Fisher, Terence. Le cauchemar de Dracula. 1958

Jonathan Harker se présente au château du comte Dracula en tant que bibliothécaire. L’aristocrate est en effet à la recherche de quelqu’un à même d’ordonner ses nombreux ouvrages. Le premier soir, alors que son hôte est absent, une troublante jeune femme le supplie de l’aider à fuir le château, se disant prisonnière du maître des lieux. Harker accepte, car la raison réelle de sa venue dans l’antre de Dracula tient à sa volonté de mettre un terme aux exactions du comte. Harker homme a en effet pleinement conscience que celui-ci est un vampire.

Sorti plus de vingt ans après le Dracula (1931) de Tod Browning, Le Cauchemar de Dracula (Horror of Dracula, 1958) va donner un coup de fouet au septième art fantastique. Et confirmer, un an après Frankenstein s’est échappé (The Curse of Frankenstein, 1957) la place de la Hammer en tant que fer de lance du cinéma de genre. À l’image du trio qui s’impose comme la clef de voûte de la compagnie anglaise : les acteurs Christopher Lee et Peter Cushing, et le réalisateur Terence Fisher.

Cette première itération autour du Dracula de Bram Stoker s’affirme comme une variation libre du roman original. Si le Browning ne cachait pas être une adaptation de la pièce de Deane et Balderston, le générique du film de Fisher retourne au livre, tout en soulignant n’être que « basé sur » celui-ci. La galerie de personnages imaginée par Stoker est à nouveau mise à mal, et ce sont avant tout Holmwood et Van Helsing qui sont les héros du long-métrage. L’ensemble du projet oscille entre pointe de fidélité (l’utilisation de lettres, journaux et enregistrements, l’existence de Lucy, Mina, Seward) et rupture avec le matériau original (Harker meurt dans la première partie du film, il n’y a qu’une seule fiancée au lieu de trois…).

Fisher parvient à conférer au long-métrage un souffle gothique neuf, porté par un duo d’acteur doté d’une incroyable présence à l’écran. Dracula dévoile ses dents au spectateur et ne cache plus la morsure, la couleur rouge étant dominante dans le métrage. Quant à Van Helsing, c’est bien lui qui mènera l’ultime combat contre le vampire et aura raison de ce dernier. Cet antagonisme est à l’image de leur alchimie à l’écran : les deux personnages paraissent être à armes égales, impliqués dans une confrontation physique dont aurait été incapable le Van Helsing d’Universal. La photographie, les décors (qu’on reverra dans d’autres productions Hammer, achevant de donner vie à une sorte de métavers hammerien) contribuent tout autant au résultat final, posant la première brique d’une saga vampirique qui s’étendra sur pas moins de neuf films.

Un indispensable que tout amateur de vampire se doit de connaître.


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2 réponses à Fisher, Terence. Le cauchemar de Dracula. 1958

  1. danygoth dit :

    Mon addiction aux vampires a commencé très jeune, avec les Bela Lugosi, Christopher Lee et tout un tas de films classiques du vampirisme et depuis, malgré mon âge (!), ça continue. Mais je n’apprécie pas tout, dans ce genre parfois trop gore, je reste plutôt dans le romantisme très victorien ; Dracula de Coppola, j’ai bien aimé, malgre des effets spèciaux un peu trop oufs !

  2. Valentin07 dit :

    Même si à mon sens « Nosferatu » de Murnau et « Dracula » de Browning constituent les plus grands chefs-d’oeuvre du genre, le « Cauchemar de Dracula » de Fisher vient clôturer mon triptyque gagnant.

    Et pourquoi (me direz-vous) le placer légèrement en deça des deux autres qualitativement parlant ?
    Déjà, il arrive après.
    Ensuite, les couleurs criardes de la Hammer font abominablement souffrir mes pauvres rétines.
    Il faut dire que je suis un adepte du Romantisme noir, ceci explique cela.

    Quant à ce qui semble être les prémices naissants d’une avalanche d’effets spéciaux (hémoglobine à gogo), je ne m’étendrais pas là-dessus.
    Evitons de parler de choses fâcheuses.

    De fait, si Lee est beaucoup plus conforme au Dracula de Stoker (je suis maso j’ai lu le roman deux fois), il n’en demeure pas moins que je ne vois en lui qu’un pâle avatar de Lugosi.
    L’animalité et la sauvagerie du « Dracula » de Fisher sont effectivement à mettre au crédit de l’acteur Britannique.
    Mais quid de l’âme du Prince des vampires ?
    Restituer le côté aristocratique ne suffit pas à le doter d’une véritable « consistance ».
    Tout doit se jouer dans un temps imparti très court (1h 22) dans le cas précis.
    Et pour moi, le rendez-vous n’a tout simplement pas eu lieu.

    C’est à ce niveau là que je me rends compte à quel point Béla Blaskó (de son vrai nom) à réussi l’impensable : imposer dans l’imaginaire collectif SA vision du personnage en se l’appropriant purement et simplement.
    Il a carrément supplanté le personnage littéraire tout en le dotant d’un soupçon d’humanité.

    Et par de là même, d’assurer sa postérité.

    Christopher Lee à joué avec un grand talent un Dracula très fidèle à l’esprit de son créateur.
    Bela Lugosi l’a incarné et rendu immortel.

    Quant à Max Schreck, il évolue dans d’autres sphères, à des années lumières de nous autres, pauvres mortels.

    Quoi qu’il en soit, le « Dracula » de Fisher constitue une part non négligeable de la colonne vertébrale du film de vampire.

    Donc film culte.

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