Filardi, Jason – Filardi, Peter. Chapelwaite. 2021

1850. Le capitaine Charles Boone décide de s’installer à terre avec ses trois enfants après le décès de sa femme en mer, et l’héritage inattendu d’un manoir et d’une scierie dans le Maine. Mais la bâtisse a un aspect inquiétant et des bruits parasites dans les murs de celle-ci font monter la tension alors que Charles est en proie à des hallucinations montrant des vers autour de lui ou dans sa bouche. L’accueil du voisinage n’est pas non plus très bienveillant, la maison, nommée Chapelwaite, souffrant d’une réputation dramatique.

La nouvelle Celui qui garde le ver (Jerusalem’s Lot) est parue en 1976 dans le recueil Danse macabre, écrit par Stephen King. Elle a également été rééditée en 2005 sans le roman Salem, dont elle constitue plus ou moins un prequel.

L’ambiance prend le temps de s’installer dans cette série en 10 épisodes (initialement publiée sur la plateforme MGM+ en 2021). Les évènements étranges se multiplient, on se dirige vers un récit relativement classique, mais prenant, de hantise, avec des personnages secondaires qui tombent malades, s’affaiblissent avant de succomber… ou pas. Ce n’est qu’à l’épisode 5 que la dimension vampirique du récit se dévoile, avec la réapparition des fameux oncle et cousin de Boone, supposés morts, physiquement transformés et obnubilés par un livre au contenu occulte qui serait caché aux alentours de Chapelwaite. Hélas, seul un membre vivant de leur famille (et donc détenteur de la graine de folie qui les détruit tous peu à peu) peut localiser ce livre, ce qui explique le subterfuge pour attirer Charles dans cette contrée désolée du Maine.

Mais les Boone ne sont pas les seuls à vouloir récupérer cet artefact : leur « créateur », un certain Jakub qui se cache dans une ville minière voisine, semble lui aussi désireux d’invoquer un dieu primordial, appelé Le Ver. Charles et ses proches, dont une jeune femme engagée comme gouvernante, qui se révèle être écrivain, doivent donc lutter contre leurs démons intérieurs et la menace venue de Jerusalem’s Lot.

La série bénéficie de la participation de l’acteur oscarisé Adrien Brody (Summer of Sam, Le Pianiste, Le Village, King Kong…) en tête d’affiche. L’intensité de son jeu vaut à elle seule le voisinage, même si les autres acteurs, comme Emily Hampshire, Jennifer Ens et Gord Rand, livrent des prestations solides. La réalisation joue beaucoup sur les ambiances victoriennes, les ombres et les costumes d’époque, sans insister sur les jump scares et les effets faciles.

On y retrouve certains éléments typiques de l’œuvre de King : la peinture maline d’une petite communauté, engoncée dans ses croyances et sa superstition (la religion -et l’occasion de l’écorcher- n’est jamais loin chez King), des adolescents qui jouent un rôle essentiel… Il y a cependant des différences notables avec la nouvelle originale, dans le déroulement des évènements, et sur la forme, épistolaire dans la nouvelle. Ici nous avons une évolution linéaire des évènements, et des personnages ont été rajoutés, tels que les enfants, la gouvernante. L’inspiration lovecraftienne de King est ici masquée au profit d’influences telles que celle d’Edgar Allan Poe, une distance qui place cette série comme une œuvre presque séparée. De même certains personnages disparaissent dans raison, pour réapparaître un peu plus tard, sans véritable justification de ces absences.

Sur la dimension vampirique, outre les deux « non-vivants » Bonne, les habitants de Jerusalem’s Lot sons sous la coupe de Jakub, qui semble être une créature immémoriale, dont le visage émacié est percée d’yeux rouges, avec des petits crocs et un pouvoir se suggestion assez puissant. Les vampires plus classiques ont une peau blafarde, des yeux exorbités et et des crocs légèrement proéminents. Les vampires se nourrissent du sang de leurs proies, qui peuvent elles-mêmes devenir des vampires après leur mort si elles se sont abreuvées dus aang de leurs prédateurs… Ces créatures de la nuit risquent d’être consumées en cas d’exposition à la lumière du jour excédant quelques minutes. on peut également les tuer en les décapitant ou en leur plantant un pieu dans le cœur, ils craignent le crucifix, qui leur brûle la peau. Ils n’ont en revanche pas une force surhumaine, ce qui les rends relativement faciles à éliminer, trop pour certains.

A noter, et cela tient une place importante dans certains nœuds du récit, qu’une fois transformés les non-morts ne perdent pas le souvenir de leur vie d’avant, et peuvent même reconnaître leurs proches restés vivants, s’ils choisissent de ressentir les choses..

En résumé, c’est une série aux qualités artistiques indéniables, qui diverge pas mal de l’œuvre originale, notamment par l’ajout de plusieurs personnages. Dont les enfants de Charles Boone, ce qui complexifie le personnage (et change complètement la fin de l’histoire). Il y a d’autres ajouts en termes de narration qui sont moins heureux. Les vampires présentés, s’ils possèdent la plupart des caractéristiques classiques, sont des créatures qui gardent un certain libre arbitre.

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