Vergari, Luana – Civiello, Emmanuel. Kundan, tome 2. Crépuscule indien

Kundan a profité de la traversée pour se débarrasser de Lord Benedict, dont il a endossé l’identité. Si le cadavre de l’aristocrate a été retrouvé sur les côtes, le médecin en charge ne s’explique pas l’état du corps, pas plus qu’il ne sait de qui il s’agit. Dans le même temps, la situation est explosive, et les Thugs ne cessent de démontrer leur inimitié pour la Couronne. Kundan poursuit de son côté ses projets de grandeur, se rapprochant peu à peu de Mary, la fille du roi d’Angleterre.

Le premier tome de Kundan se déroulait principalement dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Cette suite voit le personnage retourner à ses racines, au cœur de l’Inde sous domination britannique. Et si le Maharaja courbe l’échine face aux diktats de la capitale anglaise, le pays est encore loin d’être soumis. Les auteurs imaginent pour ce tome l’alliance d’un danger venu d’un passé mythique — incarné par Kundan — et celle de la confrérie des Thugs, une menace plus tangible. Chacun a son propre agenda et ses attentes, n’hésitant pas à faire couler le sang pour asseoir sa domination. À côté de ce qui se noue dans l’ombre de la jungle, le joug anglais paraît bien frêle, incapable de comprendre réellement la situation.

Si l’album précédent se rapprochait fortement de Dracula, on est ici immergé dans une ambiance bien différente, même si on retrouve une figure de vampire (ou équivalent) qui a su s’immiscer dans la société avec l’objectif de prendre le contrôle de celle-ci. La dimension politique se fait également tangible. Dracula est considéré comme un récit de colonisation inversée, avec l’idée du vampire venu d’un pays lointain pour corrompre la métropole. Cette thématique se fait prégnante dans Kundan, avec l’existence d’une créature issue des légendes indiennes, l’un des hauts lieux de l’Empire colonial anglais. Un sujet appuyé dans le même temps par les antagonismes et alliances qui se dessinent.

Graphiquement, les illustrations d’Emmanuel Civiello est une des forces de la série. Moins sombre que le premier opus — bas fonds de Londres oblige — cette suite se fait plus lumineuse, la couleur se faisant en résonance avec la richesse visuelle de l’Inde. Le dessinateur n’en oublie cependant pas de souligner les dangers, qui prennent forme la nuit. Kundan, sous les crayons de Civiello, révèle toute sa duplicité et sa puissance, ses ambitions rouge sang.

Les auteurs continuent de construire la mythologie vampirique esquissée dans le premier tome. La race à laquelle appartient Kundan a été quasi annihilée par les adeptes de la déesse Durga. Reste que ceux-ci n’ont pas totalement disparu, comme va le comprendre Kurgan. Les couteaux qui ont servi à détruire les siens circulent encore, dans les rangs des Thugs comme de ceux qui ont été consacrés à la déesse, dans leurs temples. Kundan ne paraît pas avoir les faiblesses habituelles des vampires. On le voit régulièrement se déplacer à la lumière du soleil. Mais on sait depuis le tome précédent qu’il dispose de certains pouvoirs, notamment celui de changer son apparence.

J’ai trouvé ce deuxième tome un léger cran en dessous du premier. L’histoire, avec les différents protagonistes, les secrets des uns et des autres, etc. se fait plus fouillis. La lecture reste cependant appréciable, ne serait-ce que pour la palette de couleurs d’Emmanuel Civiello.

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