Stoker, Bram – Dumontet, Astrid – Méhée, Loïc. Dracula

Les vampires sont des créatures emblématiques de notre attirance pour la peur, et parmi eux Dracula est assurément une figure de proue. On doit la genèse de l’aristocrate vampire à l’irlandais Bram Stoker, qui publie un roman sous ce titre en 1897. Cet illustré jeunesse réécrit l’histoire à destination d’un lectorat de 5 ans ou plus. Tout commence avec le voyage de Jonathan Harker, un notaire qui se rend en Transylvanie pour faire signer des papiers au comte Dracula. Ce dernier vient en effet de se porter acquéreur d’une propriété près de Londres, en Angleterre.

Ce n’est pas la première fois que je me penche sur le cas d’adaptations pour un public jeunesse du roman de Bram Stoker. Il y a notamment eu Little Master Stoker : Dracula, dont chaque page se focalise sur un objet ou sur les personnages, et au nombre d’occurrences de ceux-ci dans l’histoire. Le tout imaginé pour une cible jusqu’à 4 ans. Le Dracula proposé par Milan dans leur collection est pour un public plus âgé, à même de mieux saisir les tenants et aboutissants de la trame. Les auteurs gomment en partie la dimension horrifique du texte, mais n’en gardent pas moins des passages angoissants. Ainsi Dracula qui essaie de mordre Jonathan, lequel ne doit sa survie qu’à un crucifix. De même pour la mort de Lucy : cette dernière, mordue par le vampire, sera sauvée de la damnation par un pieu enfoncé en plein cœur. Astrid Dumontet et Loïc Méhée conservent donc une bonne partie du sel du récit original, sans pour autant confronter directement et graphiquement les jeunes lecteurs avec ces éléments. Le texte fait passer la dimension effrayante, le dessin s’arrête juste avant ou recommence peu après. Un choix qui permet de proposer une adaptation certes édulcorée, mais qui n’en pose pas moins les thèmes inhérents à l’œuvre, à commencer par notre rapport à la mort. Matière à raccrocher le sujet avec Halloween.

Loïc Méhée est un habitué de l’éditeur Milan Jeunesse. On lui doit ainsi la partie graphique de deux des opus de la collection Qui est Coupable, deux opus chez Milan Benjamin, etc. A ce jour, il a près de 70 ouvrages à son actif à destination d’un public jeunesse. Il y a une maîtrise certaine des codes du genre dans son trait. Si les personnages — au design très BD — sont bien humains, l’illustrateur parvient à distiller un je ne sais quoi d’angoissant dans son Dracula.

Le récit convoque la plupart des caractéristiques du vampire, en bonne adaptation de Dracula. Si certaines s’invitent par les dialogues et l’image (l’attirance pour le sang, le besoin de dormir dans un cercueil ou la capacité à se transformer), d’autres passent uniquement par le visuel, établissant un jeu avec le lecteur initié. C’est notamment le cas la première fois que paraît Dracula : Harker possède une ombre, mais pas le vampire.

Une version jeunesse du roman de Bram Stoker qui sait pour autant respecter le fond du texte, et parvient à conserver la dimension angoissante de ce dernier. De quoi initier comme il se doit les plus jeunesse au plaisir de la peur à l’écrit.

dracula-dumontet-mehee-2 Stoker, Bram - Dumontet, Astrid - Méhée, Loïc. Dracula

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