant pas de la simple absorption de sang.

Visuellement, cet album inaugure donc la carrière solo de Sorel. Très représentatif du style du dessinateur, par l’utilisation de lignes acérées et de courbes torturées qui amplifie la folie et l’horreur représentée dans cette histoire, le dessin de Sorel se fait cependant plus maîtrisé que dans ses précédents ouvrages, donnant un aspect plus moderne à son histoire et préfigurant la qualité ascendante des albums qui lui ont succédé. Les couleurs, qui gravitent autour de teintes ocres et magenta, joue également un rôle dans le mélange de sang et de noirceur qui parcours les pages de cet album.

Les amateurs qui apprécient le travail de Sorel ne pourront pas passer à côté de cet ouvrage charnière dans sa carrière de dessinateur, les autres sauront sans nul doute apprécier la folie et qui suinte de cette histoire.

Une réponse à Sorel, Guillaume. Mother

  1. Kalimero dit :

    Sans hésiter l’une des créations du neuvième art la plus aboutie graphiquement. Même si la bd est sortie depuis 4 ou 5 ans, le thème vampirique reste d’actualité : à recommander de toute urgence aux amateurs de réelles histoires fantastiques …

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