Stoker, Dacre – Holt, Ian. Dracula l’immortel

En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l’un d’eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d’amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n’a pas apaisé leurs tourments.

Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d’une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l’ombre de Dracula semble à nouveau planer… Les héros d’autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d’une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons. De quoi brouiller les pistes et troubler les esprits, dans une intrigue menée avec maestria qui ressuscite le fantasme et la malédiction de l’immortalité.

Annoncée depuis de nombreux mois, voici enfin venir cette suite « officielle » du Dracula de Bram Stoker. J’avoue avoir été autant intrigué que dubitatif face à cette suite. En effet, proposer la suite d’un des textes fondateurs du mythe en plein boom médiatique sur les vampires (Twilight, True Blood, Underworld, etc. sont passés par là) a un fort relent d’opportunisme.

Ma lecture a plutôt mal commencé : le roman débute en effet par une missive (clin d’oeil au style épistolaire du texte d’origine ?) adressée par Mina Harker à son fils Quincey, lui relatant dans l’intégralité ce qui s’est passé en 1888. Là où l’exercice est ardu, c’est que les auteurs résument donc en une quinzaine de pages l’ensemble du roman de Bram Stoker. Le résultat est pour le moins indigeste et pas franchement accrocheur pour aller voir ce qui se trame après. Mais la curiosité aidant (et mon intérêt à vous faire partager cette lecture), j’ai décidé de poursuivre malgré ce début peut engageant.

L’histoire nous projette donc de nombreuses années plus tard. Le fils de Jonathan et Mina Harker est étudiant et Paris et va faire la connaissance d’un célèbre acteur roumain, Basarab, qui va lui donner une raison d’abandonner ses études pour se lancer dans le théâtre. Il va peu à peu découvrir quel secret lui ont caché ses parents depuis des années, et va être entraîné à son tour dans la lutte contre Dracula et son engeance. Premier détail qui frappe l’amateur du roman original : les auteurs ont décidé de ne pas reprendre le style épistolaire, et optent ici pour une narration à la troisième personne. Ensuite, ils n’hésitent pas à prendre des libertés avec le récit original, libertés qui s’accompagnent de reprise d’éléments originellement écarté par Stoker.

Je dois dire que si j’ai été plus que décontenancé durant un temps, on finit cependant par rentrer dans le récit, qui contient de nombreux éléments intéressants, et voit l’arrivée de nouveaux personnages centraux (Bathory, Quincey) comme la mort de certains des originaux. De même, les auteurs mêle leur histoire avec le contexte historique, n’hésitant pas à relier les pas de Jack l’éventreur à ceux des vampires. Tout n’est certes pas parfait, certains des anciens personnages faisant bien pâle figure face à ce qu’ils étaient dans le texte de Bram Stoker, et le style utilisé manque sérieusement de personnalité, mais la roman se lit malgré tout assez bien, sans problèmes réels. On peut par ailleurs saluer le travail de recherche qu’on mené les deux auteurs pour arriver à leur fin.

Ian Holt et Dacre Stoker collent ici au plus près avec les caractéristiques vampiriques établies par Stoker dans son roman. Dracula et ses pairs sont des créatures de la nuit qui doivent boire du sang pour survivre et dorment habituellement la journée dans un cercueil. L’argent et les symboles religieux ne leur font pas forcément de mal, pour peu qu’ils n’aient pas été croyant durant leur vie mortelle. Ils peuvent être tué si on les décapite ou si on leur enfonce un pieu en plein cœur. Par ailleurs, on voit ici apparaître la comtesse Bathory, autre figure historique qui a fortement influencé l’émergence de la littérature vampirique. Par contre, certaines caractéristiques très importantes du roman original (notamment le besoin de disposer de terre natale) ont complètement disparu.

Un roman imposant (500 pages) qui bénéficie à mon sens d’une campagne marketing qui en gonfle un peu les qualités, la présence d’un Stoker au générique apportant une crédibilité somme toute relative à l’ensemble. L’ensemble est loin d’être mauvais (mis à part une intro rébarbative en diable) et se laisse lire sans anicroches. De même, en tant que passionné du roman de Bram Stoker, j’ai éprouvé un certain plaisir à lire cette suite de la main d’un de ses descendants, qui avoue s’être lancé dans l’aventure notamment pour « venger » sa famille, dépouillée, depuis un procès contre Universal, des droits du roman. Reste que des suites non officielles comme l’Invitée de Dracula, Anno Dracula ou Le retour de Dracula sont à mon sens tout autant (sinon plus) réussies.

14 réponses à Stoker, Dacre – Holt, Ian. Dracula l’immortel

  1. marc dit :

    Bonjour,
    le site officiel français du livre est disponible à l’adresse suivante : http://www.dracula-limmortel.com, la bande-annonce originale y est sous-titrée en français

  2. Bon ben ça m’a l’air pas si mal après tout. Je termine Dracula et je me plonge ensuite dans celui-ci. J’aurais malgré tout aimé qu’ils conservent le style de Bram.

