Anne Rice, Reine des Vampires (1941-2021)

J’ai lu pour la première fois Entretien avec un Vampire alors que j’étais au collège. C’était quelques années après mes premières lectures vampiriques, Le Prince de la Nuit de Yves Swolfs et Dracula de Bram Stoker. Jusque-là, le vampire était pour moi une figure maléfique, une créature destinée à finir sous les pieux des chasseurs de vampires. Pas de rédemption possible pour eux, leur existence entièrement tournée vers ce besoin de boire du sang.

Le premier roman d’Anne Rice m’a montré qu’il était possible de faire autre chose de la créature. Déjà, en lui donnant la voix, en lui offrant l’opportunité de prendre la parole pour  décrire et partager sa condition. L’autrice prenait également ses distances avec le vampire victorien : elle crée une galerie de personnage totalement nouvelle, et met en scène (dans le premier tome) la rencontre entre les vampires de l’Ancien Monde et ceux qu’elle a créés. Lestat le Vampire et La Reine des Damnés allaient enfoncer le clou, et faire de Lestat une figure de révolté, tout en redéfinissant la mythologie du vampire.

Si je n’ai pas toujours été convaincu par la suite des Chroniques des Vampires, ces romans m’ont accompagné des dizaines d’années (déjà dans leurs éditions Pocket Terreur, puis lors de la reprise chez Fleuve Noir). Quand j’ai commencé à intervenir sur la figure du vampire, à mes yeux Anne Rice s’est imposée comme un tournant, et est devenue le point de départ de mon analyse. Pour moi, impossible de comprendre ce qu’est devenu la créature aujourd’hui sans mettre en perspective les romans et séries actuelles sur le sujet et ses propres romans. Difficile d’imaginer Twilight sans Anne Rice, par exemple, qu’on apprécie ou pas la saga de Stephenie Meyer.

Elle avait également su doter ses séries de personnages féminins incroyable, à une époque où l’imaginaire était encore dominé de protagonistes masculins. Claudia, Gabrielle, Akasha, Maharet, Mekare, Pandora… autant de figures de femmes passionnantes qui traversent les Chroniques (sans même parler de ses autres séries, comme Les Sorcières Mayfair, où les figures de femmes dominent). Les différents romans de la série donnaient également à considérer le vampire comme un moyen d’explorer l’Histoire, depuis l’Egypte Antique jusqu’à nos jours, en passant par les Etats-Unis pré-Guerre de Sécession, La Renaissance Italienne…

En 2013, alors qu’elle débutait une nouvelle série consacrée aux loups-garous, elle était venue en France pour une tournée promotionnelle. Avoir eu l’opportunité de la rencontrer à ce moment, et de l’interviewer, a été un point d’orgue dans mon existence de passionné. Ses réponses ont nourri les thèses et analyses que je commençais tout juste à étayer, jusqu’à la monographie à laquelle je travaille depuis plusieurs mois maintenant.

Adieu, Anne Rice, et merci pour toutes ces pages, personnages et romans. Nul doute que votre oeuvre continuera d’être un pied à l’étrier, un tournant et une source d’inspiration pour les lecteurs et auteurs.

Anne Rice (Howard Allen Frances O’Brien) 1941-2021

Anne Rice, Reine des Vampires (1941-2021)

(c) Annerice.com

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