Wellington, David. 13 balles dans la peau

Selon les rapports officiels, tous les vampires sont morts. Un agent fédéral nommé Arkeley a trucidé le dernier dans les années 1980 à l’issue d’un combat qui a failli lui coûter la vie. Pourtant, lorsque Laura Caxton, de la police d’État, appelle des renforts en pleine nuit à la suite d’un contrôle de routine qui a mal tourné, le FBI décide de tirer Arkeley de sa retraite. Il est en effet le seul à savoir qu’un vampire a survécu : une femme, qui croupit dans un asile abandonné. Elle est conservée dans un état de faiblesse permanent, mais Arkeley la soupçonne de manigancer le retour en force des damnés. Lui aussi attend ce moment pour en finir une fois pour toutes. Et comme Caxton va vite s’en rendre compte, ils n’affrontent pas des créatures d’opérette, mais de véritables machines à tuer.

Nouvelle perle de la collection Terreur des éditions Milady, 13 balles dans la peau est un roman qui va ravir les amateurs de fantastique en mal de frayeur. Gore et truffée d’action, le moins que l’on puisse dire est que l’histoire ne fait pas dans la dentelle, loin s’en là. Les corps des protagonistes, humains comme vampires, sont déchiquetés par les balles, mutilés, l’hémoglobine coule à flot… bref nous sommes en présence d’un récit résolument adulte, prompte à créer son lot de frissons, et c’est tant mieux !

Laura Caxton, jeune femme homosexuelle incarnant la recrue qui a tout à apprendre, et Jameson Arkeley, le vieux brisquard, forment un duo crédible et surtout pétri d’humanité. Suivre leurs investigations sanglantes procure un réel plaisir tant le travail fait sur ces dernier est remarquable. Les faiblesses comme les doutes des héros sont mises en avant avec pudeur, ce qui contribue à donner un cachet authentique à leurs personnalité finalement pas si éloigné l’un de l’autre qu’on pourrait le croire. Le charisme d’Arkeley, avec cette aura si particulière de chasseur expérimenté qui le rend presque aussi redoutable que les créatures qu’il traque, renforce le sentiment de se trouver face à un récit vampirique d’excellente facture.

Les vampires représentent bien entendu l’attraction la plus remarquable de l’histoire. Ceux-ci, d’un aspect repoussant, transpirent littéralement le mal à l’état pur et méritent leur titre de « machines à tuer ». Leur nature les rend obsédés par le désir de sang à un point tel qu’ils sont assimilés à des junkies immortels. L’immortalité, justement, est abordée sous un angle novateur : les vampires bénéficient de leur pleine puissance dés leur éveille. Avec le temps, ils deviennent moins actif mais n’en demeurent pas moins redoutable. Niveau pouvoirs, ils possèdent une force colossale, certains dons psychiques ainsi qu’une vitesse foudroyante.

Les liens sociaux sont également très importants pour ces créatures malgré la bestialité dont ils font preuve et les novices vouent un véritable culte aux aînés qui les ont engendrés, allant jusqu’à les nourrir en cas de besoin. Le procédé pour créer un vampire sort lui aussi des sentiers battus : il est nécessaire que la victime potentielle soit avant toute chose hypnotisée pour que le vampire puisse transmettre sa malédiction ; le candidat en question doit ensuite commettre l’acte de suicide. Elément important du bouquin, les vampires ont la capacité de se constituer de véritables armées de « demi-morts », en d’autre terme des goules.

La grande force du récit tient en sa capacité d’incorporer les éléments traditionnels du mythe vampirique au cœur d’un background résolument moderne et glauque. Les vampires ne craignent pas les icônes religieuses, ni l’ail mais sont sensibles aux rayons du soleil, sombrant dans une léthargie proche de la mort à chaque levé du jour. Les balles explosives ou en argent peuvent leur causer des dégâts provisoires mais l’unique façon de s’en débarrasser consiste à leur arracher le cœur ou à le détruire. Les cercueils tiennent une place prépondérante pour les suceurs de sang, indispensable lieux de repos durant la journée.

David Wellington nous gratifie d’un roman prenant, rempli d’action de la première à la dernière ligne. Le suspens est bien ficelé, le rythme sans aucune longueur. Que du grand spectacle ! 13 balles dans la peau redonne au vampire cette aura de prédateur qui lui manquait tant, et nous, lecteurs avides de sensations fortes, on en redemande.

Une réponse à Wellington, David. 13 balles dans la peau

  1. Vladkergan dit :

    Voilà un roman qui sort des sentiers battus, surtout vu la collection et l’éditeur qui lui a permis de s’immiscer dans les sorties françaises. On est en effet ici très loin de la vague bitlit’, dans laquelle semble s’être engouffré durablement Milady.

    Les vampires de Wellington sont à mille lieues des créatures qu’on peut trouver dans les série Anita Blake, Mercy Thompson ou encore Succubus Blues. Il s’agit ici de créatures totalement démoniaques, plus proches de la bête avide de sang que de l’humain qu’elles furent jadis.

    L’histoire est assez prenante, sombre, à mi-chemin entre le polar de serail-killer et le roma fantastique. Les personnages ont un côté loser qui les rend à la fois attachant et profondément humain, ce qui creuse d’autant plus l’écart entre eux et les vampires. Par ailleurs, le récit est assez bien rythmé, les révélations et les évènements qui se succèdent, s’ils ne sont pas tous inattendus, n’en sont pas moins accrocheurs et bien relatés, plongeant le lecteur dans un maelström de violence et de sang.

    Les vampires ont en effet de nombreux côtés originaux dans cet univers. Si leur existence est connue des humains, ils sont censé avoir disparu une vingtaine d’année auparavant. Ils ne supportent pas la lumière du jour (la manière dont leur corps réagit au changement nuit/jour est à ce propos assez original), mais ne craignent ni les crucifix, ni l’eau bénite. En effet seule la destruction de leur cœur semble être un moyen efficace d’en venir à bout. Leur aspect physique est très proche des créatures de 30 jours de nuits, leur bouche étant bardée d’une rangé de dents-rasoirs effrayante. Ils transmettent leur don à travers le suicide de victimes qu’ils ont au préalable hypnotisé, le suicide achevant la transformation.

    Une vrai bonne surprise, très éloigné de la bitlit’ qui donne une vision bestiale et profondément sombre du mythe du vampire. Prenant au possible, ce premier roman est une vrai réussite de genre.

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