Moore, Christopher. Les Dents de l'amour

A l’heure où des statistiques douteuses avancent que les Amerlocains recommencent à lire des livres, on entend depuis peu parler, en France, et ce en grande partie grâce à une maison d’édition spécialiste de l’imaginaire et des couvertures moches à l’américaine, d’un sous-genre sinon nouveau, de plus en plus délimité et aussi importé que les couvertures, la Bit Lit. Comprendre, littéralement, la littérature qui mord, mais qui mordrait avec un appareil dentaire. Si vous avez 12 ans et fondez devant le charisme de poireau de Robert Pattinson, ce genre est pour vous.

Oh, il y a eu du bon, dans la Bit Lit, même avant qu’elle ne s’appelle ainsi. Buffy c’était plutôt malin. Remarquez, c’était une série télévisuelle, pas une saga romanesque. Bref, il y en a sûrement eu des biens. Mais quand je vois le nombre de séries amerlosaxonnes encore potentiellement traduisibles par les éditeurs de couvertures moches et en regardant le calendrier déjà dégoulinant des traductions à venir pour les deux prochaines décades, je ressens quelque chose comme de l’impuissance. Et je dis un merci humide baveux et gélatineux de larmes et autres mucosités à Christopher Moore, l’Amerlocain qui aura sauvé la littérature étrangère vampirique en 2008.

Merci d’avoir écrit l’histoire de la jeune et jolie secrétaire Jody qui, un soir en sortant du turbin, se fait mordre par un vampire multimillénaire qui lui laisse des milliers de dollars pour tout viatique dans la découverte de sa nouvelle (non)-vie et démerde-toi. Découvrant que l’état vampirique pose quelques problèmes d’ordre pratique dans notre moderne civilisation, elle décide bientôt de se faire assister par le premier venu, un certain Tommy à peine sorti de l’âge boutonneux et fantasmant une vie d’écrivain américain alcoolique ou beat de l’ancienne génération.

C’est grâce à ce guide improbable qui se plongera dans la littérature à crocs classique, que Jody apprendra qu’elle peut difficilement mourir, qu’elle peut faire la lecture tête en bas, être congelée et décongelée… Autre personnage fort du récit : l’empereur de San Fransisco, prosaïquement pour certains, un clochard un peu timbré et pour d’autres un guide de vie, servira ici de pourfendeur de vampires… sagesse des fous plutôt que sagesse érudite, mais qui a raison dans le monde déraisonnable peint par ce truculent Christopher Moore ?

Un livre léger qui se lit d’une traite et rafraîchit le mythe vampirique sans trop se prendre la tête. Bien écrit, joyeux, loufoque et moderne, je ne manquerai pas la suite !

A noter que si l’on ne découvre pas ici des caractéristiques non-traditionnelles aux vampires, néanmoins les vampires sont soumis à toutes sortes d’expériences juvéniles et drôlatiques sur le mode « et si on fait ça à un vampire, ça fait quooaa ? »

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