Holt, Victoria. La lande sans étoiles

Après quatre années en pensionnat à Dijon, en France, Catherine retourne à Glen House, la demeure de son enfance. Sa mère étant décédée durant sa prime jeunesse, la jeune femme retrouve son père, et la distance qui existe dans ses relations avec ce dernier. Son seul vrai ami, son oncle, est un marin qui passe le plus clair de son temps en mer. Ses balades à cheval à travers la lande du Yorkshire deviennent vite son seul échappatoire à une solitude pesante. Elle rencontre bientôt Gabriel Rockwell, qui finit par la demander en mariage. Après leurs noces, celui-ci conduit son épouse à la Folie-Kirkland, l’ancienne demeure familiale, où il la présente aux siens. Rapidement, le tragique s’invite à demeure, et Catherine se retrouve en proie à une menace qui ne fera que grandir.

Kirkland Revels (1962), le titre original de La lande sans étoiles, est le deuxième roman écrit sous le pseudonyme de Victoria Holt. L’autrice Eleanor Alice Burford (son vrai nom) poursuit ici la veine gothique qu’elle a initiée dans sa production avec La chatelaine de Mont-Mellyn (Mistress of Mellyn), publié en 1960. Ce roman a lancé une véritable mode, dont Holt est une des figures de proue. La lande sans étoiles est dans cette tendance, le texte se plaçant dans la lignée des œuvres d’Ann Radcliffe et des sœurs Brontë. Ou, pour paraphraser Tanith Lee, le concept de « La jeune fille et la vieille demeure ». La jeune fille, c’est Catherine, ingénue, tout juste de retour de plusieurs années de pensionnat, qui se retrouve successivement confrontée à la solitude dans la maison familiale, puis face aux mystères de la Folie-Kirkland. La vieille demeure, c’est autant cette dernière bâtisse, imposant édifice appartenant aux Rockwell, que les ruines de l’Abbaye à proximité. Les deux espaces convoquent une dimension gothique indéniable, entre les ailes inhabitées, les ruines et autres passages secrets.

Reste que le gothique, ce n’est pas uniquement la conjonction de ces deux éléments. Plus que tout, ce sont la psychologie des personnages, et la façon dont ils sont mis à l’épreuve, qui dominent dans les textes du genre. Les thématiques de l’emprisonnement, de la folie, d’un passé lointain qui pèse sur les vivants, du secret (de famille, notamment), autant de fils que Victoria Holt actionne au fur et à mesure de son histoire. On pourrait croire être en présence d’un roman trop codifié pour s’avérer intéresser. Et pourtant l’autrice maîtrise idéalement son sujet, assez en tout cas pour ménager aux lecteurs de nombreuses surprises et des accélérations dans l’intensité narrative.

Écrit dans les années 1960, La lande sans étoiles est un récit gothique qui ne joue pas la carte de la modernité comme peut le faire Virginia C. Andrews avec ses Fleurs Captives (Flowers in the Attic, 1979), plus de 10 ans plus tard. Victoria Holt choisit en effet un cadre XVIIIe siècle qui rappelle ses influences majeures. Mais l’efficacité du texte est indéniable, et le plaisir de lecture bien là.

holt-lande-sans-etoiles-1 Holt, Victoria. La lande sans étoiles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *