Rowe, Michael. Enter, Night

Après le décès accidentel de Jack, son mari, Christina, accompagnée de sa fille Morgan et de son beau-frère Jérémy, n’a d’autres choix que de demander l’aide de sa belle-mère. Et de revenir à Parr’s Landing, la ville dont elle est originaire. Mais ce retour ne se fait pas de gaieté de cœur, car Jack et elle ont quitté la ville voilà 20 ans pour se libérer de l’influence d’Adeline Parr, dont les ancêtres ont fondé la ville et, qui possède une influence colossale sur le devenir de celle-ci. Dans le manoir de la famille Parr, la situation se fait rapidement pesante, entre la matriarche, sa belle-fille qu’elle juge responsable de la mort de son fils, et Jérémy, dont l’homosexualité révulse sa mère. Et comme si cela ne suffisait pas, plusieurs disparitions commencent à se produire dans la petite communauté.

Si le deuxième roman de Michael Rowe, Wild Fell, a été traduit chez Bragelonne il y a quelques mois, Enter, Night, qui est chronologiquement son premier ouvrage, est inconnu par chez nous à l’heure actuelle. Plusieurs critiques assez positives Outre Atlantique ont fini par attirer mon attention sur le dit texte, et le faire rapidement apparaître dans mes lectures. C’est donc avec une forte curiosité (d’autant plus qu’on sort largement du registre de l’Urban Fantasy, encore dominant pour ce qui a trait au vampire) que je me suis plongé dans ce roman.

La plume de l’auteur est pour le moins efficace. Plutôt que d’ouvrir son roman sur le trio de personnage principaux (ceux mentionné dans mon résumé), il choisit de se focaliser sur l’antagoniste qui va faire basculer Parr’s Landing en plein cauchemar. Rapidement, le lecteur comprendra également que Michael Rowe, quel que soit le traitement qu’il réserve à ses personnages, prend le temps de densifier ces derniers, au niveau de leur historique personnel tant que de leur psychologie. De quoi développer l’empathie du lecteur, même pour les personnages secondaires, où ceux ne faisant qu’une brève apparition.

Quelque part, la construction de l’intrigue comme la place accordée aux enfants renvoie à Stephen King, notamment à Salem, avec qui Enter, Night me semble partager de nombreux points communs (jusqu’à la fin). Mais Parr’s Landing n’est pas Salem : située à l’opposée du Canada, en comparaison de Toronto d’où viennent une partie des protagonistes, elle représente davantage un microcosme où l’étroitesse d’esprit règne (sous l’égide d’Adeline Parr, dont la demeure domine toute la ville). Un lieu qui semble bloqué hors du temps, et où rien ne semble destiné à changer.

Côté vampirique, on est en présence de créatures qui sont en mesure d’influer sur les pensées de leurs victimes. Il s’agit de créatures en dehors de ça assez classiques, qui se nourrissent de sang, évoluent la nuit (et pour qui la lumière du soleil est fatale) et craignent les objets rattachés à la foi chrétienne, le feu ou un pieu enfoncé en plein cœur. Leur statut de vampire leur permet également de disposer d’ailes, et de pouvoir se dématérialiser (du moins pour le plus ancien d’entre eux). Par contre, les vampires semblent en mesure de conserver leur mémoire d’être humain, ce qui peut influer sur leurs premières décisions en tant que mort-vivant. L’origine du mal sera, enfin, expliqué à la toute fin. Il semblerait en effet que le mal ait été importé à l’époque de la colonisation.

Un roman relativement prenant, qui possède plusieurs scènes fortes, et où l’auteur n’hésite pas à sacrifier ses personnages. Une bonne découverte, de mon point de vue, même si j’aurai aimé une fin moins abrupte (certains éléments d’intrigue sont mal résolus), et une intégration plus poussée des origines du mythe mis en scène (plutôt que de cantonner cette matière en bonus (ce qui est appuyé par une mise en page différente), en toute fin de roman). Mais il est agréable de retrouver des romans où le vampire retourne à ses origines horrifiques.

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