  3. Tamara dit :

    J’avoue que la lettre introductive m’a bien aidée car je n’avais pas lu le roman de Bram Stoker avant de lire cette suite (ni vu de films…) !!! Ca m’a donc permis "d’entrer dans le bain"… de sang, of course ! 😉

  4. Senhal dit :

    "Je termine Dracula et je me plonge ensuite dans celui-ci."

    "J’avoue que la lettre introductive m’a bien aidée car je n’avais pas lu le roman de Bram Stoker"

    C’est l’effet positif des suites de grands classiques, toujours un peu marketing et moins bien écrite : ça fait lire l’original.

    Cela m’a fait bien plaisir aujourd’hui qu’une cliente à la librairie demande à lire "le tome 1" (ce sont ses mots ;-))

  5. Sekhiris dit :

    Un grand merci pour cette chronique passionnante qui me donne ainsi l’envie d’aborder ce roman que je lorgne depuis qu’il est en place sur les gondoles des libraires. 😉
    Oui, j’ai pris un grand plaisir à dévorer cette chronique avisée.
    N’ayant personnellement pas encore eu l’occasion de lire le texte originel de Sieur Bram Stoker (oui, je suis parfois très chaotico-publivore ds mon genre!lol!) je suppose que je peux donc me plonger au coeur des pages de ce "Dracula, l’immortel" qui en résume la trame, en substance avant d’entrer en action… Ce qui n’exclue en rien ma prochaine lecture du célèbre "Dracula" "tome 1", bien évidemment! 🙂
    Ravie au passage de prendre le temps de venir enfin un peu sur Vampirisme.com que j’adore!^^
    BloodKissssouxx Vlad & Senhal & amitiés mordantes à ts! 😉
    A bientôt…

  6. Clarymonde dit :

    Moi, je suis pour ma part en pleine lecture… J’ai lu il y a quelques années déjà le roman original et j’avoue qu’après quelques pages, j’ai déposé ce "second tome" de frustration. Les auteurs semblaient avoir mal lu le roman de Stoker… Car quelques détails leur avaient échappés, semble t’il…

    Mais j’ai repris le livre et j’ai été happée par la lecture. J’entends bien le terminer, malgré les libertés prises par les auteurs. Parlant de suites réussies, je pense aux romans de Fred Saberhagen, dans la veine (haha!) des suites de Dracula…

  7. Aurore dit :

    Pour ma part je commence à lire ce bouquin et je vois déjà que les auteurs ne respectent pas l’œuvre original, je préfère en rire, mais c’est déjà certain que je considérerais pas cette soit disant suite officielle comme l’officielle , il y a mieux ( le retour de Dracula par exemple ). Bram Stoker doit surement se retourner dans sa tombe. Conseil , lisez l’original avant de lire ce livre parce que si vous le faite pas , oui vous apprécierez peut-être mais vous ne pourrez pas savoir les différences avec le roman de Bram stoker et donc votre votre vision sera erronée. Même si il y a un résumé de l’œuvre faut pas oublier que les auteurs veulent absolument que cette suite soit considérée comme officielle , c’est à leur avantage.

  8. vincent dit :

    ça y est je l’ai lu ! une semaine et des poussieres que je l’ai devoré ; resultat : bon roman fantastique peut etre pas a la hauteur du dracula de bram stoker mais bon que s’attendre a quelque chose de fantastique, après tout si on lit tout le livre meme la poste-face et ce qui suit des explication des auteur ,tout se tient ;bon c’est tiré par les cheveux je vous l’accorde mais il fallait faire coincider l’histoire avec le roman de 1897 alors soyons tolérants . de plus dacre stoker cherchait a se reapproprier le personnage de Dracula ,il l’a écrit noir sur blanc et reparer une injustice( pécuniere) morale envers les heritier.
    je pense aussi qu’il doit déja plancher sur la suite que ça ne m’etonnerait pas ,et finaliser l’hypothétique suite que bram aurait prévu : dracula en amerique "new york new york" "viva las vegas" et tutti quanti … bon c’est pas tout mais va quand meme falloir que je me mette a la version 1897 moi et le mieux serait la version "un-cut " si elle existe mais ça m’etonnerait

  9. Theudrick dit :

    J’ai débuté la lecture du "Dracula" de Dacre Stoker il y a plusieurs semaines et je peine à la terminer. Si je ne préparais pas actuellement un mémoire dans lequel le roman gothique occupe tout un chapitre, je crois que j’aurais abandonné cet exercice fastidieux. Le début est catastrophique, d’une platitude désespérante. La suite se hisse péniblement à la hauteur d’un roman fantastique de moyenne facture. J’espère que la fin sauvera l’ensemble, si c’est possible. Personnellement, je ne sens pas Dacre Stoker habité par l’esprit de son aïeul, j’ai presque l’impression qu’il ne croit pas à ce qu’il écrit. L’abandon du style épistolaire de Bram m’a également déçu. Je trouve qu’il donnait au roman "original" cette dimension "documentaire" qui donne l’ancrage à la réalité que tout bon roman fantastique doit posséder. Je peux concevoir que le matériel laissé par Bram Stoker à son descendant était probablement peu exploitable car si Dracula était un chef-d’oeuvre, les autres textes de Stoker sont plus faibles et peut-être aurait-il lui-même peiné à produire une suite ayant la même puissance d’évocation.

