Alors qu’elle boit à la gorge d’un yuppie dans une marina, une vampire doit prendre la fuite, et est contrainte de prendre le large. À bord du navire, elle se débarrasse rapidement du capitaine, avant de faire croire aux quelques passagers qu’elle est un membre d’équipage. Un orage menaçant bientôt de submerger leur navire, tous sont contraints de trouver refuge dans une embarcation de secours.
Blood type est la première série longue née de la nouvelle gamme EC Comics, publiée chez Oni Press. À l’origine, il y a le récit « Blood Type » de Corinna Bechko et Andrea Sorrentino, publié dans les pages d’Epitaphs from the Abyss. D’une histoire de survie mettant en scène une vampire apte à s’adapter à toutes les situations, les auteurs poursuivent la virée sanglante après le baisser de rideau initial. Récupérée par un navire marchand, puis débarquée sur une île perdue, Ada (c’est le nom qu’elle se donne) réalise rapidement qu’une autre créature s’attaque aux habitants des lieux. Et décide d’aller voir de plus près ce qui se passe. Le récit est dynamique, prend son temps pour lever le voile sur la genèse du personnage et la menace qui se trame. Car si dans un premier temps, c’est parce que l’héroïne se laisse porter par les événements que le récit avance, l’histoire finit par basculer, quand elle comprendra que ses pas l’ont amené en présence d’une vieille connaissance.
Le dessin d’Andrea Sorrentino s’ancre dans une approche réaliste. L’illustratrice sait aussi jouer des ombres, comme le montrera le récit de la genèse d’Ada. Le style n’est pas révolutionnaire, manque parfois un peu d’homogénéité, mais le trait est efficace, et l’ambiance au rendez-vous. Les couleurs sont assurées par l’incontournable Dave Stewart, connu pour son travail pour le Mignola-verse. A noter qu’on a déjà vu la dessinatrice à l’œuvre sur la figure du vampire : c’est elle qui avait illustré l’arc I… Vampire des New 52 (DC Comics).
On apprend avec parcimonie les tenants et aboutissants de l’univers vampirique auquel appartient Ada. La duplicité du personnage nous amène cependant à penser que même le récit de ses origines en tant que vampire est à mettre en doute. De ces caractéristiques, on sait surtout qu’elle craint la lumière du soleil, et doit boire du sang pour survivre. Elle est également en capacité de contrôler ceux sur lesquels elle appose sa morsure. On découvrira également que d’autres ont réussi à s’approprier certaines capacités des vampires, tout en corrigeant leurs défaillances. Mais seul le sang d’un vrai vampire est en mesure de leur offrir l’immortalité.
Un récit où l’on retrouve l’humour acide des EC Comics, sur une forme plus longue, qui permet aux auteurs de développer le personnage et le monde dans lequel il évolue. La dernière partie met l’intrigue à un autre niveau, révélant un sous-texte émancipateur, en même temps qu’une réflexion sur ce qu’est un vampire, ses forces et ses faiblesses. Une série efficace, sans pour autant être totalement innovante ou surprenante.
