Labbé, Denis. Marelle d'Ombres

Fantastiques, cruels, visionnaires ou tout simplement sulfureux, les contes de Denis Labbé tissent un motif d’ombres contrastées entre la terre et l’enfer. Anges et démons se croisent dans le Paris décadent des dandys, la Venise des spadassins, Whitechapel ou encore les steppes désolées de la Mongolie, pour transmettre leur héritage mortel aux créatures d’un futur névrosé. Des récits peints avec une délicatesse d’esthète et une malignité insidieuse. Laissez-vous guider par la plume ciselée et envoûtante de Denis Labbé, dans les méandres de sa Marelle d’Ombres où règnent la Mort, le sang et la noirceur.

Bien qu’ayant croisé plusieurs fois le nom de Denis Labbé durant mes lectures, je n’avais jamais eu l’occasion de me pencher de manière approfondie sur le style et les textes de cet auteur. Certes je possède les deux premiers opus de Nécroscope traduit par le monsieur pour Fleuve Noir, mais la plume et l’imagination de l’auteur m’étaient jusque-là inconnue. Ce recueil présente donc 13 nouvelles de l’auteur, dont une partie a déjà été publié mais que l’auteur a retravaillé au préalable.

Premières impressions, une fois la moitié du recueil atteint : l’auteur ne s’enlise pas dans une époque ou un style, mais semble aimer voguer entre les âges, les thèmes et les ambiances, le tout avec une certaine érudition (notamment en ce qui concerne les us et histoires de certains peuples orientaux). Malgré tout, cette érudition rend parfois le texte difficile d’accès, comme c’est le cas pour Rosebud, qui nous entraîne dans la mythique Xanadu. Certains textes comme Corpus ou La cage ont également du mal à me convaincre.

Malgré ces quelques écueils, le recueil comporte de nombreux textes intéressants et bien ficelé, dont plusieurs traitent de manière plus ou moins éloignée de personnages et thèmes proche du vampirisme. Mantille, un texte pas forcément des plus surprenant mais écrite sous forme d’hommage à la littérature fantastique de la fin XIXe, propose donc une variation sur le thème de la prédation féminine. Agent de la camarde s’achève également sur une fin intriguante qui flirte également avec le thème des êtres immortels. Papillons de nuit, qui voit d’étrange et attirantes jeunes femmes coloniser peu à peu la vie d’une cité, faisant disparaître peu à peu tout ceux qui s’intéressent à elle. Et surtout Links 2,3,4, qui nous donne à suivre un ancien soldat nazi auquel l’armée a fait subir une transformation des plus radicales, une histoire qui mêle fantastique et histoire pour un résultat uchronique pour le moins agréable. Ne passons pas enfin à côté de Juste un pincement au cœur, qui met en scène Lilith, figure mythologique incontournable qui a été de nombreuses fois reliée au vampirisme.

Un recueil assez varié, qui propose d’explorer de nombreuses ambiances fantastiques, flirtant tantôt avec le XIXe, tantôt avec l’anticipation (La cage), tantôt avec l’uchronie. Certaines nouvelles plus érudites sont assez difficile à aborder, et ne m’ont pas passionnées outre mesure, mais la principale nouvelle vampirique (Links 2,3,4) est une belle réussite, de même que de nombreux autres textes. Un recueil intéressant pour découvrir cet auteur aussi prolifique (2 romans, près de 50 nouvelles) que finalement peu connu.

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