Steiner, Kurt. Syncope blanche

Paul Clarmont est un commercial que la faible longueur de sa ligne de vie perturbe. Lors d’une rencontre avec une veille voyante, il apprend qu’il ne lui reste qu’une journée avant de mourir. mais qu’il ne mourra pas vraiment. Désœuvré, il finit, sous l’emprise de l’alcool, par prendre la résolution d’allonger cette maudite ligne de vie à l’aide d’une lame de rasoir. Mal lui en prend, car il se tranche une artère, et finit à l’hôpital. Mais la névrose ne s’arrête pas là, et Paul a rapidement l’impression de… changer.

Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais eu l’occasion de me pencher sur l’œuvre de André Ruellan/Kurt Steiner. Si je connaissais de nom l’auteur, et avais conscience de sa production assez touffue dès 1956, je n’avais jamais pensé qu’il s’était penché sur le berceau des vampires. Pour autant, Syncope blanche figurait dans l’une des bibliographie qui ne m’a jamais fait défaut à ce jour, aussi ai-je fini par me laisser tenter et mettre la main sur ce roman.

Au final, la lecture valait nettement le détour. Car si je ne suis pas totalement convaincu par la plume de l’auteur, parfois un peu frustre, je le suis totalement par le parti pris choisi par l’auteur, et par le choix de mettre en scène un anti-héros, pas franchement attachant. L’histoire est donc clairement divisée en deux : l’exploration de la névrose du héros d’un côté, et la matérialisation de cette dernière de l’autre. Et même si c’est davantage la deuxième partie qui relie le livre avec le thème du vampire, c’est plutôt la première partie à laquelle j’ai adhéré. L’auteur parvenant au final avec peu de fioritures à mettre en scène la folie de plus en plus prégnante de son personnage principal.

Reste que la fin, particulièrement abrupte, stoppe net l’histoire, ne répondant à aucune question et ne clôturant au final qu’une partie de l’intrigue. Pour le moins frustrant, d’autant qu’elle rajoute une couche de mystère.

Difficile de dire si on est face à une œuvre résolument fantastique ou face à une aliénation qui dépasse le seul cadre mental et agit au niveau somatique, déformant les traits du personnage principal, le dotant de certaines capacités (cicatrisation, adresse, non réfraction) et d’un besoin de se nourrir de sang humain, tout en devenant un être noctambule. Si par moment, on peut avoir l’impression d’un basculement d’un côté ou de l’autre, le chapitre suivant vient méthodiquement renverser la balance.

Un roman surprenant de par son idée de départ et le choix de se centrer sur un personnage central tout sauf attachant, que la névrose finit par submerger tout à fait. En tout cas, l’auteur propose ici un roman qui tient en grande partie ses promesses, même si le final laisse un goût d’inachevé.

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