Lyon, James. Kiss of the Butterfly

Kiss of the Butterfly est davantage qu’une bonne surprise. C’est un retour aux sources du mythe du vampire, structuré autour d’une fiction pour le moins accrocheuse. James Lyon nous invite ici à suivre les pas d’un étudiant américain propulsé dans une ex-Yougoslavie alors en plein conflit, dans le but de mener des recherches sur le folklore local. Un folklore qui inclus bien évidemment le vampire, une créature fortement implantée dans les légendes locales. Mais ses recherches ne semblent pas du goût de tous, et Steven apprendra à ses dépends qu’on ne remue pas le passé sans dangers. Et que celui-ci pourrait bien expliquer la situation politique actuelle.

A n’en pas douter, le gros point fort de ce roman est lié aux recherches menées par son auteur, recherches qui lui permettent de densifier son propos et de se démarquer de la vision actuelle du vampire. Rare sont les romans au fil desquels j’aurai pris autant de notes et souligné autant de noms (auteurs, cas mentionnés, etc.), car James Lyon va ici bien plus loin que les cas les plus connus (Plogojovitz pour nommer le plus connu au niveau local), et embrase tout les cas de vampirisme documentés pour l’ex-Yougoslavie, se basant sur de nombreux ouvrages d’époques et des recensions dans les langues locales, des matériaux aujourd’hui devenus difficile à trouver (et d’abord difficile si on ne parle pas les dites langues). L’auteur joue également avec l’Histoire, en tissant des liens entre le folklore local et les grandes périodes de son passé (ancien et récent).

Cette matière première particulièrement bien intégrée (chaque élément cité trouve sa place dans le puzzle que constitue le roman et ses ramifications avec l’histoire et le folklore serbe) permet de donner du corps à une fiction qui manque cependant d’une plume vraiment littéraire, et de personnages un tant soit peu fouillés (les aspects romanesque apparaissant parfois un peu raides). Porté par le jeu constant entre fait historique, thématique vampirique et fiction, le lecteur accroche malgré tout rapidement à l’ensemble, et risque de se retrouver frustré en terminant ce roman, qui appelle d’emblée une suite.

On est ici face aux caractéristiques du vampire telles qu’évoquées par les légendes et le folklore serbe. Si Dracula a sa place dans le roman, on est cependant très loin du vampire de cinéma. Certes, il s’agit de créatures nocturnes qui ont besoin de sang pour survivre, et ne peuvent être détruites que si on leur enfonce un pieu sculpté d’aubépine dans le coeur. Ils craignent également l’ail et les signes religieux. Mis à part cela, ils sont fortement liés à leurs linceuls, qui leur permet de conserver leurs pouvoirs. Ils ne peuvent traverser l’eau courante mais peuvent se transformer en papillons. On note par ailleurs deux types de vampire : ceux qui ont été transformé par la morsure d’autres vampires, et ceux qui son devenus vampires après leur mort, s’ils ont mené une existence dissolue.

Ils disposent également de capacités d’hypnose. Se regrouper en quorum de douze vampires leur permet de décupler leurs pouvoirs. Ils doivent cependant retourner une fois l’an à leur lieu de sépulture d’origine. On note également l’existence de vampirovitch (qu’on connaît aussi sous le nom de dhampire), des créatures mi-homme mi-vampires nés de l’accouplement entre une humaine et un vampire. Ils sont également immortels, et font de très bons chasseurs de vampires, mais n’ont pas les faiblesses des buveurs de sang habituels.

Un roman surprenant, qui parvient à faire oublier les quelques faiblesse de la plume sur son aspect fiction par une utilisation et une maîtrise impressionnante du folklore vampirique serbe, et des cas qui sont parvenus jusqu’à nous. Du coup, le lecteur oublie très rapidement les quelques défauts (notamment les personnage, pas forcément très attachants) et se retrouve happé par le récit. L’ensemble au final est d’une grande efficacité. Un démarrage qui prend le temps de poser son ambiance, et voit sa trame s’emballer au fur et à mesure du récit (d’où l’efficacité de l’ensemble). Je n’ai qu’une hâte, c’est de connaître la suite.

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