Suteau, Nathalie. Les Fauche-Mort

Julie s’ennuie dans son bureau. Plus que cela, encore : elle est lasse de tout, sans que rien ne puisse l’arracher à cet ennui existentiel avec lequel sa vie se confond. Jusqu’à ce voyage à Londres, sa rencontre avec Milo et la découverte de cette petite clé USB oubliée, qui renferme, telle une interface magique, le renversement complet de son quotidien. C’est ainsi que la petite employée payée à ne (presque) rien faire, bascule dans un monde diamétralement opposé, auprès de l’inquiétante vedette anglaise Stuart Selby. Son nouveau travail consiste alors à couvrir le vampirisme secret d’une star adulée du public…

Agréable surprise que ce roman vampirique, qui au premier abord ne paie pas de mine. Sorti via une solution d’édition indépendante, ce premier roman de Nathalie Suteau est un bon exemple de littérature populaire non dénué d’intérêt. Si les personnages manquent parfois de relief, voire flirtent parfois avec l’archétype, l’histoire n’en est pas moins intéressante et pour le moins bien pensée. En mettant en porte-à-faux les journaux intimes électroniques de deux des principaux personnages, l’auteur fait preuve d’un certain style. Piratage informatique, surveillance vidéo et autres références aux communautés virtuelles parsèment ainsi le récit, montrant la capacité de l’auteur à crédibiliser son récit par une liaison réussie entre un mythe plus qu’ancien (le vampire) et les technologies actuelles.

Le personnage du vampire tel que mis en scène par l’auteur flirte avec les caractéristiques classiques mais ne les suit pas à la lettre. Ainsi, si le vampire principal du roman doit s’abreuver de sang, il n’y trouve une réelle sustentation que si sa victime éprouve une affection sincère pour lui. Par ailleurs, si sa résistance et ses aptitudes physiques sont impressionnantes, il n’éprouve aucun mal à se mouvoir en pleine journée, et ne craint pas l’arsenal habituel.

Premier roman de l’auteur, les Fauche-Mort est une lecture des plus agréable, possédant un certain sens du rythme qui est pleinement ancré dans l’ère des forums et du virtuel. Si l’ensemble n’est cependant pas parfait (les personnages étant pour la plupart beaucoup trop froids et distant, et la fin me semblant comporter quelques longueurs et éléments de scénarios convenus), ce premier roman de Nathalie Suteau démontre néanmoins que le roman populaire (au sens noble du terme) a de beaux jours devant lui. Prometteur.

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