Fonteriz, Rafael. L’Essence du vampire

Quand Fernando Giménez retrouve la trace d’Isabel, dont les parents ont été assassinés et dont le père était un de ses meilleurs amis, il y voit l’occasion de se racheter. Car à l’époque, il n’avait pas été en mesure d’empêcher la tragédie, tout concourant à faire d’Isabel la coupable. Dans le même temps, la police enquête sur une vague d’assassinats cruels. Une ancienne journaliste qui s’intéresse particulièrement à l’affaire pourrait être en mesure d’aiguiller les inspecteurs, mais sa thèse est jugée trop farfelue par le commissaire en charge de l’enquête.

L’Essence du vampire propose au lecteur une histoire complexe où l’équilibre qui sépare imaginaire de réalité sordide ne semble jamais céder à l’un ou à l’autre, laissant l’imagination du lecteur faire ses choix. L’ensemble est particulièrement imprégné des codes du thriller, structuré autour d’un double arc narratif qui coïncide peu à peu. La psychologie des personnages est particulièrement travaillée, à l’image du psychanalyste hanté par son attirance passée pour Isabel, qui hante encore ses nuits.

Le dessin réaliste de Rafael Fonteriz joue favorablement sur l’ambiance de l’album, même si on peut regretter des personnages aux expressions peu variées. L’alternance entre les crayonnées (pour ce qui a trait au monde du rêve) et les encrages est particulièrement bien vu, d’autant que l’auteur n’hésite pas à mélanger les deux sur une même case. Ce dernier semble par ailleurs prendre un plaisir certain à mettre en scène de sculpturales héroïnes, à commencer par Isabel.

L’un des gros intérêts de l’album est de ne pas ouvertement prendre position entre la créature de fiction et ceux qu’elle inspire. On y croise donc des gothiques en mal de sensations fortes (derrière lesquels on sent pointer le mouvement vampyre) et une jeune femme ni morte ni vivante qui semble prostrée dans un état végétatif. De quoi permettre à l’auteur de revenir sur les aspects sensuels (pour ne pas dire sexuels) du mythe, voire sur l’idée que le vampire est avant tout un mythe de transgression. La relation ambigüe entre Isabel et Fernando n’y étant pas pour rien.

Un album dense et assez intriguant, même si quelques longueurs auraient pu être évitées. Du coup, même si les idées sont là, et le jeu entre réalité et fiction prometteur, on retombe d’un côté comme de l’autre sur des éléments déjà vus. Reste un parti pris graphique maîtrisé qui donne une cohérence certaine à l’ensemble.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *