Garton, Ray. Extase Sanglante

Davey a perdu son boulot, sa petite amie l’a plaquée. Cherchant à se consoler dans les rues chaudes de Manhattan, il se laisse attirer par les néons du « Live Girls », un peep-show d’apparence assez minable, mais d’un rapport qualité prix absolument imbattable : jamais il n’avait vu une fille aussi splendide et aussi attirante qu’Anya. Comment aurait-il pu deviner qu’elle allait sur ses cent ans et que le « Live Girls » était un repaire de vampires ? Mais il y a des jours comme ça où tout va de travers…

Nous suivons Davey Owen pendant 3 jours. 3 petits jours où tout basculera dans sa vie. Il quitte son travail, se sépare de sa copine… C’est le cœur lourd que Davey rentrera pour la première fois dans un peep show. Et qu’il y retournera plusieurs fois pour espérer revoir Anya. Après ces régulières visites à Anya, Davey se sent faible et remarque des traces de morsures sur son entre-jambe. Malgré ça, il est inexorablement attiré par elle et va la revoir jusqu’à comprendre ce qu’il se passe mais trop tard ! Davey ne sera pas le seul à vouloir mettre fin à se repère de vampires. Il pourra compter sur son amie et ancienne collègue ainsi que sur l’aide d’un journaliste voulant venger la mort de sa sœur et de sa nièce. Davey profitera de ses nouvelles capacités pour se venger mais dans ce parcours il fera une rencontre qui lui sera dès plus nocive.

Vampiriquement, nous retrouvons des vampires répondant aux concepts de Bram Stoker : ils ont toujours une apparence humaine mais on les yeux rouges et ont une haleine se rapprochant de l’odeur d’un cadavre en décomposition, se transforment en chauves-souris (voir même en ce qu’il désire) et ont un pouvoir d’hypnose. Mais Ray Garton réussi à s’en éloigner quelque peu en intégrant le vampire dans le monde moderne (sortie en 1987). Il le rend vulnérable à certaines drogues et, par contre, ne l’ai plus des objets pieux. Il reste pourtant très sensible à l’ail… On y rencontre également des êtres difformes, comme bloqués entre deux formes : mi-vampire, mi-chauve-souris.

C’est à partir des années 80 que nous allons connaître des dérives du mythe du vampire. L’érotisme en est une première. Le vampire se fait sexe et cuir. Que ce soit dans Extase sanglante ou Tapineuse Vampire (1991), Ray Garton fait évoluer ce prédateur dans un monde de débauche qui l’humanise. On en rit. On en fait une figure pervertie qui le banalise.

Pendant cette lecture, nous suivons à chaque nouveau paragraphe un autre personnage. Ce qui peut nous déstabiliser au début. Vu le nombre de personnages, il faut se remettre dans le contexte à chaque fois. Mais c’est cela aussi qui va rythmer le texte, qui va nous surprendre en passant d’un personnage à un autre, en y découvrant ses ressentis et ses émotions. Ray Garton manie bien l’horreur, le sexe et l’enquête pour un scénario original. Certaines scènes, malgré tout, sont parfois plus grotesques que terrifiantes et on se prête plus à en rire qu’à en avoir peur ! Des petites déceptions vite oubliées.

Un roman plaisant à lire où on se surprend à avoir de la pitié, à être inquiet pour le personnage principal tout au long de cette aventure. Difficile de ne pas être troublé aussi, puis de ne pas être inquiet en découvrant que le Live Girls n’est autre qu’un repaire de vampires.

Une réponse à Garton, Ray. Extase Sanglante

  1. Vladkergan dit :

    Extase Sanglante est l’un des romans les plus connus de Ray Garton, qui lui valut une citation au Bram Stoker Award lors de sa publication, en 1987. On y suit le personnage de Davey, qui se retrouve coup sur coup célibataire et sans emploi. Sa petite amie le quitte au début de l’histoire, et le poste qu’il convoitait au sein des éditions Penn se voit confier à un rival ambitieux. Il claque donc la porte de l’entreprise après un vif échange avec sa supérieure, qui lui fait des avances à peine déguisées. Désabusé, le Davey finit par entrer dans peep-show plutôt discret, le Live Girls. Comme envoûté par les attouchements d’Anya, la jeune femme qu’il y rencontre, il revient successivement plusieurs fois dans les lieux. Il parvient à attirer l’attention de celle-ci, et par se voir ouvrir les portes du Midnight, un club select où semble se retrouver la haute société new-yorkaise. L’aide de Casey, une collègue amoureuse de lui, et de Walter Benedek, journaliste dont le beau-frère a assassiné femme et enfant avant de disparaître, lui permettra-t-elle de sortir de la spirale descendante dans laquelle il vient de mettre le pied ?

    Le roman se construit autour du personnage de Davey, jeune homme qui peine à s’imposer, et perd pied dès les premiers chapitres. C’est son cheminement, au fur et à mesure de sa transformation et de la découverte de ce que cachent les murs du Live Girls et du Midnight, qui va ainsi constituer le fil directeur du roman. Garton choisit de mettre en situation des personnages issus de la classe moyenne avec les bas-fonds de la ville, à une période où le quartier de Times Square était surtout connu pour ses peep-shows, sa prostitution et ses cinémas pornos. La plume de l’auteur est assez typique de la mouvance splatterpunk de l’époque. Il s’agit vraiment d’une descente aux enfers où la sexualité et la monstruosité sont décrites de manière frontale, sans fard (la première expérience de Davey au Live Girls en est un bon exemple). L’horreur physique est également perceptible à travers la confrontation entre les besoins des vampires et les maladies du sang et autre consommation de drogue, qui font muter ceux qui sont trop pressés à se nourrir.

    En ce qui concerne la figure du vampire, les buveurs de sang craignent ici l’ail et la lumière. Sans compter l’ingestion d’hémoglobine viciée, qui peut rapidement les voir se transformer. Les vampires peuvent également se métamorphoser en chauve-souris de taille humaine. À noter qu’à aucun moment il n’est question des créatures de la nuit.

    Un roman qui délocalise le thème du vampire dans le New York des années 80. Si les premiers chapitres semblent relativement lents, le rythme de l’ensemble finit par happer le lecteur. Et pour un livre publié en 1987, difficile de dire qu’il a mal vieilli. Certes le visage de la ville a changé, mais le style de Garton permet sans hésitation de se retrouver au coeur du Times Square interlope des années 80.

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