Martindale, Chris T. Nightblood

Chris Stiles est un vétéran de la guerre du Vietnam, dont le frère a été assassiné et dépecé à Central Park. L’esprit de son frère lui apparaît à intervalles réguliers, lui donnant pour mission de s’opposer aux créatures surnaturelles qui sévissent un peu partout sur le territoire américain. C’est en effet en trouvant la créature à l’origine de la mort de son frère que ce dernier pourra reposer en paix. Chris débarque ainsi à Isherwood, une petite ville tranquille qui serait le refuge d’un ancien vampire. Les rumeurs qui entourent le passé de la maison Danner seraient-elles vraies ? Alors qu’il enquête sur cette possibilité, l’ex-soldat va faire la connaissance de Bart et Del, deux adolescents qui se retrouvent à passer une nuit dans la maison, suite à un pari.

Nightblood est un roman sorti en 1990, ce qui lui avait valu d’être mentionné au sein du Paperbacks from Hell de Grady Hendrix. Le roman a été entre-temps réédité au sein de la collection éponyme chez Valancourt, qui s’appuie sur les travaux de Grady Hendrix et de Will Errickson (auteur du blog Too Much Horror Fiction). C’est ainsi Hendrix qui rédige l’introduction au roman, en expliquant le contexte autant que la genèse.

Grady Hendrix le signale dès la préface, il y a une influence forte du Salem de Stephen King dans Nightblood. L’idée d’une petite ville américaine tranquille, au sein de laquelle se trouve une maison au lourd passé, rappelle ainsi la maison Marsden de King. L’auteur ne se cache pas de cette influence, y faisant parfois un clin d’œil appuyé. Mais il y a dans le même temps une modernité plus prégnante dans la manière de faire face au surnaturel. Le roman se présente au final comme un croisement improbable entre Salem et… Rambo. Chris Stiles, soldat du Vietnam revenu au pays exploite en effet l’image de l’ancien soldat qui se cherche (et trouve) un nouveau combat. En donnant vie à un avatar modernisé et guerrier de Van Helsing, Martindale anticipe des personnages d’Urban Fantasy comme Harry Dresden. Le personnage imaginé par Jim Butcher n’a certes rien d’un guerrier, mais le schéma d’enquête, la présence de protagonistes alliés surnaturels (dans Nightblood, le frère du héros), exploite des tropes qui sont aujourd’hui incontournables.

Sans être un chef d’œuvre, Nightblood est une lecture très sympathique. Un roman certes référencé mais avec sa propre voix, des personnages bien campés, et son lot de retournements de situation. Chris T. Martindale sait poser une ambiance, malmener ses personnages, et on lit sans déplaisir d’un bout à l’autre ce qui aurait dû être le premier volume d’une série… qui n’a jamais connu de suite.

L’auteur fait la différence entre les vampires anciens, comme Danner, et leur « descendance », qui se rapproche davantage de zombies dans leurs agissements. Il y a également l’idée que pour transformer quelqu’un en vampire, la morsure ne suffit pas : il faut qu’il y ait échange de sang. La nécessité d’être invité dans un lieu pour y pénétrer est elle aussi mise en scène. La foi est également un point d’importance : les artefacts religieux ne fonctionnent que s’ils sont brandis par quelqu’un ayant la foi. Enfin, Martindale a recours plusieurs fois à l’idée que les vampires peuvent imiter la voix d’autrui. Pour venir à bout de ses créatures, le feu et la lumière du soleil semblent être les éléments les plus efficaces. Mais un pieu en plein cœur peut aussi fonctionner.

Un roman bien sympathique, au croisement entre plusieurs approches du récit fantastique, qui dessinait dès 1990 les évolutions à venir du genre

Martindale, Chris T. Nightblood

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