Gibbons, Rodney. Le Vampire de Whitechapel. 2002

Frère Marstroke, à la tête des nonnes et moines de Saint Justinien, fait appel à Sherlock Holmes. L’un des frères dont il a la charge a été retrouvé assassiné, la gorge percée de deux trous. L’homme d’Église est depuis peu de Guyane avec un petit groupe de son ordre. Il en vient à penser que c’est eux qui ont ramené le mal à Londres. Ils ont en effet dû faire face à des morts similaires sur place, alors qu’ils luttaient contre une épidémie, possiblement transmise par des chauves-souris vampires. Holmes, rationaliste dans l’âme, est persuadé qu’il y a un être de chair et d’os derrière ces crimes, et se fait fort de le prouver. peur du vampire se répand dans les rues de Whitechapel, le détective va s’intéresser au docteur Chagas, un naturaliste passionné par les chiroptères qui paraît être un suspect parfait. Trop ?

The Case of the Whitechapel Vampire (le titre anglais) est le quatrième volet d’une série de téléfilms autour du personnage de Sherlock Holmes. Si les autres opus (et leurs résumés) tendent à en faire des adaptations plus ou moins fidèles du Canon, ce dernier volet est quant à lui une pure création. Malgré ce qu’on pourrait attendre, on est en effet très loin du « Vampire du Sussex » (1924), le seul récit holmésien à se pencher sur la figure du vampire. De fait, ici l’histoire prend pour cadre les rues de Whitechapel, se plaçant d’emblée dans une ambiance où plane l’ombre de l’Éventreur.

Le téléfilm n’est pas mauvais en soi, mais peine à convaincre. Les acteurs paraissent peu impliqués, la mise en scène pataude et l’intrigue ne décolle jamais vraiment. Il y a quelques bonnes idées de décors, comme la crypte de l’abbaye ou les couloirs de cette dernière, mais difficile pour autant de crier au génie. La multiplication des pistes brouille dans le même temps la lisibilité de l’ensemble. Ça fait certes partie du jeu de ce type d’histoires, mais c’est un peu trop poussé pour être efficace. Le détachement de la plupart des membres du casting n’aidant pas à se sentir concerné. Matt Frewer ne brille pas en Sherlock Holmes, on lui préfère le plus énergique Watson, campé par Kenneth Welsh. Le reste du casting n’a rien de très percutant, si ce n’est (pour de mauvaises raisons) Michel Perron, qui incarne un détective de Scotland Yard nanti pour l’occasion d’un accent à couper au couteau.

La figure du vampire est protéiforme dans le téléfilm. Frère Martsroke se persuadant peu à peu d’avoir ramené à Londres un démon nommé Desmodo. Une chauve-souris vampire géante, que la tentative de destruction de ses pairs aurait réveillée. Holmes rencontre également le Dr Chagas, un naturaliste passionné par les chauves-souris, qui pourrait avoir agi par vengeance contre les moines. Pour autant, le film sait convoquer la figure du vampire plus classique du XIXe siècle anglais, Dracula en tête. Ainsi, on a l’impression que c’est le crucifix de la nonne qui effraie le vampire, dans la rue. Il y a aussi l’idée que Chagas ait pu se transformer e chauve-souris pour échapper à Holmes, sur ses talons. Il y a enfin quelques allusions au Dracula de Stoker, Chagas vivant au 4 Renfield Place, et l’un des meurtres se déroulant Alley Demeter.

Ce téléfilm est une bien étrange proposition, qui n’adapte pas le « Vampire du Sussex », même si la trame y puise quelques éléments (comme cette ouverture sur les doutes de Holmes sur le surnaturel). L’ensemble se laisse regarder, mais ne laisse pas un souvenir impérissable, avec une photographie qui fait guère mieux qu’un épisode d’Highlander.

Gibbons, Rodney. Le Vampire de Whitechapel. 2002

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