Lange, Richard. Les Vagabonds

Depuis des décennies, Jessie et son frère Edgar errent sans but à travers les États-Unis. Ce sont tous les deux des Vagabonds, des immortels qui doivent consommer régulièrement du sang pour survivre. Jessie est hanté par le souvenir de Claudine, celle qui l’a mué et fait de lui une créature de la nuit. Il a néanmoins fait à sa mère la promesse de s’occuper de son frère simple d’esprit, après avoir transformé ce dernier. Leur errance va connaître un tournant imprévu le jour où ils croisent la route des Démons, un gang de Vagabonds qui vendent leurs services au plus offrant. Pour sauver une femme qui lui rappelle celle qu’il a aimée, Jessie va s’interposer et déclencher la soif de vengeance des bikers.

Rovers (titre VO des Vagabonds) est le quatrième roman de Richard Lange, un auteur américain qui a tour à tour été professeur d’anglais pour Berlitz, correcteur pour Larry Flynt Publications, rédacteur en chef d’un magazine de heavy-metal (RIP)… À regarder sa bibliographie, le romancier et nouvelliste paraît particulièrement attachés à raconter le destin de protagonistes malmenés par la vie, et peinent à rester à flot. C’est aussi un habitué des road trips, comme le prouvent des ouvrages tels que Angel Baby et La dernière chance de Rowan Petty. Biberonné aux méthodes du scénario de film, Lange aime enfin jouer avec les faux-semblants, les apparences opposées au réel. Les Vagabonds semble au croisement de ces différentes influences, et s’impose en un road trip brutal et désespéré, centré sur des personnages en quête de sens.

Le récit proposé par Les Vagabonds est indubitablement noir, les protagonistes nous donnant à visiter une Amérique des bas-fonds, des routes isolées et de la violence. Les Vagabonds s’y superposent avec la figure du hobo, ces SDF qui errent de ville en ville à la recherche d’un moyen de subsistance. Sauf que pour les immortels du roman, la survie passe aussi par le besoin de se nourrir de sang. Qu’ils soient humains ou vagabonds, les personnages imaginés par Lange regorgent de fêlures ou sont à la lisière de la folie, quand ils ne sont pas les deux à la fois.

Les Vagabonds doivent se protéger de la lumière du jour : s’ils y sont exposés, ils partent en fumée. Une blessure naturelle peut les ralentir ou les mettre au tapis quelques instants, mais ils sont dotés d’un pouvoir de régénération relativement rapide. Un pieu enfoncé en plein cœur où une décapitation leur est également fatale. Ils ont leur propre vocabulaire pour désigner leur condition (Vagabond), et la transformation (ils parlent de mue). Rien ne semble les empêcher de se nourrir normalement, mais ils ont besoin de boire régulièrement du sang, ou ils perdent leurs forces. S’ils meurent, leurs corps disparaissent en fumée. En faisant de ses vampires des parias, des laissés pour compte et des rebuts de la société, Lange paraît presque opérer un retour au vampire avant sa récupération comme figure littéraire.

Les Vagabonds est un road trip vampirique à la croisée des genres, qui évite les clichés du sujet tout en distillant une ambiance désespérée. Tout ne m’a pas convaincu, et il y a quelques lenteurs au début du texte, mais le roman de Richard Lange mérite qu’on s’y intéresse.

Lange, Richard. Les Vagabonds

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