    Bref, voilà un roman qui ne me laissera pas un souvenir "immortel".

  10. Joelle dit :

    En tout cas, j’espère surtout que cela poussera les gens qui ne l’ont pas encore fait de lire le Dracula de Bram Stoker ! Et je viens de vérifier pour les autres titres que tu cites … je sens que cela va être du sport pour les trouver mais je vais garder un oeil ouvert en bouquinerie 🙂

  11. Gabriel dit :

    Une suite décevante en tout point qui se charge beaucoup trop du background culturel que Dracula s’est forgé au cour du XXème siècle, sans pour autant retenir les éléments les plus intéressants…
    Cette critique est plus pondérée que la mienne, mais j’avoue avoir bien du mal à trouver du bon dans cette lecture poussive et mal fagotée.
    Ceux qui ont lu le très bon Retour de Dracula, de Freda Warrington ou le succulent Anno Dracula de Kim Newman peuvent en rester là.

  12. Ms. Goliath dit :

    Je suis tout à fait d’accord avec toi, l’incipit du roman est très mauvais. Cette lettre est lourde, rédigée dans un style pompeux et totalement différent du reste du roman. Si j’avais commencé à lire les premières pages en librairie avant de l’acheter, je suis certaine qu’il serait d’ailleurs resté sur l’étagère… Mais comme il m’a été offert, j’ai dépassé mon premier ressenti pour continuer un peu cette aventure.

  13. Liligoth dit :

    Au début je ne voulais ABSOLUMENT pas lire cette suite : Mais finalement je me suis décidé, d’abord parce que mon métier (bibliothécaire) m’y poussait, ensuite parce qu’étant fan du chef d’oeuvre original, il aurait dommage de ne pas me "faire les dents" sur cette soi disant suite. Je me suis donc lancée…
    Nous serons tous d’accord pour dire qu’il est assez dangereux de s’attaquer toutes griffes dehors à une suite de ce "monstre" de la littérature fantastique……et on aurait raison. Le premier mot qui m’est venue après avoir fermé cette ouvrage : déception et le second : commercial. Mais il fallait s’y attendre : L’ histoire ne fait que reprendre les noms des personnages de Stoker et puis c’est tout!! Aucune complexité, aucune psychologie, les acteurs de cette histoire sont tellement lisses que c’en est affligeant (oui oui AFFLIGEANT!!). Il a ensuite suffit de coller en gros sur la jaquette du livre "par Ian STOKER" et hop! argument de vente (un peu maigre mais ça a marché!).
    Cependant, n’exagérons rien le livre n’est pas non plus un navet total. Lorsque j’ai commencé ma lecture j’avais en tête, comme tout le monde, la première version de feu Bram. Et évidemment après avoir lu 20 pages, je l’ai refermé! (au passage tout à fait d’accord, l’incipit est complètement ratée!) Quelques jours ont passé : "et puis zut!!!il faut bien se faire une idée non??!!" j’ai donc repris ma lecture. Et bizarrement en se forçant on se laisse emporter par l’intrigue grâce à ses nombreux rebondissements. Petite remarque l’apparition de Bram stoker lui même comme personnage et Quincey sur le Titanic m’ont bien fait rire!! Vraiment loufoques!!!
    Au final, il ne faut pas chercher à retrouver le talent ni l’ambiance du 1er roman, car nous en sommes loin!! Je le vois plutôt comme un énième ouvrage vampirique qui suit simplement la vogue que connait le sujet en ce moment.

  14. Juken dit :

    Je n’ai lu que quelques pages, faute de temps surtout et d’accroche difficile.
    ça me paraissait intéressant mais le contexte marketing m’a rebuté.
    Et les changements par rapport au roman original sont plus importants que dit un peu partout. Changement majeur pour coller à l’image traditionnelle que les gens ont des vampires: dans le roman de Stoker Dracula peu se balader en plein jour…ses pouvoirs sont amoindris mais il ne va pas dormir pour autant. Il est vu à plusieurs reprises par les héros, et il s’enfuie même lors de l’attaque de sa "maison" (où ils trouve quelques caisses de terre). Tout ça en plein jour…un élément important pour ma part.
    Ceci dit je vais peut être approcher plus sérieusement cette "suite" avec un oeil "ce n’est pas vraiment dracula"…

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