Codrescu, Andrei. La comtesse sanglante

Erzsébet Bàthory (1560-1614). Comtesse hongroise. Jugée pour avoir torturé et assassiné plus de 650 jeunes vierges afin de se baigner dans leur sang et conserver ainsi une éternelle jeunesse. Emmurée dans un de ses châteaux et nourrie par l’intermédiaire d’une trappe à la fin de sa vie. Enfant douée d’une intelligence et d’un don d’imitation sans limites, tenue à distance par une mère glaciale, et témoin, à l’âge de neuf ans, du viol et du meurtre de ses sœurs. Drake Bàthory-Keresztur, descendant de la comtesse. Américain d’origine hongroise, de retour à Budapest après l’effondrement du communisme alors que les factions royalistes et fascistes tentent de retrouver le pouvoir. A la recherche d’archives sur son ancêtre Elizabeth. Mêlé au meurtre d’une jeune fille. Deux histoires singulières. Le récit effroyable d’une femme gouvernée par des pulsions destructrices. Et celui d’un homme piégé, qui va découvrir qu’il est l’instrument de son aïeule. Deux histoires sans lien, mais qui se donneront rendez-vous dans la plus haute tour d’un château pris dans la tempête…

A l’image du récent « L’historienne et Drakula » d’Elisabeth Kotsova, le roman d’Andrei Codrescu met en parallèle deux histoires : celle de la comtesse, depuis son enfance jusqu’à sa mort, emmurée à Csejthe, et celle d’un de ses descendants imaginaires. Après un séjour en Hongrie, son pays natal, Drake Bàthory-Keresztur s’accuse ainsi de meurtre, meurtre où plane l’ombre de sa sinistre ancêtre. Si les parties historiques, bien que librement adaptées, sont intéressantes et bien menées, il n’en va pas de même pour la partie contemporaine, qui brille par ses lourdeurs, son côté fantastique mal maîtrisé et ses personnages peu aboutis. La partie historique, qui commence lors du meurtre des sœurs d’Erzsébet va ainsi revenir sur ce qui a conduit une jeune noble à autant d’exaction sur des jeunes filles. Obnubilé par sa beauté, captivée dès son plus jeune âge par la magie et le mysticisme, la comtesse apparaît ici comme une sadique qui prends son plaisir en regardant souffrir autrui (voire en étant elle-même l’instrument de cette souffrance).

Le vampirisme ici est latent, car rien ne lie directement la comtesse aux vampires dans cet opus. Obsédé par le sang, et son pouvoir de rajeunissement, n’hésitant à pratique une certaine forme de cannibalisme sur ses victimes, Bathory n’en est pas moins l’un des personnages historiques à avoir le plus inspiré le mythe. On retrouve également certains des thèmes fortement liés au vampirisme : la sexualité et l’immortalité.

Un ouvrage où l’auteur tente de faire se rencontrer l’Histoire et l’histoire, même si cette rencontre n’est pas des plus réussie. Une partie plus historique, bien que romancée, pour le moins sombre et captivante côtoie une intrigue mi-policière mi-fantastique des plus bancales, où les personnages brillent par leur manque de charisme.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *